Pour célébrer les 35 ans de la licence Final Fantasy, Square Enix avait divers choix possibles mais l’éditeur a souhaité sortir un certain Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin qui a été commandé à la Team Ninja. Si le jeu prend bien la forme d’un action-RPG, il faut bien avouer qu’il se détache assez de ce que nous connaissons avec les derniers Final Fantasy sortis en optant pour un gameplay qui reprend les bases de Nioh, création du studio de développement en question. Pour le meilleur ou le pire ? Nous ne répondrons pas catégoriquement à cette question en ce jour de sortie officielle du jeu, puisqu’il nous manque encore quelques heures pour le terminer, mais nous tenions à partager avec vous notre premier avis puisque nous avons reçu un code de la part de l’éditeur il y a quatre jours…
Moi détruire Chaos… Chaos exister, moi le détruire !
Avant tout, précisons que pour le fan de Final Fantasy qu’est votre serviteur, à une lettre près, Final Fantasy Origins fait surtout référence à la compilation de Final Fantasy premier du nom et de Final Fantasy II sortie en 2022 sur PlayStation première du nom. Donc forcément, le titre de ce nouvel opus qui est en prime un spin-off était un peu perturbant. Néanmoins, la reprise de la scène du pont Nord de FF, recréée pour l’occasion, permet de montrer le lien que ce spin-off entretient avec le premier opus canon, lien qui est développé par quelques sonorités et boucles musicales ou encore par des environnements que l’on parcourt issus d’autres opus (nous attendons d’en faire complètement le tour pour détailler ce point). En somme, nous sommes quelque part entre la nouveauté (l’approche du gameplay calquée sur Nioh pour donner un effet Souls-like), l’hommage (la reprise des éléments de certains opus canons) et le remake (avec l’histoire qui reprend les grandes lignes du premier FF et ses personnages comme Chaos, Garland, Bikke…). Même si le scénario n’était pas le plus gros point fort du premier FF, avec l’expérience acquise, nous aurions pu attendre à un certain travail à ce niveau, surtout pour un jeu qui vient célébrer les 35 ans de la licence…
Que nenni, on se retrouve avec des personnages modernes assez ridicules, Jack, Ash et Jed, propulsés dans un mode d’Heroic Fantasy qui forment une équipe en quelques secondes autour d’une raison bidon à base de cristaux noirs qui vibrent. Pire, le groupe est mené par cet abruti de Jack qui passe son temps entre coller ses écouteurs pour écouter de la musique et prononcer à qui veut l’entendre qu’il veut éliminer Chaos. Les dialogues sont tellement ridicules que ça en devient effarant. Ajoutez à cela une mise en scène majoritairement ratée (une cut-scene, l’avancée dans le niveau, la cut-scene, le boss et on recommence) et vous obtenez des enjeux qui passent clairement au-dessus de notre équipe mais aussi et surtout au-dessus du joueur. Et ce n’est pas la linéarité des niveaux, avec leurs gros couloirs à peine camouflés et les salles à nettoyer, qui aidera le joueur à s’immerger dans l’univers, créant plutôt un mécanisme à base de : on avance, on nettoie, on avance, on bat le boss, on enchaîne sur la prochaine mission. Sur les premières heures du moins, nous avons beaucoup de mal à éprouver quoique ce soit pour l’équipe qui se forme, même lorsqu’on rajoute un autre membre. Même les cinématiques peuvent être éprouvantes tant techniquement elles sont datées. Si on enlève le soin apporté au grain de la peau des personnages, on se retrouve surtout avec quelques ralentissements, des scintillements, des textures pas très belles, bref, rien qui ne facilite l’immersion. D’ailleurs, le titre en règle générale n’est pas très beau. C’est même étonnant de devoir choisir entre un mode affichage et un mode performance.
Nous avons pour l’heure opté pour ce dernier pour atteindre les 60 images par seconde et bénéficier au maximum de la fluidité lors des combats, et ce au détriment parfois de la résolution. Fort heureusement, tout n’est pas à jeter pour autant puisque la Team Ninja a au moins assuré en partie le gameplay. Oubliez ce que vous avez joué avec FFXIII ou XV pour ne citer qu’eux, ici on est clairement sur un système qui reprend les bases de la licence Nioh, dans une version plus accessible. Oubliez la jauge d’endurance ou le système lié à la posture, dans SOP FFO vous allez en partie matraquer la gâchette RB pour infliger des dégâts, tout en optant pour RT également pour faire des combos. Cela permettra notamment de réduire la jauge de rupture d’un ennemi afin de lui caler un Finish avec B qui est plutôt classe, Jack l’atomisant après l’avoir cristallisé. Attention toutefois, Jack est lui aussi susceptible de tomber sous les coups des ennemis, ces derniers faisant vite mal. Ainsi, le bourrinage intensif ne sera pas foncièrement récompensé, du moins dans le mode frénésie (le mode normal – en sachant qu’il y a une difficulté supérieure et une autre inférieure). Même si les timings sont bien plus permissifs que ceux d’un Souls, il faudra faire attention à esquiver les attaques adverses avec une roulade, à les contrer ou alors à utiliser l’égide spirituelle, une technique limitée dans le temps, qui permet d’absorber une attaque et d’immédiatement la relancer sur les ennemis. Attention toutefois, celle technique consommant la jauge de rupture, elle est à utiliser avec prudence mais sa réussite est on ne peut plus gratifiante.
Dans l’ensemble, cela donne un gameplay nerveux malgré quelques rigidités dans les animations, avec la possibilité bien entendu de verrouiller l’ennemi d’une pression sur le stick droit. C’est bien ça qui sauve le titre, et ce même si la caméra n’est pas toujours optimale, engendrant quelques soucis de lisibilité de l’action. Le gameplay ne s’arrête pas à ce système d’attaques, parades, contre-attaques puisqu’il se repose également sur les jobs qui ont fait la renommée de FF. Et il y en a plusieurs, du mage au chevalier en passant par le paladin ou encore le voleur, dont beaucoup sont à débloquer au fil de la progression. Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut se créer deux sets et switcher à la volée entre les deux d’une simple pression sur Y. Cela évite de repasser dans le menu pour faire toutes les attributions et ça dynamise le gameplay tout en permettant de profiter de deux profils qui peuvent s’avérer complémentaires, sans parler du fait qu’on peut combiner les techniques des jobs. Ainsi, on peut très bien alterner entre un job d’épéiste pour les combats au corps à corps avec sa grosse épée et switcher vers le mage pour assurer des sorts à distance (avec Feu, Eau, Séisme, Vent en versions + et X, le tout se sélectionnant facilement grâce à une roulette). Au fil des ennemis abattus et des quelques détours tolérés pour aller ouvrir des trésors, on récupère pas mal d’éléments. A vrai dire, le loot est assez important, ce qui permet surtout d’avoir des armes et équipements de niveau supérieur et aux effets plus ou moins recherchés selon la situation. Cela va même modifier l’apparence de nos personnages, qui ne peuvent au pire qu’être plus ridicules qu’ils ne le sont déjà, mais ça permet surtout de monter en niveau pour éviter d’être trop en-dessous d’un niveau recommandé pour lancer une mission.
Nous ne vous le cachons pas, il y a tellement de loot que parfois nous avons cédé à la facilité d’utiliser la fonction d’optimisation automatique plutôt que de scruter chaque effet de chaque élément. Dans tous les cas, pour l’heure, tous les jobs que nous avons essayés étaient vraiment bien intégrés, offrant quelques belles perspectives de gameplay. D’ailleurs, il ne faut pas hésiter à solliciter les deux coéquipiers qui nous accompagnent (nous n’avons pas encore essayé le multijoueur en ligne jusqu’à trois, donc nous restons sur l’évocation du mode solo) avec les touches gauche et droite de la croix directionnelle pour utiliser leurs pleines compétences lors des combats. Cela est particulièrement utile contre les boss, qui représentent le pic de difficulté du niveau, surtout quand la caméra et la relative rigidité des animations entachent le combat qui doit être plus réfléchi. Rassurez-vous, en mode normal du moins, avec cinq potions à disposition (qui se rechargent à chaque cube activé), le titre est loin d’être punitif. Même si vous échouez face à un boss, vous avez la possibilité de sauvegarder au niveau des cubes qui, hasard des coïncidences, sont placés juste avant une porte qui donne sur un boss. De fait, même si une inattention peut engendrer une mort, le jeu n’est pas foncièrement frustrant, d’autant que les cubes permettent de revenir dans le menu pour peaufiner son set. Mieux, si on échoue contre un boss, on a même le droit à une sphère à consulter qui donne quelques conseils sur comment appréhender le boss en question. Ces sphères, il y en a d’autres à trouver d’ailleurs pour avoir un peu plus de contenu au niveau de l’histoire, du moins du lore, qui est également enrichi lors de quelques chargements.
En bref, l’avis de Vincent / onizukadante
Il y a beaucoup à dire sur ce Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin et nous allons attendre de le finir, d’essayer le mode de difficulté plus élevé (les néophytes ne sont pas laissés de côté en tout cas puisqu’ils ont le droit à un mode facile, facilité dans son mode Sûreté) et de faire de la coopération pour donner un avis plus tranché et complet. En attendant, ce que nous pouvons dire de nos premières heures de jeu, c’est que le titre est clairement sauvé par son gameplay plus proche d’un Nioh que d’un Souls (par sa permissivité notamment) qui, combiné au système ultra poussé et travaillé de jobs, permet de se faire plaisir lors des combats, et ce même s’ils ne sont pas parfaits. Nous avons même un plaisir coupable lors de l’explosion d’âme, le finish cristallisé que Jack exécute après un B bien placé une fois la jauge de rupture de l’ennemi réduite à zéro. Clairement, pour ceux qui apprécient le genre et qui veulent se replonger dans le lore de FF, et plus généralement dans l’univers de la licence, Stranger of Paradise FFO peut valoir le coup d’œil (peut-être à prix réduit). Néanmoins, pour un jeu sortant pour célébrer les 35 ans de la licence, le résultat fait un peu de la peine. Ce n'est pas beau, la direction artistique est clairement clivante (nous n’adhérons pas à beaucoup d’éléments), la narration a été massacrée à tel point que ça en est ridicule, les dialogues sont loin d’être bons et le service minimal, et encore, a été assuré sur un level design assez pauvre enchaînant couloirs et pièces à nettoyer (et ce ne sont pas les quelques raccourcis à activer qui nous feront changer d’avis). Dans tous les cas, une démo est disponible pour vous permettre de vous faire votre propre avis, donc ne pouvons que vous encourager à la télécharger avant le 19 avril !
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Avis D1 - Stranger of Paradise Final Fantasy Origin