
Crysis
est un FPS sorti en 2007 sur PC qui a marqué son monde. Qualité graphique rarement égalée, même en 2012, gameplay misant sur l’utilisation d’une nanocombinaison apportant une certaine variété, physique à toute épreuve et liberté d’action sont les principaux atouts de ce jeu signé
Crytek Studios. La licence a continué en 2008 avec un stand-alone, nommé Crysis Warhead, qui apportait quelques améliorations non négligeables en plus d’une nouvelle campagne. Début 2011, afin de toucher toujours plus de joueurs, certaines têtes pensantes ont tenu à ce que
Crysis 2
débarque aussi sur console. A vrai dire, il avait été développé en priorité sur les consoles et cela se ressentait (campagne plus dirigiste, régressions sur certains points, FOV limité, etc.). Malgré tout, pour les
consoleux, il s’agissait d’un très sympathique épisode variant des éternels FPS. Moins de deux ans plus tard, après le portage sur le
Xbox Live Arcade du premier volet (au prix de grosses concessions),
Crytek Studios nous sert la fin de la trilogie. Reste donc à voir ce que ce
Crysis 3
vaut…
Solo express
Propulsé dans la peau d’un Prophet qui a joué les belles au bois dormant, on se retrouve une vingtaine d’années après les événements de
Crysis 2
. Plongé dans un univers mixant la jungle du premier et le New-York du second, on découvre un environnement dévasté qui arrive tout de même à éviter l’effet déjà-vu tant le NY de cet opus est différent. Rapidement mis dans le feu de l’action, si on excepte un tutorial sans âme qui reste des plus basiques, on revêt la nanocombinaison pour sept missions. Les premières sont extrêmement dirigistes, basées notamment sur des successions de scripts que l’on voit à des kilomètres. En plus, il suffit d’aller plus vite que le PNJ qui nous accompagne pour que l’on se retrouve à patienter devant l’une des portes à ouvrir par exemple. Quant aux deux dernières missions, qui offrent plus de libertés, elles tentent de rallonger artificiellement la durée de vie avec des zones de jeu plus étendues et des objectifs en trois étapes similaires, avant d’aller massacrer de manière bourrine les rares boss du soft. Il faut bien le reconnaître, la structure des missions n’est pas des plus maîtrisées, loin de là. Pour preuve, on arrive à s’ennuyer au cours du jeu, la faute à de trop nombreuses cut-scenes (que l’on peut toujours zapper) et à un scénario faussement compliqué qui n’arrive nullement à garder le joueur en haleine.
Les développeurs ont bien essayé d’apporter un peu de variété en se servant des bases du FPS lambda, mais la mission utilisant une sorte de buggy nous invite à découvrir des bugs assez monumentaux et de sérieuses faiblesses de la physique. Quant aux phases de mitraillage intensif à l’aide d’une tourelle, c’est tout aussi classique qu’efficace. Le souci de ce
Crysis 3
, c’est que le scénario est bourré de clichés et que tout a été apposé sans grande saveur. On retrouve bien un aspect spectacle appréciable et une fin qui ponctue bien la trilogie, mais le scénario est totalement oubliable, au même titre que la version française, ce qui n’aide pas pour l’immersion. Mais le pire dans tout cela, c’est que malgré l’ennui de la campagne, il est possible de la terminer en 3H17 en normal ou 4H30 en super soldat en allant à l’essentiel (tutorial, cut-scenes et petit bonus après les crédits compris). C’est extrêmement court et, à titre de comparaison, c’est un peu plus de deux fois plus court, avec la même approche des situations, que la campagne de
Crysis 2
. Si un tel temps de jeu effectif (comprenez le temps réellement passé sur le jeu et non le temps enregistré par celui-ci qui ne prend pas en compte les éventuelles tentatives supplémentaires) est possible, c’est en partie à cause du gameplay.
En effet, la nanocombinaison de Prophet le rend extrêmement puissant, encore plus que par le passé, et son camouflage optique permet de passer des zones entières en mode infiltration. Ajoutez à cela un arc ultra puissant avec des munitions différentes capables de venir à bout de tous les ennemis rapidement, et vous avez la sensation d’avoir activé le
god mode. En sus, si l’utilisation des armes à feu interfère avec le camouflage optique, il n’en est rien avec l’arc. Vous pouvez donc avancer en mode fantôme en tirant sur vos ennemis. Ces derniers profitant en plus d’une I.A. des plus basiques, pour ne pas dire à la ramasse, rien n’est fait pour donner une once de challenge aux joueurs. Reste que le joueur lambda mettra certainement plus de temps, dans les cinq à sept heures selon la difficulté et son approche des situations. Si le mode solo multiplie les défauts, il ne faut pas pour autant oublier certaines de ses qualités. En effet, outre les passages typés couloirs, le titre offre aussi des arènes plus ou moins larges au level design plus travaillé. On peut ainsi profiter de quelques passages secondaires, comme une bouche d’aération planquée sur le côté d’un bâtiment, afin de varier quelque peu les approches. On peut aussi rallonger artificiellement la durée de vie en essayant de remplir les quêtes annexes, certes totalement oubliables, mais qui ont le mérite d’avoir été implantées.
La méthode Acti…
Au niveau du gameplay, le titre est plutôt agréable. On retrouve les bases de
Crysis 2
pour profiter d’une utilisation simplifiée de la nanocombinaison et quelques armes (humaines et aliens), certes peu originales, mais offrant de bonnes sensations. Le sentiment de puissance sera un plus pour beaucoup et le gameplay reste suffisamment accessible pour plaire au plus grand nombre. Les aides visuelles appuient bien cette volonté d’aider le joueur. Autre point qui devrait séduire les occasionnels,
Crysis 3
est dans l’ensemble un joli jeu (à ne surtout pas comparer avec la version PC, sans quoi le constat est désolant). Comparé aux autres titres de la Xbox 360, il se place tout de même dans le haut du panier. Pour autant, on a un certain aliasing ou encore des textures et autres effets visuels
cheap, mais les environnements sont détaillés et le tout fait son effet, notamment lors de certaines cut-scenes. Dommage en revanche que la licence souffre d’une nouvelle régression en ce qui concerne le moteur physique, des plus basiques dans cet opus. En termes de destruction notamment, on a connu mieux, bien mieux. Une fois le solo plié, le deuxième morceau de ce volet, c’est son mode multijoueur. C’est bien simple, si vous avez joué à
Crysis 2
, alors vous reprenez les composantes de ce dernier, vous changez onze maps, vous modifiez simplement le skin de Skyline, vous ajoutez deux/trois éléments avec peu d’intérêt (du moins rien qui justifie le prix fort du jeu), et vous avez le multijoueur de
Crysis 3
.
Cela n’empêche pas les modes de jeu d’être efficaces (on apprécie la variante maximum du deathmatch seul ou en équipe – pas d’aide et caractéristiques au minimum – à réserver aux joueurs plus hardcore) ou encore d’avoir un système de progression pas trop mal équilibré, mais la seule véritable nouveauté vient de l’intégration du mode Hunter. Ce dernier demande à un petit groupe de chasseurs invisibles, armés d’un arc, de traquer des ennemis ayant des armes à feu. Fort sympathique, ce mode de jeu arrive à créer une certaine tension lors des parties. Il est clairement prenant et bien pensé. Pour le reste, on retrouve du simple matchmaking à 6vs6, avec tout ce que cela implique (changements d’hôte, déconnexions, pas de réel choix de la partie, etc.). Les parties personnalisées sont un peu plus agréables pour déterminer les paramètres et la gestion des équipes nous a semblé correcte. Les équipes sont assez bien équilibrées au fil de la partie, du moins en nombre de joueurs, et le tout reste assez dynamique et fun. Les maps, entre petites et moyennes, profitent d’un bon level design, n’hésitant pas à compenser certaines surfaces de jeu restreintes par une belle verticalité. La personnalisation des armes est un bon point (dont la possibilité de modifier son arsenal à la volée), tout comme celle des classes modulables et on apprécie le fait que les aides extérieures, à enclencher en récupérant les tags des ennemis tombés au combat, soient suffisamment bien implantées pour éviter les abus. Hélas, bon nombre de bugs sont à déplorer.
Pour les exemples, notre personnage s’est retrouvé bloqué dans le décor et nous avons eu un message « bravo vous êtes à la troisième place », alors que nous étions quatrième de la partie en deathmatch. Ces petits tracas n’ont pas de réelle importance, mais les choses se gâtent lorsqu’on parle des hitboxes. C’est bien simple, celles-ci sont affreusement mal intégrées, à tel point que l’on voit une flèche nous tuer alors qu’elle passe à quelques bons centimètres de nous, ou encore que l’on se prend un headshot alors que les balles de l’adversaire se plantent dans le sol. Les exemples sont bien nombreux. C’est dommage, car le matchmaking arrive à regrouper des joueurs de sorte que le code réseau soit relativement stable… Or, ce souci de hitboxes, déjà relevé dans le précédent volet, crée une réelle frustration. Au final, on pourrait parler de ce mode multijoueur de manière vulgaire en stipulant simplement qu’il s’agit d’un Crysis 2.1 profitant de onze nouvelles maps et un mode de jeu supplémentaire, ce que l’on aurait pu avoir en DLC pour le 2, sans devoir débourser le prix fort. On oublie volontairement l’utilisation de l’arc en multijoueur, dont l’efficacité est largement exagérée. C’est d’autant plus dommage que ce multi offre une belle alternative à ceux des autres FPS et qu’il est plutôt intéressant.
Point completCe
Crysis 3 offre constamment un sérieux sentiment de gâchis. Le solo est vraiment très court, bien plus que celui du précédent, et se paie en plus le luxe d’être archi facile, même en super soldat, et ennuyeux. Il y a bien quelques éléments (gameplay, accessibilité, chemins détournés et aspect spectacle) qui arriveront à séduire les moins exigeants, mais les autres n’y verront qu’un solo qui a encore régressé, avec un scénario faussement compliqué à oublier rapidement, un abus de cut-scenes inutiles, des scripts visibles à des kilomètres, etc. Les développeurs donnent l’impression d’avoir codé ça sans grand amour à la va-vite histoire de sortir un FPS en début d’année sans trop de concurrence. Ajoutez un arc aux caractéristiques abusées, lié à un camouflage optique plus qu’efficace, et vous avez la possibilité de boucler le solo en trois à quatre heures et des poussières selon la difficulté (tutorial, cut-scenes et crédits compris – cinq à sept heures pour le joueur lambda). Quant au multijoueur, qui évite au titre de sombrer, il n’est ni plus ni moins qu’un copié/collé du 2, auquel on a changé onze cartes et modifié le skin d’une. Il y a bien le mode Hunter qui relève le niveau, mais les ajouts ne justifient en rien le prix fort appliqué, d’autant plus que le défaut le plus frustrant de
Crysis 2, à savoir la gestion des hitboxes, est toujours d’actualité. En somme, on a un Crysis 2.1 bien moins maîtrisé et intéressant. Y préférer la version XLA du 1 ou le 2 pour le solo, voire le trouver à mini prix pour le multi, bien qu’il risque d’être déserté d’ici là !
On a adoré :
+ Diverses approches parfois
+ Globalement joli
+ Un aspect spectaculaire
+ Le level design (multi)
+ Multi assez dynamique
+ Modes classiques efficaces
+ Personnalisation armes/armure
+ Accessible à tous
+ Arc agréable à utiliser
+ Les pouvoirs de la nanosuit
+ Mode Hunter très bon
+ Les bases de Crysis 2…
|
On n'a pas aimé :
- Mais avec l’effet 2.1
- I.A. à la ramasse (très facile)
- Solo très court et ennuyeux
- Trop de cut-scenes
- Scénario à vite oublier
- Matchmaking en 6vs6
- Gros soucis de hitboxes
- Arc et camouflage abusés
- Physique basique
- Scripts visibles à outrance
- Quelques défauts techniques
- Vendu au prix fort
|