La série des Dead to Rights a débuté sur Xbox première du nom avec un premier volet d’une rare violence qui était parvenu à convaincre les fans de Max Payne. Portée ensuite sur les autres supports, elle s’était malheureusement vite essoufflée avec le second volet de la franchise que Namco avait complètement sous-estimé pour nous offrir une suite atrocement bancale et techniquement dépassée. Depuis l’échec critique et commercial de ce dernier, on la pensait morte et enterrée. Cependant, dans un élan de bonté, le géant japonais a décidé de lui offrir un reboot sur consoles HD en confiant le développement de Retribution à un studio externe : Volatile Games, responsable du très moyen Reservoir Dogs. Après les premiers médias, tout portait à croire que ce nouveau volet allait suivre la voie du second épisode, déjà toute tracée vers les abîmes du cimetière vidéoludique. Mais une petite surprise était-elle vraiment à exclure ?
Ambiance Sin City
C’est bien connu, on ne change pas une recette qui marche. Et c’est même encore plus vrai lorsqu’on parle d’un produit commercialisé dans le but de rapporter gros. Dead to Rights n’a jamais été une franchise à succès. Cependant, vu que les jeux d’action ont le vent en poupe, il était évident que Namco tenterait de relancer la série un jour ou l’autre. C’est désormais chose faite avec Retribution qui reprend dans les grandes lignes les caractéristiques des précédents volets de la série tout en y ajoutant et retirant quelques éléments. Ainsi, d’entrée de jeu, on se rend compte que Volatile Games a choisi de faire confiance à un scénario archi classique puisque notre héros, Jack Slate, un policier adepte des situations musclées, doit faire face à la mort de son père puis décide de se venger et découvre une terrible machination. Rien de surprenant pour les habitués de la série puisque le script semble tout droit tiré du spin-off annulé de Dead to Rights, censé nous faire découvrir les forces spéciales de Grant City. Passé cette première petite déception, on se rend tout de même compte que Volatile Games a tenté de donner un traitement très mature à son jeu d’action, qui offre non seulement un univers soigné et directement inspiré du style graphique de Sin City, mais également une aventure sans concession avec une très grosse dose de violence. En effet, il est possible de fracturer des nuques, d’arracher des gorges et d’éventrer ses ennemis.
Globalement, le jeu n’a pas tant changé qu’on aurait pu l’imaginer. Il s’agit toujours d’un TPS dans la lignée de Max Payne, à ceci près qu’il se rapproche désormais un peu plus de Gears of War que du soft de Remedy. Ainsi, les développeurs ont choisi de laisser tomber les voltiges aériennes au ralenti pour les échanger contre des séquences où le joueur doit se planquer derrière des murs pour canarder ses ennemis, pour des combats au corps à corps plus musclés et pour des séquences dans la peau de Shadow, le fidèle compagnon canin de Jack. Ce dernier doit tuer silencieusement ses adversaires, récupérer des munitions pour son maître et l’aider à passer certains endroits. Pour le reste, on nage en territoire connu. Le joueur évolue dans des environnements relativement linéaires (mais pas trop grâce à certaines aires de jeu similaires à des arènes), il est question de se planquer, de canarder ses ennemis mais également de donner des ordres d’attaque à son chien et de se défendre au corps à corps. Globalement, le jeu est assez bien pensé puisque les ennemis sont nombreux, coriaces et agissent différemment dans chaque situation. Concrètement, si votre première tentative d’attaque par la gauche se passe mal, puisque deux hommes vous foncent dessus et vous frappent pendant que leurs camarades vous canardent, une attaque plus silencieuse par la droite et un ordre donné à Shadow pour éliminer un sniper gênant s’avéreront plus efficaces.
Shadow sort de l’ombre
Les réactions des ennemis sont d’ailleurs assez bien pensées puisque vous devez faire preuve de ruse pour venir à bout de ces nombreux guerriers d’élite qui ont mille et une manières de vous assaillir. On apprécie vraiment l’effort fait sur l’I.A. des personnages, qui usent toutes leurs munitions, ramassent des armes sur leurs alliés décédés, vous attaquent directement au corps à corps ou se planquent et commettent parfois même de grosses erreurs en vous lançant une grenade alors qu’un de leurs compagnons est à proximité. Les sensations sont donc plutôt bonnes, d’autant plus que la jouabilité est efficace, même si le réticule de visée aurait pu être plus soigné et que les combos au corps à corps ne sont pas excessivement nombreux. Bref, il y a largement de quoi passer un très agréable moment, avec une jouabilité simple à maîtriser mais un soft pourtant assez coriace (surtout pour les débutants qui vont en baver pour voir la fin de l’aventure) pour justifier son achat. Dommage tout de même que tout cela se boucle en moins de huit heures, soit une durée de vie assez classique pour ce type de soft, et que pas mal de manques l’empêchent d’être parfait. Ainsi, on regrette tout spécialement le fait que les décors soient aussi peu variés, que les séquences de jeu ne soient pas aussi originales que dans le premier volet (musculation, strip-tease…) et que les ralentis aériens aient été remplacés par des ralentis plus classiques qui peuvent être activés pour viser plus aisément un ennemi, sans jamais quitter le sol malheureusement.
Cela dit, on apprécie tout de même quelques petits ajouts, comme les séquences avec Shadow, l’une ou l’autre mission d’infiltration ou encore les finishing moves lors des affrontements au corps à corps et la possibilité de désarmer ses adversaires. Les possibilités sont donc plutôt nombreuses, même si elles ne sont pas forcément toujours bien exploitées. D’un point de vue purement technique en revanche, c’est une grosse désillusion. Si le soft n’est pas désagréable à regarder, il n’en demeure pas moins très loin des standards actuels, avec des modélisations des personnages simplistes, des animations ridicules et des textures au sol baveuses. On sent que Namco ne croyait pas vraiment dans le projet et ne lui a attribué qu’un budget très limité. Cela dit, les décors restent soignés et stylés et le soft se laisse parcourir sans trop de regrets. Il en va de même pour la bande sonore, tout juste efficace, sans jamais vraiment sortir du lot. Certes, le soft fait finalement office de bonne surprise, surtout après un second volet atrocement médiocre, mais il faut bien reconnaître qu’on aurait aimé en avoir un peu plus pour le prix ou, au contraire, que le soft ait été vendu à tarif réduit. En l’état, reste un bon petit jeu d’action, fun et délassant, mais pas bien long, pas très beau et souffrant de quelques manques impardonnables.
Point completSi
Dead to Rights : Retribution est loin d’être une réussite, il n’en demeure pas moins un jeu d’action jouissif qui mérite toute votre attention pour peu que vous ne vous le procuriez pas au tarif plein. Volatile Games a sans aucun doute effectué un beau travail sur ce reboot de la franchise, toujours aussi fun, violent, mature et sombre… Toutefois, le titre souffre de nombreux défauts, principalement techniques (graphismes dépassés, animations médiocres) mais également liés à quelques gros manques (plus de cabrioles à la Max Payne, peu de diversité dans les décors, durée de vie trop limite). Retribution relève largement la barre après un second volet raté, mais demeure bien loin d’égaler le premier épisode, qui même s’il était également à la ramasse techniquement, offrait nettement plus de variété et de fun que ce reboot qui aurait clairement mérité plus d’investissement et de confiance de la part de son éditeur.
On a adoré :
+ Assez fun
+ Jouer avec Shadow
+ Violent et mature
+ Le style des décors
+ Dans la lignée de la franchise
+ Assez coriace
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On n'a pas aimé :
- Scénario bancal
- Design grotesque
- Animations médiocres
- Graphismes dépassés
- Beaucoup de manques
- Durée de vie
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