Ubisoft profite de la sortie dans les salles obscures américaines du film basé sur la série de bandes dessinées Scott Pilgrim, créée par Bryan Lee O'Malley, pour nous proposer une adaptation en jeu vidéo des aventures de l’adolescent canadien. Sobrement intitulé
Scott Pilgrim vs. The World
, le soft adopte la forme d’un beat them all à l’aspect résolument old school et débarque au tarif de 800 MS Points sur le
Xbox Live Arcade. Reste maintenant à savoir s’il s’agit d’une bonne surprise ou d’une simple opération marketing visant à exploiter le succès du film…
Les 7 ex(centriques) démoniaques
Bien qu’il reprenne le titre de l’adaptation cinématographique sortie cet été aux Etats-Unis, le jeu vidéo
Scott Pilgrim vs. The World
se base essentiellement sur les livres de Bryan Lee O’Malley. Le scénario suit les événements des six volumes de la série et a été simplifié pour tenir en une phrase. Le jeune Scott Pilgrim tombe amoureux de la belle Ramona Flowers mais, avant de pouvoir sortir avec elle, il doit vaincre ses sept anciens petits amis (les ex démoniaques). Les fans de l’univers, tout comme les non-initiés, n’en demanderont sans doute pas plus tant l’ambiance prend le pas sur l’histoire. Le fait de connaître la série vous permettra toutefois de mieux comprendre certaines références et de reconnaître vos personnages favoris. Au départ, il est possible d’incarner quatre d’entre eux (Scott Pilgrim, Ramona Flowers, Kim Pine et Stephen Stills) et même de les personnaliser en changeant la couleur de leurs vêtements. Jusqu’à trois joueurs supplémentaires peuvent rejoindre l’aventure et, malgré quelques détails parfois gênants tels que l’absence de mode online, l’impossibilité pour un joueur de rejoindre directement une partie en cours sans revenir au menu principal ou la confusion qui peut apparaître à l’écran lorsqu’on joue à quatre et que les ennemis sont nombreux, ce mode coopération permet d’amplifier le niveau de fun, de réduire la difficulté ou encore d’augmenter sensiblement la replay value du titre.
A première vue, avec son scrolling horizontal en 2D et ses ennemis à terrasser, le jeu pourrait vite être pris pour un beat them all des plus basiques, comme il en existe des dizaines sur le XLA et sur d’autres consoles plus anciennes. Pourtant, il n’en est rien. En effet, le système de jeu est non seulement plus complexe et recherché que celui de la plupart de ses homologues mais il est aussi diablement efficace. Les personnages disposent d’un certain nombre de vies, de points de santé ainsi que de points de cran, ces derniers permettant d’effectuer des attaques spéciales (différentes selon le perso choisi) ou de regagner de la santé une fois celle-ci tombée à zéro. Outre cela, le système de jeu présente un aspect RPG assez poussé pour un beat them all en 2D. Au fil de sa progression, le joueur peut en effet engranger non seulement de l’argent mais aussi des points d’expérience pour son personnage. Ces points augmentent son niveau jusqu’à un maximum de 16, renforçant progressivement ses caractéristiques (force, défense, volonté, vitesse), lui donnant accès à de nouveaux mouvements et enrichissant les animations ainsi que le gameplay. L’argent récolté, quant à lui, peut être dépensé dans différentes boutiques parfois bien cachées en échange d’aliments utiles boostant les caractéristiques du personnage et même d’objets spéciaux. Petite subtilité, on ne peut connaître l’utilité de ce qu’on achète qu’après l’avoir payé. Certains y verront là le charme du rétro tandis que d’autres trouveront cette idée plutôt frustrante.
Récolter des piécettes sera donc d’une importance capitale afin de parvenir à dénicher les bons objets, chose qui peut se montrer un peu fastidieuse. Soulignons d’ailleurs que, comme dans tout bon jeu typé rétro qui se respecte, le challenge est plutôt relevé. Il n’est cependant pas parfaitement équilibré. Entendez par là que, même en mode novice et à plusieurs, il est difficile de terminer un niveau du premier coup au début, d’autant plus que le fait de mourir avant d’avoir battu le boss de fin de niveau oblige à le recommencer, les checkpoints n’apparaissant qu’à la fin de celui-ci. Cependant, après un peu de level-up et lorsqu’on sait comment se procurer des objets utiles dans les boutiques, comme des vies supplémentaires par exemple, tout peut devenir assez facile, voire un peu trop. Toutefois, la durée de vie est très correcte pour un jeu de cette trempe. Celle-ci varie entre trois et sept heures pour le mode histoire selon le réglage de difficulté choisi, le nombre de participants et leur niveau. Du côté du gameplay et des actions de jeu à proprement parler, certains trouveront sans doute le jeu un peu lent, assez rigide et donc moins plaisant à jouer que certains de ses homologues. Néanmoins, ceux qui passeront outre découvriront tout de même une jouabilité relativement intuitive qui tend à s'enrichir au fil du jeu. Le joueur voit son personnage en 2D depuis le côté. Ce dernier évolue généralement en scrolling horizontal mais peut aussi se déplacer librement dans la profondeur pour éviter des coups ennemis ou entrer dans une boutique.
Difficile de s’ennuyer avec Scott et ses amis ?
Avec la collecte d’expérience et l’augmentation de niveau, le personnage apprend de nouvelles techniques de combat selon le perso choisi (coup sur un ennemi à terre, saut périlleux, roulade, coup de poing dévastateur, etc.). Outre cela, les environnements sont remplis d’objets divers et variés (battes, rochers, caisses, boules de neige, jouets, sabres, etc.) qu’il est possible de ramasser et d’utiliser contre ses ennemis de manière à faire plus de dégâts. Mais, là où les développeurs ont fait fort, c’est que la progression durant tout le jeu est tout sauf redondante. Certes, on passe une grande partie du temps de jeu à tabasser des opposants mais les événements s’enchaînent et n’arrêtent jamais de nous surprendre. Outre quelques boss intermédiaires croisés sur son chemin, on a notamment l’occasion d’éviter des rochers, des véhicules ou même des foules en délire déboulant à toute allure, de dégager son chemin en détruisant un obstacle à la force de ses poings, de récupérer une clé pour déverrouiller une porte ou un coffre plein de pièces, de détruire une bombe avant qu’elle n’explose ou encore de découvrir des passages secrets menant à des warpzones assez atypiques. Et la liste est encore longue… Sachez simplement que la plupart de ces événements s’accompagnent d’animations pleines d’humour. Visuellement, le jeu est tout simplement superbe dans son genre. Même si les allergiques aux jeux rétro pixellisés auront de la peine à accrocher, il faut reconnaître qu’
Ubisoft a fourni un travail remarquable. Le design est chatoyant, mignon, coloré et plutôt bien animé mais, surtout, il est incroyablement riche.
Des dizaines d’ennemis différents au character design irrésistible (humains, animaux, objets, robots, déguisements, mort-vivants, gros ou petits, lents ou rapides), chacun ayant ses propres particularités au combat, se côtoient dans des niveaux très variés. En plus d’avoir droit à une belle brochette d’environnements différents (ville enneigée, parc naturel, train en marche, discothèque, plateau de cinéma, hôtel, cimetière, ascenseur infernal, univers parallèles, etc.), le joueur verra les arrière-plans évoluer sans cesse avec sa progression sans jamais se répéter. Ceux-ci regorgent d’éléments dynamiques aussi inutilement indispensables qu’une boîte à lettres destructible ou des PNJ non hostiles suivant votre progression et s’exprimant par smileys (lorsqu’on les frappe, par exemple). En outre, les références non seulement aux livres Scott Pilgrim mais également à de nombreux classiques cinématographiques et vidéoludiques sont nombreuses, allant du logo de démarrage à la fin du générique, et ne manquent pas de faire sourire, même après avoir bouclé un niveau plusieurs fois. Le tout est rythmé par une bande sonore entraînante façon chiptune qui se montre très appréciable et rarement lassante. Comme si tout cela ne suffisait pas, afin de pousser le concept old school jusqu’au bout, sachez que les développeurs ont encore prévu quelques petites surprises comme deux personnages jouables supplémentaires à débloquer ou encore des combinaisons secrètes permettant de révéler de nouveaux modes de jeu (Survival Horror et Extermination des Boss) ainsi que divers easter eggs que nous vous laissons le soin de découvrir par vous-même.
Point completAu final, l'aspect old school de ce
Scott Pilgrim vs. The World cache malheureusement quelques défauts gênants. Ainsi, le gameplay un peu lent et rigide, le style graphique particulier et quelques côtés frustrants du système de jeu rebuteront sans doute un certain nombre de joueurs. Toutefois, son humour, ses musiques rythmées et surtout la grande richesse de son système de jeu et de son design font du soft une assez bonne surprise qui devrait plaire aussi bien aux fans de l'univers de Scott Pilgrim qu'aux amateurs d'expériences rétro ; mais également bien sûr à tous ceux que les quelques défauts du titre ne rebuteront pas.
On a adoré :
+ De la diversité à tous les niveaux
+ Une bonne dose d’humour
+ Bande sonore de qualité
+ Le côté évolutif des persos
+ Durée de vie honnête
+ La coopération…
+ Design rétro riche et travaillé...
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On n'a pas aimé :
- Mais il faut aimer le style
- Gameplay un peu rigide
- Multi parfois confus
- Difficulté pas toujours bien équilibrée
- Plusieurs détails parfois frustrants
- Aucune fonctionnalité en ligne
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