Les dernières adaptations vidéoludiques de l’homme-araignée n’ont pas forcément réussi à convaincre tous les fans, certains opus étant même vraiment ratés.
Activision a donc tenté de confier la licence à un autre studio de développement afin d’en redorer un peu le blason. C’est ainsi que
Beenox Studio en est venu à concevoir
Spider-Man : Shattered Dimensions
. Ce qui a tout de suite accroché le regard des amateurs de comics, c’est l’intégration de quatre versions de Spider-Man, dont deux bien moins populaires que les autres. Reste alors à voir si les développeurs ont réussi à donner un nouveau souffle à la franchise, du moins du côté des jeux vidéo, en attirant tous les fans des comics dans leur toile…
Une toile d’idées…
Dès lors que l’on se lance dans l’aventure, on découvre un Spider-Man qui tente d’empêcher le vol d’un ancien artefact. Pensant pouvoir arrêter facilement Mysterio, notre Peter Parker ne se méfie pas et, par maladresse, en vient à briser la tablette nommée McGuffin. Il ouvre alors une faille dimensionnelle. Madame Web le contacte en suivant pour lui exposer la situation et lui demander de retrouver les fragments, en sachant qu’il sera aidé par « trois autres versions ». Le synopsis est vraiment simpliste et les scénaristes ne se sont pas vraiment évertués à l’étoffer. Très basique dans son ensemble, il sert tout de même de fil conducteur, embelli par une mise en scène aux petits oignons. Les cinématiques du jeu et autres cut-scenes sont très agréables à regarder et les fans des comics retrouveront l’humour qu’ils aiment tant. Les one-liners pleuvent et elles sont bien senties. Ceux qui supportent l’anglais ont d’ailleurs tout intérêt à opter pour la version originale, bénéficiant de doublages tout bonnement excellents. Quant à ceux qui préfèrent le français, il faut savoir que les doublages restent plutôt corrects dans l’ensemble même s’ils sont bien loin d’être à la hauteur des originaux. Dans sa quête pour retrouver les fragments, le joueur va devoir traverser trois chapitres composés chacun de quatre niveaux, en plus du didacticiel et du niveau final. A chaque fois, cela permet d’incarner à tour de rôle les versions Amazing (la plus connue), Ultimate (avec le symbiote), Noir (avec une aventure dans les années 30) et 2099 (avec Miguel O’Hara). Le petit plus, c’est que l’on peut choisir l’ordre d’exécution des missions, même s’il faut impérativement terminer les quatre d’un chapitre pour passer au suivant.
Les petits gars de
Beenox Studio ont donc préféré laisser tomber le modèle bac à sable pour opter pour une aventure plus dirigiste, mais à la progression plus maîtrisée. On perd quelque peu en liberté ce que l’on gagne en immersion. Cela se traduit notamment en plein jeu avec une alternance d’univers tout aussi variés que travaillés. On apprécie notamment de pouvoir retrouver l’univers futuriste de 2099, avec ses chutes grisantes, ses buildings immenses et son côté aérien rafraîchissant, ou encore de profiter de celui de Noir, tout en noir et blanc avec un véritable travail sur les jeux de lumière. Amazing et Ultimate sont moins surprenants, mais ils profitent eux aussi d’environnements assez variés. Même si graphiquement le titre est loin d’être une référence, il arrive tout de même à convaincre avec sa direction artistique séduisante. La petite surcouche façon cel-shading sied plutôt bien à l’univers et permet de compenser certaines modélisations plus simplistes et autres textures baveuses. Enfin, ne crachons pas dans la soupe, les animations du héros sont appréciables, notamment lorsqu’il est en mode de défense automatique (pressez la gâchette et Spider-Man esquive la majorité des coups tout seul comme un grand), le soft est suffisamment fluide et la réalisation est relativement propre. On regrette simplement que le dirigisme induise l’intégration de murs invisibles et certaines limites qui pourraient paraître absurdes pour les fans, comme l’impossibilité de monter sur un toit un peu trop haut. Plusieurs bugs de collisions sont aussi à noter, mais il n’y a rien de vraiment gênant pour gâcher l’aventure. Tant mieux !
Avec quelques fragilités
Bien entendu, afin d’accentuer le changement de dimension, les développeurs ont fait en sorte de varier les séquences de jeu. Cela se ressent surtout avec la version Noir qui offre une approche très orientée infiltration. Assez basique dans le fond, celui-ci permet de changer la manière d’appréhender les ennemis. Il faut donc se cacher dans l’obscurité, aller d’un point à un autre ou évoluer en étant accroché aux murs pour éviter les lumières des ennemis et surtout les tirs de ceux qui sont armés. Pour en venir à bout, il faut alors opter pour des éliminations silencieuses, la toile devenant une arme redoutable. A noter que lorsqu’on est repéré, une marque rougeâtre permet aux ennemis de se rendre à notre dernière position connue, le monde regagnant par la même occasion quelques couleurs. Cela peut aussi être utilisé comme une stratégie pour tendre quelques pièges aux adversaires. Dans le cas de 2099, le gameplay se veut un peu plus aérien, avec en prime la possibilité d’échapper à des missiles ou de tout simplement prendre les adversaires de vitesse en utilisant le sens de l’araignée pour ralentir le temps. Pour Ultimate, l’aspect beat them all prend clairement le dessus, avec des combats plus bourrins et la possibilité de se mettre en mode furie pour faire un véritable carnage. Amazing est quant à lui plus classique, avec diverses utilisations de sa toile et un penchant plus prononcé pour le sauvetage de civils. L’un dans l’autre, outre l’univers Noir qui se détache, les trois autres se ressemblent assez à quelques subtilités près. Dans tous les cas, la caméra peut vite devenir un gros point noir, celle-ci perdant souvent le Nord et n’étant que très peu pratique lorsque notre personnage est proche d’un mur, lorsqu’il adopte certaines positions en hauteur ou lorsqu’on utilise trop rapidement le verrouillage automatique pour passer d’un point à un autre avec la toile.
Cela dit, pour apporter un peu de fraîcheur, les petits gars de Beenox ont ajouté des coups et autres combos à débloquer, des phases à la première personne (notamment des portions de combats façon boxe) vraiment réussies et quelques QTE. On rajoute au menu des défis à relever, des symboles à collecter, des araignées bien cachées à débusquer et on obtient une formule qui fonctionne. Le jeu est fun, les combats sont dynamiques, il y a tout un tas d’éléments à débloquer, le système de progression est bien pensé et bien intégré, bref, on prend du plaisir à le parcourir. Dommage tout de même que l’aventure se révèle assez courte, avec en prime des rallonges artificielles trop visibles (ça sent parfois le remplissage fait à l’arrache), et très facile (même en difficile), l’I.A. ne posant vraiment pas de problème, à moins que le surnombre ait raison de vous. Dans le même ordre d’idées, c’est tout le temps la même structure qui est utilisée, avec un boss que l’on rencontre au début, en milieu de niveau et en fin lorsqu’il s’est approprié les pouvoirs du fragment ramassé. Quelques idées différentes auraient permis de renouveler un peu l’expérience, d’autant que les missions sont assez longues. Chacune d’elle dure environ une demi-heure, hormis la première mission de l’univers de 2099 qui se boucle en un quart d’heure.
Reste qu’il est toujours possible de refaire le niveau en question pour améliorer son temps, compléter les défis ou trouver tous les symboles et araignées cachées.
Beenox Studio a vraiment assuré sur le fan-service puisqu’en plus des améliorations à débloquer, les joueurs peuvent déverrouiller tout un tas de bonus (en plus des anecdotes durant les chargements), allant des statuettes virtuelles aux artworks en passant par les biographies et les costumes alternatifs que l’on peut revêtir. Ce dernier point est vraiment un gros plus pour le fan, qui va découvrir des costumes populaires, mais aussi et surtout d’autres qui sont moins connus, quand on ne parle pas de prototypes qui ont été dessinés mais pas exploités. Dans tous les cas, plusieurs annotations permettent d’avoir un rappel sur l’origine de l’élément. Petits et grands, amateurs ou fans absolus ne peuvent qu’apprécier le travail fait sur cet opus, même si plusieurs accrocs l’empêchent d’être le hit qu’il aurait pu être. Pour finir sur une note positive, disons qu’il est bon de retenir que la prise en main est rapide, que le gameplay évolue un petit peu au fil de l’aventure, avec une dimension Noir qui sort du lot, que la direction artistique est séduisante, que les musiques participent grandement à l’ambiance et que l’humour fait mouche.
Point completMalgré bien des défauts, dont beaucoup pourront s’accommoder,
Spider-Man : Shattered Dimensions reste une bonne adaptation de l’univers de l’homme-araignée, ou plutôt des quatre univers concernés. Le jeu est fun, l’aventure se parcourt avec plaisir, le fan-service a été assuré et plusieurs bonnes idées ont été intégrées pour séduire le joueur, à commencer par l’humour, omniprésent, les quelques subtilités au niveau du gameplay, les passages à la première personne et les améliorations à débloquer. Néanmoins, les développeurs auraient pu faire preuve de plus d’imagination pour éviter de répéter sans cesse le même schéma, sans compter que les niveaux sont assez longs, avec des rallonges artificielles vraiment visibles. Paradoxalement, l’aventure reste assez courte… un peu moins de sept heures suffisent pour en voir le bout en ne se préoccupant que peu des éléments à collecter. Reste que les fans de Spider-Man devraient succomber au charme de cette production, qui est à n’en pas douter la meilleure adaptation du tisseur sur les consoles HD, du moins à l’heure actuelle.
On a adoré :
+ 4 héros, 4 univers
+ La direction artistique
+ Diversité des environnements
+ Améliorations sympathiques
+ Plusieurs bonus à débloquer
+ V.O. top, V.F. correcte
+ Musiques réussies
+ L’humour, excellent
+ Mise en scène de qualité
+ Prise en main rapide, jeu fun
+ Quelques bonnes idées
+ Cut-scenes plaisantes
+ Aventure très sympathique…
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On n'a pas aimé :
- Mais un poil courte…
- Avec des schémas répétés…
- Et des rallonges artificielles
- Scénario minimaliste
- Un peu trop facile
- La caméra, souvent
- Quelques bugs de collisions
- 4 approches, mais 3 assez similaires
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