Wales Interactive est un éditeur qui a compris qu’il y avait un genre de titres qui avait son public et il s’est spécialisé dedans. Il s’agit des FMV (Full Motion Vidéo), plus communément appelés films interactifs. The Complex, Late Shift, Five Dates, etc., les projets sont nombreux et abordent des thèmes différents. Aujourd’hui, un nouveau titre vient de voir le jour, il s’agit de Bloodshore, un FMV qui prend des allures de Battle Royale avec des influenceurs et autres personnalités en manque de notoriété. Reste à voir si le côté nanardesque de la bande-annonce ne cache pas un FMV bien plus sympathique qu’il n’y parait…
Survivre ou ne pas survivre, tel est le choix…
Avant de parler du divertissement lui-même, il est bon de préciser qu’il y a quelques options plutôt sympathiques, comme la possibilité d’ajuster la taille des sous-titres et de changer la couleur de ces derniers ou encore celle du fond. Enfin, nos amis streameurs apprécieront sûrement le mode Streameur avec les choix mis en pause. Ceci étant dit, on se lance dans l’aventure. La bande-annonce de présentation montrait un long-métrage nanardesque basé sur deux points d’intérêt populaires du moment, à savoir le Battle Royale (l’ouvrage initial date, le film également, mais c’est revenu à la mode avec les jeux vidéo et avec des séries comme Alice in Borderland – qui est un manga à la base – et Squid Game) et les influenceurs. En d’autres mots, il est question de participer à une émission de téléréalité, façon Koh Lanta en mode Battle Royale, qui prend donc la forme d’un Battle Royale à 50 diffusé en stream sur la toile. Si la première édition avait plutôt l’esprit Manhunt (le jeu de Rockstar) en mettant en scène des condamnés à mort qui devaient s’entretuer jusqu’à ce que l’un d’eux finisse par gagner sa liberté tout en empochant un sacré pactole, la treizième édition à laquelle on participe est différente… Elle regroupe des sportifs, des vlogers de l’extrême, des starlettes en manque de célébrité ou qui en veulent toujours plus, des gens qui cherchent à montrer que tout est faux ou encore un acteur assez célèbre à la carrière sur le déclin. Cet acteur, Nick Romeo, c’est le personnage pour lequel on va prendre les décisions.
Comme dans tout FMV, le joueur n’a pas grand-chose à faire, si ce n’est appuyer sur A lorsque deux (jusqu’à quatre) choix s’offrent à lui. Chaque choix permet d’influer sur des statistiques (moral de l’équipe, force, perspicacité, romance, etc.) qui vont ainsi jouer sur les embranchements qui seront pris. Au total, ce sont 294 scènes différentes qui sont à visionner. Bien entendu, vous ne les verrez pas toutes du premier coup. Même nous, après 17 runs, il nous manque une petite poignée de scènes à visionner. Sur le premier run, selon les choix faits bien sûr, vous verrez une cinquantaine de scènes pour environ 1H30 de divertissement. Ne vous attendez pas à en voir 50 à chaque fois, à un moment donné, un run ne va débloquer que deux ou trois nouvelles scènes. Bien entendu, les runs suivants pourront être raccourcis grâce à RB, la gâchette permettant de passer certaines scènes déjà vues. Cela fonctionne plutôt bien même si parfois il reste impossible de passer une scène que l’on a pourtant vue plus d’une fois. Dans tous les cas, cela peut réduire drastiquement la durée de visionnage après plusieurs runs, notre run le plus court ayant duré environ 15 minutes.
Sachez aussi que les créateurs de Bloodshore ont mis en place un système de Rewind, comme dans certains jeux, pour vous permettre/forcer de continuer l’aventure malgré certaines morts. Le « mauvais » choix est alors éliminé des propositions, laissant parfois un seul choix donc, sans quoi on continue à tourner en boucle. Bien entendu, la force d’un FMV, c’est cette capacité à réajuster l’histoire grâce au montage. Ainsi, au fil des runs, on voit à quel point le montage peut jouer sur la compréhension d’un film, sur sa direction artistique (en vrai Warner nous a déjà assuré la démonstration par le passé). Cela permet de redécouvrir certains passages à la lumière de séquences que l’on débloque grâce à une autre combinaison de choix et de mieux comprendre pourquoi lesdites séquences tombaient comme un cheveux sur la soupe avec une autre combinaison de choix. Mais c’est aussi ce qui peut créer des faiblesses, à commencer par des faux raccords, comme un impact de balle mal localisé dans un montage et pas dans l’autre, ou encore une présentatrice qui annonce qu’on a sauvé un personnage alors que c’était l’autre… Et ce sans parler d’une fin, qui malgré quatre choix tranchés faits, s’avère très surprenante dans sa conclusion. Soit elle relève juste du faux raccord, soit elle est bien plus recherchée que ce que nous pensions, jouant avec certains codes du show, dont les deepfakes, le joueur devenant en quelque sorte le dindon de la farce. Nous optons pour ce dernier choix.
Oh, on ne l’avait (presque) pas vu venir, enfin, un peu…
Bien sûr, c’est difficile pour nous d’en dire plus sans spoiler mais comprenez bien que c’est vraiment intéressant de profiter de ces différents choix qui amènent à une aventure totalement différente parfois, et ce malgré une trame de base qui persiste quoi qu’il arrive (méchant, traître, morts inévitables, etc.). Et parfois, l’aventure est quasiment identique, certains choix n’apportant qu’une scène différente de quelques secondes qui ne change rien ou presque à l’histoire et à la suite. Dans tous les cas, si la bande-annonce de Bloodshore était nanardesque, le résultat final est plus intéressant qu’espéré. Le sujet de la méga corporation qui cherche à profiter de la misère des gens pour se faire de l’argent, le voyeurisme des viewers, le côté show qui enlève tout humanité aux participants, le petit aspect espionnage bienvenu, les scénaristes ont travaillé leur sujet, créant même quelques belles surprises pour mettre en lumière une société actuelle qui court après la surenchère, le divertissement débile et qui n’arrive plus à différencier les limites du bien et du mal si tant est qu’on puisse les définir. Certes, parfois c’est un peu pataud mais il y a des séquences bien amenées qui permettent d’en découvrir plus sur des personnages comme Gav ou Tish, sans parler de notre héros Nick.
Dans l’ensemble, les acteurs jouent majoritairement bien (avec une mention spéciale à la présentatrice et au présentateur du show kill/stream ainsi qu’aux différents viewers mis en lumière qui apportent une dimension supplémentaire pour qualifier la nature humaine), ce qui rajoute en crédibilité et compense des effets spéciaux bien souvent bon marché ou d’autres acteurs qui surjouent bien trop. Ce FMV manque de budget et cela se ressent. Pire, sur Xbox Series X, en profitant de l’expérience sur un téléviseur Panasonic OLED, nous avons souffert de problèmes avec la qualité vidéo. Nous l’avons signalé il y a plusieurs jours à l’éditeur, certaines séquences étant affichées dans une résolution bien plus faible que ce qu’il faudrait. L’image se pixellise, ça floute, c’est plutôt désagréable. Dommage parce que dans le fond, même si tout est loin d’être parfait, ce Bloodshore reste une bonne expérience et la partie sonore reste quant à elle très correcte. De plus, comme la plupart des acteurs jouent bien et que l’ensemble n’est disponible qu’en VO, ça reste agréable. Bien entendu, les sous-titres français sont de la partie mais nous avons pu noter quelques coquilles de tems en temps.
Point complet
Même si tout n’est pas parfait, loin de là, Bloodshore s’avère être une bonne surprise, bien meilleure que ce que nous espérions après avoir vu la bande-annonce nanardesque du titre. Les scénaristes se sont investis dans l’écriture pour apporter plusieurs embranchements, dont certains sont intéressants, tout en donnant un peu plus de consistance à certains personnages principaux. C’est parfois pataud mais ils ont eu la bonne idée, pour rythmer l’ensemble, d’intégrer également le point de vue des viewers, le tout étant animé par un présentateur un peu cliché mais très réussi et une présentatrice pimpante qui apporte une certaine fraîcheur avec sa relation avec les viewers. On se laisse en tout cas prendre à l’histoire et on est curieux d’apprécier les différentes fins, de pouvoir chercher les nouveaux embranchements pour débloquer les nouvelles scènes et on est bien aidé par la suite par RB pour passer certaines scènes déjà vues. Même si le rendu est cheap, même s’il y a des faux-raccords et quelques faiblesses, sans parler de la piètre qualité de l’image à certains moments, Bloodshore arrive à nous séduire avec son ambiance mélangeant Battle Royale, stratégie sociale, espionnage et révélations explosives. En bref, c’est meilleur qu’espéré, sans pour autant venir titiller un Battle Royale bien entendu.
On a adoré : L’option pour le Stream Réglage des sous-titres (taille, couleur, fond) VOSTFR efficace De bons acteurs dans l’ensemble Un sujet intéressant Le petit aspect espionnage Les séquences liées à la perspicacité Le point de vue des viewers Certains choix bien sentis Les codes actuels appliqués La fonction RB par la suite…
On n'a pas aimé : Pas toujours prise en compte L’inégale qualité de l’image Effets spéciaux trop cheap Quelques faux-raccords Quelques scènes téléphonées Coquilles dans les sous-titres Certains surjouent un peu trop Manque d’engagement du scénario sur certains points