Après une dizaine d'épisodes, Assassin's Creed revient au format épisodique, avec une trilogie en 2.5D prenant place à diverses époques et localisations. Passé entre les mains de
Climax UK, la licence tente de se renouveler avec une petite digression nommée
Assassin's Creed Chronicles
. Mais ce dérivé de la série originale présente-t-il un réel intérêt ou permet-il juste d'exploiter toujours plus un univers à succès ?
Une Ombre tu seras…
Globalement, les trois titres d'
Assassin's Creed Chronicles
sont basés sur le même gameplay, avec tout de même quelques ajouts et particularités. Le premier épisode,
China, place le joueur dans la peau de Shao Jun, le dernier assassin de la Confrérie Chinoise, au 16ème siècle, face aux Tigres, alliés des Templiers. Le jeu repose surtout sur l'infiltration, puisque c'est l'approche qui rapporte le plus de points : se faufiler entre les gardes sans être aperçu octroie le rang Ombre. Le rang Assassin repose, quant à lui, sur l'élimination discrète des ennemis, sans donner l'alerte, et le rang Guerrier, le moins récompensé, est attribué aux fonceurs qui tranchent dans le tas sans se soucier de la discrétion. Pour pimenter encore un peu le classement, des médailles sont attribuées (or, argent et bronze), en fonction de la performance effectuée. Ces grades et points récoltés sont importants puisqu'ils permettent de débloquer des améliorations de compétence, santé, inventaire... bien pratiques dans les niveaux supérieurs. Présenté en 2.5D, avec des changements de plan (étages, mais aussi profondeur), le jeu est très agréable à l’œil avec, pour cet épisode, des cinématiques inspirées des estampes chinoises et un style général soigné qui fait mouche. Les ennemis sont variés et se déplacent dans des décors tout aussi variés, avec chacun un cône de vision/cercle de perception, qu'il faut bien sûr veiller à éviter.
Cependant, il n’y a rien de bien sorcier puisqu'ils suivent des rondes fixes et reprennent rapidement leur routine une fois l'alerte passée. Shao Jun dispose de quelques secondes pour quitter le cône de vision avant que l'alerte ne soit donnée. L'assassin dispose de quelques armes et ruses pour traverser les niveaux : son sifflement, pour attirer les ennemis à un endroit propice à une élimination discrète, ou pour simplement dégager le passage. Elle peut aussi créer une diversion à l'aide de pétards ou de fléchettes appeau et, pour finir, elle peut lancer des couteaux. Mais ces items sont en quantité limitée, avec des points d'approvisionnement assez fréquents ! Shao Jun peut également compter sur ses nombreux mouvements en combat pour se sortir des niveaux truffés de gardes, mais le plus intéressant reste de s'infiltrer, le personnage n'étant clairement pas conçu pour le combat, avec une maniabilité un peu raide, rendant vite les combats fastidieux. Le système de cône de vision des gardes est plutôt bien conçu et la possibilité de les attirer où l'on souhaite à l'aide de divers artifices est bien pensée. En revanche, cela crée des situations un peu bizarres. Par exemple, si un garde est étendu raide mort juste devant un autre, mais hors de son cône, le second continuera tranquillement sa ronde. De même, lorsque des gardes sont affectés à une ronde et se croisent, si l'un d'eux disparaît, l'autre ne s'inquiète pas. Ce ne sont que des détails qui jouent un peu sur le réalisme et font sourire.
Du côté de la durée de vie, 5 à 6 heures sont nécessaires pour terminer le titre, en ramassant une bonne moitié des artefacts (rouleaux et informations sur l'univers), un peu plus pour les perfectionnistes ramassant tout et accomplissant les objectifs secondaires (assassinats, libération de prisonniers...) pas toujours évidents. La prise en main se fait très facilement avec les didacticiels intégrés et l'apparition progressive de nouvelles possibilités, qui enrichissent le gameplay jusqu'à la fin. Une fois le jeu terminé, il est toujours possible de refaire les niveaux pour améliorer son score et récupérer les rouleaux manquants. De plus, après avoir fini, le mode Nouvelle Partie + se débloque proposant des gardes plus vigilants et un score x2 pour récupérer les améliorations les plus élevées. Et pour les plus avides de difficulté, le mode NP+Difficile, ne laisse qu'une barre de vie à Shao Jun, des ennemis plus réactifs et surtout la disparition des cônes de vision des ennemis, ce qui relève sacrément le challenge. Globalement, la difficulté n'est pas très élevée pour un premier parcours et les niveaux restent assez linéaires, en particulier à cause des traînées rouges balisant le chemin à emprunter. Cependant, l'expérience reste très plaisante et, si on cherche la difficulté, on peut toujours viser les médailles d'or, qui ne sont pas toujours faciles à obtenir. A noter que la première moitié du jeu est un peu plombée par un tutoriel omniprésent, très clair, mais aussi facile. Il faut attendre la seconde moitié du titre pour trouver des niveaux plus complexes, au level design très bien pensé, jouant sur les différents plans, ainsi que des phases de fuite/poursuite qui apportent un vrai plus.
Sur la piste du Koh-i-Noor
Le second épisode,
India, est quant à lui centré sur Arbaaz Mir, dans l'Inde coloniale du 19ème siècle, sur la trace du Koh-i-Noor, tout en protégeant la princesse Pyara. Ce second épisode garde le même principe mais il se distingue par une palette de couleurs nettement plus vive, localisation oblige. Les cinématiques sont toujours une succession d'esquisses plutôt esthétiques et les décors colorés sont très jolis. Du côté des nouveautés, il est désormais possible de mettre K.O. un adversaire, plutôt que de le tuer, et les armes équipées deviennent le chakram, les fumigènes et le poignard, pour se faufiler partout et attirer les ennemis dans vos filets. Mais fini les points de ravitaillement, il faut désormais dérober les objets aux ennemis variés ! La prise en main se fait nettement plus rapidement que dans le premier et on plonge plus rapidement dans des niveaux un peu plus complexes, même si la difficulté reste modérée et qu'il faut à nouveau compter sur les deux NP+ pour apporter du challenge. Challenge également rajouté par les salles de défi, offrant 6 missions diverses dans un environnement virtuel, missions qui demandent pas mal d'habileté, permettent d'améliorer la prise en main du personnage et se débloquent en fonction du nombre de médailles récoltées. La frappe Hélix s'ajoute à la panoplie de notre assassin, permettant à Arbaaz de se dissimuler et de frapper incognito et rapidement. Les phases de poursuite agrémentent le gameplay de façon assez sympathique, de même que les quelques nouveautés de gameplay, comme le crochetage et le camouflage dans la foule. Légèrement plus difficile que son prédécesseur, il reste cependant très accessible et offre environ 7 heures de jeu.
Un petit détour par la Russie
Puis la trilogie se clôt avec l'épisode
Russia, qui met en scène Nikolaï Orelov au début du 20ème siècle, en plein assassinat de la famille impériale russe, lorsque Nikolaï prend sous son aile la jeune Anastasia, seule rescapée du massacre de sa famille. Les niveaux alternent entre les deux personnages, qui doivent s'entraider (diversion, ouverture de porte, élimination de gardes en mode sniper...) apportant un vrai plus grâce à leur approche différente. Nikolaï est équipé d'un fusil, de fumigènes et d'un treuil. Ce treuil permet de tirer certains objets mais aussi de faire parvenir une décharge électrique à des boîtiers pour couper l'éclairage, ou même d'électrocuter des ennemis proches des prises ou dans des flaques. Notre assassin peut aussi utiliser les téléphones pour attirer les ennemis dans d'autres pièces et quelques scènes de poursuite et de sniper viennent pimenter les choses. Il faut être honnête, les passages en mode sniper sont très basiques mais ils apportent un peu de variété bienvenue. Dans cet épisode encore plus que dans les autres, le combat direct est très difficile, laissant la place à de l'infiltration pure et dure, ainsi qu’à quelques passages franchement délicats à passer. Les décors sont toujours soignés mais nettement moins colorés que le précédent, avec des dégradés de gris et une pointe de rouge, très inspirés.
Le jeu se corse aussi puisque les mécanismes sont amenés nettement plus rapidement, demandant plus de réflexion et de synchronisation, et également d'interaction avec l'environnement, au cours des 7 heures nécessaires pour le boucler. Les salles de défi sont à nouveau de la partie pour offrir un challenge en plus, ainsi que les deux modes NP+ plutôt coriaces. A noter qu'il y a des codes dissimulés dans les trois épisodes, visibles avec la vision d'aigle, qui servent à débloquer une séquence de fin cachée, ajoutant quelques informations au scénario, parfois un peu léger. Dernière remarque, les contrôles sont parfois un peu capricieux, ce qui peut s'avérer rageant lors des phases chronométrées, durant lesquelles la moindre seconde compte. Si les niveaux donnent l'impression d'offrir plusieurs approches, on se rend vite compte qu'une seule tactique permet la médaille d'or Ombre. Les trois épisodes tournent autour d'un coffret légué par Ezio Auditore, que les Assassins doivent protéger des Templiers à travers les époques, avec une histoire supplémentaire propre à chaque épisode. Quelques clins d’œil sont au rendez-vous pour le fan service, que ce soit entre les trois épisodes ou pour la série : on retrouve par exemple les emblématiques Saut de la Foi et la Vision d'Aigle.
Point completCette trilogie offre un gameplay intéressant basé sur l'infiltration, impératif qui s'accentue au fil des épisodes. Elle n'est pas sans faire penser à un certain Prince of Persia à l'ancienne, orienté infiltration, avec un résultat très agréable, même pour les personnes qui n'apprécient pas forcément la franchise. Avec des débuts un peu mous, la série s'améliore pour arriver au très bon Russia. Malgré quelques défauts, ces jeux offrent une expérience sympathique, avec un challenge modulable grâce aux médailles et NP+. Le scénario un peu timide au départ prend toute son importance dans le dernier opus. Les trois épisodes offrent une durée de vie de 15 à 20 heures pour un premier passage, ce qui est plus qu'honnête pour les 24,99€ demandés. Malgré les ajouts et variations, enchaîner les trois épisodes peut s'avérer un peu lassant, il vaut donc mieux prendre le temps de les savourer. Ceci étant, chaque épisode a son point fort : le premier pour la découverte et la prise en main, le second pour ses décors chatoyants et le dernier pour sa globalité, très bien maîtrisé, tant pour l'esthétique que le gameplay ! Bref, c’est une expérience intéressante à un tarif correct, à conseiller aux amateurs d'infiltration.
On a adoré :
+ La direction artistique
+ Mélange infiltration/plateforme réussi
+ Les gadgets et interactions
+ Les niveaux travaillés
+ Le système d'évaluation
+ La Nouvelle Partie + et Difficile
+ Les salles de défi
+ Les phases de poursuite
+ Bonne durée de vie
+ Rejouabilité pour les médailles Or
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On n'a pas aimé :
- Commandes parfois un peu capricieuses
- Premier épisode trop facile
- Combat final parfois décevant
- Répétitif à la longue
- I.A. pas très futée
- Combats rigides et peu agréables
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