Un stade chauffé à blanc. 22 pilotes sur la ligne de départ, le pied sur l’embrayage. Les moteurs montent dans les tours et rugissent quand les portes s’abaissent. L’objectif, sortir du premier virage en tête pour décrocher le Holeshot puis conserver son avance toute la course pour pouvoir brandir la coupe sur le podium ! La saison de Supercross est lancée et Milestone compte bien vous la faire vivre comme si vous y étiez !
On charge les batteries
Avec Monster Energy : Supercross, Milestone essaye clairement de mettre la barre un peu plus haut que pour son précédent opus centré sur le motocross, à savoir MXGP3. On s’attaque cette fois-ci au plus grand championnat de supercross au monde, le Monster Energy AMA Supercross. Cette discipline se concentre sur des courses explosives, sur des circuits courts remplis de bosses souvent tracés directement dans des stades ou des arenas. La course d’introduction aux commandes de Ryan Dungey, trois fois champion dans la discipline, vous permettra d’apprendre quelques bases du pilotage dans le jeu. Elle marque également un premier constat flagrant. Comparé au précédent, Milestone a fait des efforts au niveau de la présentation graphique du titre, utilisant davantage le potentiel de l’Unreal Engine 4. Sans être magnifique, le jeu s’en tire plutôt bien, avec des circuits et des machines bien modélisés, des textures plutôt propres et des effets de lumière convaincants. Quelques détails restent à améliorer, principalement sur les effets de projection de terre et de boue, vraiment très peu marqués, ou encore sur les environnements comme les gradins, les spectateurs, etc. L’animation du pilote est parfois aussi un peu rigide et un peu trop « mécanique ». La recherche du photoréalisme fonctionne néanmoins bien et on retrouve parfaitement l’ambiance des courses, avec des tracés qui fourmillent de détails et qui viennent presque donner l’impression de regarder la course à la télé. Ce sentiment est accentué par les commentaires du speaker TV officiel Ralph Sheheen, ou encore par les effets sonores des machines, plutôt réussis.
La bande-son du menu et celle lors des courses sont très rock, voire carrément métal, et c’est sans grand regret qu’on la désactive dans les options pour jouer avec sa propre musique… Vous pourrez librement courir avec l’un des 22 pilotes du plateau 2017 modélisés (plutôt fidèlement, mais on est encore loin d’un FIFA ou d’un NBA 2K) en jeu, ou choisir de créer votre propre personnage, en sélectionnant parmi l’un des dix skins prédéfinis, puis en customisant librement l’intégralité de son équipement de protection ainsi que l’équipement de sa moto. Pour celle-ci, vous aurez le choix entre les deux cylindrées officielles du championnat, les 250cc et les 450cc, et uniquement aux machines homologuées par la fédération : Honda, Husqvarna, KTM, Kawasaki, Suzuki et Yamaha. Bien qu’il vous faille choisir un constructeur initial, vous pourrez ensuite courir avec n’importe quelle moto une fois celle-ci achetée. On retrouve ensuite de nombreuses licences d’équipement, que ce soit pour votre pilote ou pour sa machine. Casque, masque, gants, maillots et bottes et encore davantage sur la machine avec de nombreuses pièces pour améliorer ses performances et son look : échappement, guidon, suspensions, pneus, jantes, disques de frein… On peut regretter que Milestone n’ait pas poussé les détails en allant jusqu’à modifier le bruit de l’échappement lorsque l’on personnalise celui-ci, les plus motards d’entre vous sachant très bien qu’un Akrapovic ne sonne pas du tout comme un Yoshimura ! On aurait aussi aimé pouvoir librement personnaliser la livrée de sa moto, celle-ci pouvant uniquement être modifiée via des décorations de sponsors et quelques options de couleurs pour les pièces, ou encore de pouvoir customiser librement son casque en lui appliquant formes, couleurs et stickers.
Un gameplay en demi-teinte
Au niveau du gameplay, le jeu mise clairement sur l’accessibilité au plus grand nombre. Nous ne sommes pas vraiment sur une simulation, même s’il est possible d’aller chercher plus de réalisme en désactivant les diverses aides au pilotage, au travers d’un menu à la Forza. Ceci permettra de multiplier le nombre de crédits gagnés en fonction de ce que vous désactivez ou non, la conduite restant globalement très permissive. En quelques heures, vous aurez compris comment répartir le poids de votre pilote sur la machine lors des sauts ou des passages sur les whoops, comment doser votre freinage, via le frein avant ou arrière selon la situation ou encore comment se servir de l’embrayage pour des départs et des sorties de virage explosifs. Les plus experts viendront essayer de passer les bosses avec un whip ou un scrub pour maximiser leur temps, mais ces actions sont scriptées et finalement assez difficiles à réaliser correctement. Gérer les enchaînements de bosses est clairement le plus gros challenge du jeu. On est au final presque sur un jeu de rythme, tant il faudra gérer très finement accélérations, répartitions des masses et réceptions. Sur cet aspect, le gameplay est plutôt réussi, avec de nombreux choix qui viennent apporter une dose de réalisme à la conduite, la gestion séparée du frein avant et arrière en étant un bon exemple. Si vous ratez un saut ou un virage, vous aurez toujours l’option de rembobiner quelques secondes auparavant, encore une fois comme dans Forza. Vous pourrez donc retravailler votre trajectoire et éviter de refaire la même erreur. Cet atout est utilisable sans limite et est aussi désactivable dans les options de course en échange d’un bonus de crédit.
Les sensations de conduite, quant à elles, sont assez inégales. En vue à la troisième personne, on a parfois la sensation que la machine est placée sur un axe fixe et pivote autour de celui-ci. Les animations trop rigides du pilote viennent parfois renforcer encore davantage ce sentiment. Il est possible de jouer en vue à la première personne, via une vue tête ou directement dans le casque, derrière le masque, deux options qui renforcent l’immersion et les sensations, notamment de vitesse, déjà très bonnes. L’IA est tout aussi inégale, parfois capable de prouesses sur certains tracés, elle reste globalement complètement dépassée, ne parvenant pas à venir proposer un véritable challenge, même dans les modes de difficulté les plus durs. La gestion des collisions est aussi étrange, mais une fois passé le premier virage dans lequel tous vos adversaires viennent se percuter, laissant toujours bon nombre d'entre eux au tapis, les autres rencontres avec les pilotes sont un peu meilleures, ceux-ci venant généralement retravailler leur trajectoire pour éviter la collision. Les chocs en l’air sont eux aussi assez mal gérés et il n’est pas rare de retomber sur un adversaire sans aucune conséquence. Enfin, les impacts avec les ballots de paille en bord de piste et les marqueurs de virages reviennent parfois à heurter des blocs de béton infranchissables, au point qu’il est parfois nécessaire de rembobiner pour éviter de se retrouver coincé contre un élément du décor à peine celui-ci heurté, d’autant plus qu’ils restent au milieu de la piste s’ils sont heurtés par un concurrent !
Au niveau du gameplay, l’un des aspects les plus décevants est le peu de modification du comportement des motos sur les différentes surfaces et surtout au fil des tours. Bien que les circuits subissent une légère dégradation visuelle, avec des virages et des crêtes de bosses qui se marquent un peu plus à chaque tour, cela n’a pas franchement une incidence flagrante sur le comportement des motos. Aucun virage ne deviendra très délicat à négocier après quinze minutes de course, inutile donc de viser des trajectoires avec des ornières spécifiques, les sensations de conduite ne changent absolument pas quand bien même les circuits semblent couverts de boue. Cet aspect est vraiment regrettable et montre le manque d’attention aux détails qui règne finalement sur l’ensemble du soft. Concernant les performances, le jeu tourne à 30 fps et souffre malheureusement de ralentissements, et ce même sur Xbox One X. Les pires instances sont lors des départs, quand les 22 pilotes sont alignés sur la ligne. Le jeu souffre aussi de micro freeze, souvent au moment de passer par la ligne d’arrivée. Enfin, pour les plus impatients, il est bon de noter que les temps de chargement sont particulièrement longs…
Un manque de contenu ?
Là où le jeu déçoit le plus, c’est finalement dans les modes de jeu qu’il propose. On retrouve le mode Epreuve Unique, qui vous invite à courir dans la catégorie de votre choix avec un pilote professionnel ou votre pilote personnalisé, sur l’un des 17 circuits officiels, Le mode Championnat, dans lequel vous enchainez les courses pour gagner le plus de points possible, un mode contre-la-montre et le mode Carrière, qui n’est guère plus que le mode championnat auquel Milestone est venu ajouter la possibilité de déverrouiller différents sponsors. Le mode Carrière manque donc clairement de contenu pour donner envie de le parcourir dans son intégralité et de courir l’ensemble des championnats. Il aurait fallu un peu plus de scénarisation par exemple ou de vrais objectifs d’évolution. Ici, tout se résume à gagner quelques courses pour avoir accès à de nouveaux sponsors et à consulter les quelques commentaires nous mentionnant sur les « réseaux sociaux », ce qui au final n’apporte absolument rien à l’expérience. Un mode raté donc, qui mérite clairement un enrobage beaucoup plus conséquent pour parvenir à convaincre.
Enfin, un mot sur le mode multijoueur. Celui-ci est on ne peut plus basique, vous proposant de choisir un circuit et d’affronter jusqu’à onze autres pilotes. Les lobbys étant très rarement pleins, vous aurez l’option d’attribuer une IA aux pilotes manquants, ce qui vient au final limiter un peu plus l’intérêt du mode. A noter que le mode ne dispose pas de serveur dédié et qu’il n’est pas rare de subir lags et freezes en pleine course. Ce n’est donc clairement pas ici que vous passerez des heures en ligne à affronter vos rivaux. Pour conclure, parlons d’un aspect du jeu particulièrement attendu, l’éditeur de circuits ! Un must dans un tel jeu, celui-ci est convaincant mais reste cependant perfectible. Complet dans l’échantillon de bosses, virages et whoops qu’il propose, il n’existe par contre aucune option de personnalisation visuelle des environnements, ni même des revêtements de piste. Pour apprendre à le maîtriser, il vous sera proposé un set de courtes vidéos de tutoriels qui vous apprendront les bases de la création. Vous pourrez ensuite librement assembler le circuit de vos rêves et vous vous rendrez vite compte qu’imaginer un circuit fun et efficace n’est pas la chose la plus facile ! Au final, vous pourrez y passer plusieurs heures pour obtenir le tracé parfait, puis vous pourrez ensuite le partager avec la communauté, voire affronter d’autres joueurs en ligne sur votre création.
Article rédigé par Arnaud / Moshi
Point completLoin d’être un mauvais jeu, Monster Energy Supercross nous laisse néanmoins un goût de trop peu. Globalement agréable à regarder et à jouer, il est clairement une évolution face à son prédécesseur MXGP. Mais il souffre d’un contenu un peu trop light, notamment à cause d’un mode carrière sans grand intérêt, calqué sur une formule qui n’évolue plus. Accessible, on prend rapidement plaisir à enchaîner les bosses en rythme et à écraser une IA inégale, qui n’opposera pas vraiment de résistance même en difficulté élevée. On lui reprochera néanmoins son gameplay manquant d’attention aux détails. Les fans de sports mécaniques et particulièrement de motocross trouveront clairement leur compte et passeront facilement outre ses quelques défauts, d’autant que le jeu fait clairement cavalier seul dans cette catégorie actuellement.
On a adoré :
Gameplay fun et dynamique
Graphiquement réussi
Ambiance globale
Bonne impression de vitesse
Fidèle à la réalité : règles, circuits, machines
Nombreux éléments de customisation sous licence
Editeur de circuit intuitif, bien que perfectible
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On n'a pas aimé :
Manque d’attention aux détails
Impossible de personnaliser la livrée des casques et motos
Animations des pilotes un peu rigides
Mode carrière sans intérêt
Peu d’impact des sols et dégradations du circuit
L’I.A. n’offre pas beaucoup de défi
Temps de chargement
Ralentissements et micro freeze en course, même sur One X
Pas d’écran splitté
Multijoueur en ligne très basique
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