
Peu de développeurs parviennent à susciter autant d’impatience chez les joueurs que Rockstar Games. Après GTA V, le jeu de tous les records, le studio revient en force avec Red Dead Redemption 2, attendu depuis son annonce comme le jeu de l’année, voire le jeu de la génération. Préquelle à Red Dead Redemption, ce nouvel opus se déroule une dizaine d’années avant l’aventure de John Marston. Vous y incarnez à nouveau un hors-la-loi, Arthur Morgan, membre du fameux gang Van der Linde, dont les fans reconnaîtront le chef, Dutch. Attrapez votre .44 Magnum et en selle pour parcourir les étendues sauvages du far-west !
Souci du détail, le monde, cette star !
Après un braquage raté dans la ville de Blackwater, le gang de Dutch Van der Linde est en fuite. Forcé de se réfugier vers l’est pour échapper aux hommes de loi et aux chasseurs de primes envoyés à leur trousse, le gang se retrouve en triste position, coincé par une tempête de neige. Leur seul but : survivre. Il est important de noter que le jeu commence lentement, marquant immédiatement une volonté d’accentuer au maximum les détails de l’environnement, avec un réalisme exacerbé. Ainsi, le titre se démarque immédiatement des précédentes productions Rockstar et surtout de GTA V. Pas question ici de tirer sur tout ce qui bouge sans réfléchir, on est très loin d’un simple Grand Theft Auto au temps des cowboys. Le jeu vous guide doucement au travers de ses différentes mécaniques, vous imposant donc son rythme pour les trois à quatre premières heures, installant au passage la bande de Dutch et vos compagnons d’infortune. Vous incarnez Arthur Morgan, bras droit de Dutch et protecteur de son petit groupe de bandits, devenu une véritable famille. C’est donc tout naturellement que vous vous attacherez aux différents protagonistes, vous qui êtes chargé de veiller sur eux mais aussi de faire en sorte que leurs conditions de vie soient décentes. Arthur et le gang sont très convaincants, servis par une très bonne écriture et par un doublage anglais de qualité. C’est sans aucun doute qu’une fois encore Arthur et sa bande deviendront des personnages mémorables, bien que la vraie star de cet opus soit le monde en lui-même. L’environnement en monde ouvert vient directement s’inscrire comme l’un des open world les plus impressionnants du jeu vidéo, si ce n’est le plus impressionnant.
Paysages de plaines spectaculaires, montagnes couvertes de neige, marécages dans le Bayou… Faune et flore, météo dynamique, habitants… Rockstar est parvenu à créer un univers extrêmement convaincant, qui fourmille de vie et dans lequel on prend plaisir à se perdre. Et c’est exactement ce que le jeu vous invite à faire. Avec un système de voyage rapide très réduit (uniquement accessible depuis votre campement vers une ville ou entre deux stations de train), votre plus fidèle compagnon est votre cheval, avec lequel vous nouerez rapidement un lien d’affection. C’est en chevauchant à travers cet environnement riche en rencontres que vous interagirez naturellement avec de nombreux personnages, parfois pour simplement leur venir en aide après un accident, parfois pour les aider à résoudre des quêtes bien plus grandes. Au-delà donc de la centaine de missions plutôt classiques et parfois un peu répétitives, à l’image des productions Rockstar habituelles, qui composent l’histoire, de très nombreuses quêtes annexes seront à découvrir via ces rencontres dynamiques. Le climat social de l’époque est lui aussi particulièrement présent. Premièrement au travers de son casting de personnages et particulièrement des minorités qui le composent. Vous assisterez à des lynchages publics, des rebellions d’esclaves, des rencontres du Ku Klux Klan, des combats pour le droit de vote des femmes ou encore à la persécution des peuples natifs. Un véritable cours d’histoire sur l’époque, sans pour autant sombrer dans le politiquement correct dégoulinant de bons sentiments.
I’m a poor lonesome cowboy
Pour ceux qui cherchent un pur jeu d’action, Red Dead Redemption pourra parfois sembler trop lent. Chevaucher plusieurs dizaines de minutes pour rejoindre un objectif de quête pourra sembler ennuyant pour les moins patients et ceux qui arriveront le moins à s’imprégner de l’univers. Parfois proche d’une simulation de cowboy, le jeu pousse ainsi le réalisme jusqu’à son système de micro-management d’Arthur et de son cheval. Vous devrez donc veiller à vous nourrir pour conserver votre énergie et votre santé, mais aussi à vous habiller en conséquence pour ne pas mourir de froid par exemple. Même chose pour votre cheval qu’il faudra nourrir, mais aussi nettoyer et brosser pour s’assurer qu’il puisse vous emmener à destination. Si celui-ci meurt, c’est pour de bon. On retrouve donc les codes d’un jeu de niche tant Rockstar a poussé les détails à leur paroxysme, ces mécaniques apportant au final moins au gameplay qu’elles ne servent le réalisme et l’immersion. La volonté de réalisme se ressent aussi sur le gameplay en lui-même, et la façon dont se déplace Arthur, beaucoup plus lente et calculée que dans un open-world classique.
Chaque action est répercutée à l’écran, depuis la fouille d’un corps jusqu’à l’ouverture d’un coffre et au ramassage objet par objet de son contenu. Si vous chassez, vous dépècerez l’animal pour récupérer sa peau, avant de la stocker sur votre cheval. Idem pour les combats et la gestion de vos armes, pas question ici de transporter des dizaines de fusils dans un sac invisible, vous sélectionnerez vos armes rangées sur votre cheval, tout en étant limité dans le nombre que vous pouvez porter. Il faudra aussi les entretenir pour assurer leur bon fonctionnement, ce qui sera parfois synonyme de vie ou de mort. Les gunfights eux aussi abordent le même rythme, Arthur se mettant à couvert lentement avant de prendre le temps d’aligner ses cibles, avec plus ou moins de précision en fonction de votre armement, lui aussi particulièrement convaincant dans son comportement. Vos armes n’ont pas l’air démesurément puissantes et il faudra donc faire en sorte que vos tirs comptent. Pour vous aider, le « dead eye » est de retour, vous permettant, une fois rempli, de déclencher un ralenti afin de marquer finement un ou plusieurs ennemis avant de faire voler les balles.
La mort avant le déshonneur
Enfin, le système d’honneur viendra aussi jouer un rôle sur la façon dont votre environnement vous percevra et réagira à votre présence. Aidez une personne et il est fort possible qu’elle vous reconnaisse plus loin dans l’aventure, allant même jusqu’à vous rappeler dans quelles conditions vous l’avez accompagnée, mais volez ou battez-vous avec un autre et préparez-vous à ce qu’il devienne votre ennemi pour la vie, et qu’il soit prêt pour le round 2 lors de votre prochaine rencontre en ville ou dans un saloon. Le jeu est rempli de petits moments comme ceux-là et en devient clairement bluffant tant chaque PNJ arrive à sembler unique et vivant. Grâce à LT, vous pourrez interagir avec tous les personnages, que ce soit pour les saluer, les menacer ou même les braquer ! Cette simple option vient réellement insuffler la vie dans cet univers et avec plus de 300 000 animations dédiées aux personnages, vous ne manquerez pas de remarquer de minuscules détails qui viennent encore davantage renforcer le sentiment d’être au cœur d’un environnement peuplé de gens réels.
Le système de recherche viendra lui punir vos méfaits. Si un témoin vous voit commettre un crime, préparez-vous à avoir les équipes du shérif, voire des agents fédéraux, sur le dos. La fuite est une option mais venir à bout de tous vos poursuivants en est une autre. Quoi qu’il en soit, la prime sur votre tête persistera et il faudra la payer pour pouvoir à nouveau vous déplacer sans encombre sur le territoire où vous avez commis votre crime. Ce système n’est pas sans faille et est parfois même un peu frustrant. Vous défendre lorsque l’on vous tire dessus ne vous empêchera pas de devenir la personne recherchée et il arrivera que même au milieu de nulle part, un témoin parvienne quand même à rapporter votre crime aux autorités, ce qui tranche un peu avec le réalisme global du jeu. La dizaine d’années de développement derrière Red Dead Redemption 2 se ressent donc en permanence et son apogée réside dans la beauté du titre.
En 4K native sur Xbox One X, le jeu est tout simplement magnifique, à tel point que les cinématiques sont souvent moins belles que le jeu en lui-même. Petit point noir avec la gestion du HDR, particulièrement inefficace donnant un rendu passé et des couleurs ternes. En effet, le jeu est bien plus beau avec le HDR désactivé, fait rapporté par de très nombreux joueurs, mais qui risque de varier d’un écran à l’autre et qui sera probablement résolu lors d’un futur correctif. Le son est lui tout aussi réussi, que ce soit dans les bruitages que dans la musique qui viendra accompagner vos chevauchées de manière parfaitement épique. La technique est donc exemplaire, le titre déborde de détails et respire la passion et le travail acharné d’un studio et de toutes les personnes impliquées dans son développement. Ils peuvent réellement se féliciter d’avoir créé un véritable chef d’œuvre. En effet, RDR2 n’a que peu de points réellement négatifs, et pour avoir un œil critique, nous pourrons notamment reprocher un gameplay souvent peu intuitif, voire parfois maladroit. La gestion via une touche presque unique (LT) ouvrant un menu contextuel peut parfois entraîner quelques mésaventures (sortir son arme à un moment inopportun, tirer alors qu’on ne le voulait pas, voire frapper son cheval alors qu’on voulait simplement le caresser…). Lors des premières heures de jeu, il n’est pas rare que le jeu fasse tout l’inverse de ce que le joueur souhaitait faire, voire que celui-ci soit clairement contre-productif, inversant dans certaines scènes les touches pour viser et tirer par exemple. Bien que clairement un défaut, ceci ne vient pas franchement entacher la qualité du jeu et le plaisir que l’on prend à le parcourir. C’est sans aucun doute un must have à découvrir, et un très sérieux prétendant au titre de jeu de la génération.
Point completRed Dead Redemption 2 prouve avec brio la puissance technique et narrative des studios Rockstar. Le jeu s’impose immédiatement comme la référence en matière d’open world, avec un environnement au niveau de détail encore jamais vu dans lequel chaque personnage semble avoir sa propre vie et son importance. Bien qu’il ne soit pas particulièrement innovant dans les quêtes qu’il propose ou bien même dans son histoire, il possède un degré de réalisme particulièrement poussé et arbore un rythme beaucoup plus lent qu’à l’accoutumée. Le jeu nous plonge donc réellement dans son univers pour transformer la moindre interaction, voire les tâches les plus simples en du pur divertissement vidéoludique. C’est là qu’il innove, montrant que la surenchère de combats et de pluies de balles ne sont pas les seules clés d’un jeu réussi. On s’écarte donc un peu de la recette Rockstar classique, et Red Dead Redemption 2 nous offre souvent plus une simulation de hors-la-loi qu’un film de western interactif. Et c’est une bonne chose, tant on apprécie explorer cet univers et découvrir lentement tous les détails qu’il a à offrir.
On a adoré :
Le plus bel open world du jeu vidéo
Un niveau de détails inégalé
Histoire principale, quêtes annexes, foule d’activités…
Techniquement impressionnant
Rythme lent poussant le réalisme et l’immersion au max…
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On n'a pas aimé :
Mais qui déplaira à ceux cherchant un pur jeu d’action
Quêtes peu innovantes…
Voire parfois un peu répétitives
Des contrôles approximatifs via un menu contextuel hasardeux
HDR mal implémenté
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