Cette génération actuelle, qui vante désormais les mérites du 60 fps ou encore de la 4K, sans forcément toujours tenir ses promesses, est surtout la génération des remakes / remasters / portages. Aujourd’hui, nous allons justement parler d’un portage, celui de Titan Quest, titre sorti en 2006 sur PC. THQ Nordic a souhaité le proposer sur nos consoles avec le soutien d’Iron Lord. Aventurons-nous donc dans la Grèce antique pour affronter des créatures mythologiques dans ce hack’n slash qui était à l’époque une super alternative à Diablo 2. Qu’en est-il aujourd’hui, douze ans après sa sortie initiale ? Le titre a-t-il toujours les épaules solides ? Comment s’en sort-il face aux standards actuels ? L’adaptation console est-elle réussie ?
Nom de Zeus, les titans attaquent
Avant d’être jeté dans le combat, il faut créer son avatar. Point d’outil de personnalisation démesuré ou de choix de classe, nous n’avons que deux options : le choix du sexe et celui de la couleur de la tunique. Ceci fait, vous vous retrouvez sur une plage, seul. Votre premier objectif est de rejoindre un village un peu plus loin. C’est le début des emmerdes puisque vous croisez rapidement des satyres et autres centaures. Rien de choquant, les créatures et autres monstres mythologiques se baladent librement avec la seule envie d’en découdre ! A l’image d’un Diablo, chaque déplacement se fait au rythme de la castagne. Il est ici question de pourchasser les Titans qui ont réussi à s’échapper des Enfers où Zeus les enferma jadis.
La question qui brûle les lèvres, c’est bien entendu de savoir si le gameplay convient au monde des consoles. Si le passage de Diablo 3 s’est fait sans trop de casse, celui de Titan Quest est loin d’être un exemple. Cela commence avec le système de visée qui est archaïque. Dès lors que vous appuyez sur une des touches d’attaque, votre personnage ciblera un ennemi pour lui envoyer des mandales. S cela semble normal, ce qui l’est moins, c’est qu’il ne ciblera pas forcément l’ennemi le plus proche, et ce sans raison apparente. Vous pouvez bien changer de cible grâce au stick droit mais ce ciblage aléatoire cause bien des troubles en jeu. Vous avez également la possibilité de faire apparaitre un cône de visée mais son utilisation n’est clairement pas des plus pratiques. Il arrivera que votre avatar tape à côté. Si vous laissez la touche d’attaque enfoncée, votre avatar enchaînera les attaques, allant de cible en cible une fois la précédente mise à terre. Sur D3, chacune des touches de la manette servait à une attaque ou pour la prise de potions...
Ici, il faut composer avec deux boutons standard et la croix directionnelles permettant à elle seule d’utiliser huit attaques (un sort par direction, LT/RT permettant de faire « pivoter » la croix pour accéder aux quatre autres). Ce n’est ni pratique, ni intuitif ! Il aurait été tellement plus simple pour une fois de copier la concurrence… Concernant les déplacements, le jour de la sortie, votre personnage montrait une certaine latence entre le moment où vous lâchiez le joystick et le moment où il s’arrêtait réellement. Cela a été patché entre temps mais nous nous devions de le signaler. Espérons que le studio réagisse vite en ce qui concerne les errances liées au ciblage et à la gestion des sorts. A noter qu’il est possible d’équiper deux armes et de switcher avec B.
Pour Sparte ! Progression, interface et technique
L’un des plus gros points forts du jeu, c’est la progression de votre combattant. A chaque mission accomplie, à chaque ennemi abattu, vous accumulez de l’expérience, ce qui vous permet de monter de niveau. A chaque level-up, vous gagnez deux types de points : 2 points servant à faire monter vos statistiques de base (santé, énergie, intelligence, force et dextérité) et 3 points de maîtrise (vous disposez de huit arbres de compétences comme la nature, la tempête ou le chasseur). Nous allons nous attarder quelque peu sur ces maîtrises, qui représentent en quelque sorte les classes de Titan Quest. Dès le niveau 2, vous pourrez investir dans votre première maîtrise puis, au niveau 8, dans la seconde. Vous avez la possibilité d’investir tous vos points dans une seule maîtrise, comme à l’inverse de devenir une bi-classe dès ce niveau 8, ce qui offre 32 possibilités de combattant ! S’ajoute à cela le fait que chaque maîtrise dispose de son propre arbre de talents, dissocié de votre niveau de personnage.
En effet, chaque compétence demande un niveau de maîtrise différente pour pouvoir être acquise. A vous de vous poser la question suivante : « je dispose de points de maîtrise : je les investis dans des sorts existants pour les booster ? J’achète un nouveau sort ? Je les investis dans le niveau de maîtrise pour aller atteindre des paliers plus hauts pour débloquer de nouvelles compétences ensuite? ». Les possibilités pour votre personnage sont juste immenses. Il est possible de modifier une partie de l’allocation de ces points auprès du Mystique, mais ce prix augmentera à chaque utilisation… Bien entendu, le loot fait également partie intégrante de l’aventure, avec différents paliers de rareté, des pré-requis de statistiques, etc. L’inventaire est géré de façon assez simple, l’utilisation de la manette ne posant pas de problème sur ce point. L’interface est assez sobre mais elle aurait mérité quelques petites retouches, comme l’ajout d’un suivi de quêtes sur l’écran, afin d’éviter X allers-retours dans le journal de quêtes quand nous avons été inondés de quêtes, ou des menus remis au goût du jour, le jeu n’ayant pas évolué depuis la version d’origine.
Vis-à-vis de la concurrence, cela manque de clarté et surtout de praticité et de confort pour le joueur. Concernant la technique, nous arrivons sur le deuxième point qui pourrait fâcher. Le jeu accuse le coup et son âge, ce qui est notamment perceptible au niveau des textures. Le fait d’avoir eu quelques jours après sa sortie les options de suppression du cap 30 fps et l’ajout de la 4K n’ont pas aidé plus que cela. La résolution d’affichage est une chose, celle des textures en est une autre. A choisir, nous aurions préféré des textures réellement retravaillées, quitte à se priver de la 4K. Le fait de zoomer accentue encore cette impression que nous jouons à un titre ancien. Pire, nous avons rencontré quelques chutes de framerate visibles lorsque nous avons zoomé sur un combat comportant de nombreux opposants. C’est limite ! Le titre est intégralement doublé en français : le texte des quêtes, les dialogues, tout ! Le doublage est de qualité, tout comme la bande-son qui est simple mais vraiment en adéquation avec le thème.
Contenu, monde et multi
L’autre point fort du titre, c’est clairement son contenu. Commençons par le bestiaire des plus sympas et variés. La trame principale vous prendra plusieurs dizaines d’heures pour être bouclée et les nombreuses quêtes secondaires apportent tellement de contenu qu’il y a de quoi s’y perdre. Le monde proposé, qui vous permettra de visiter la Grèce mais aussi d’autres contrées, est immense. Il vous sera d’ailleurs possible d’utiliser des portails pour se téléporter et gagner un temps précieux. Le titre propose du multijoueur, allant jusqu’à six en ligne, mais nous noterons surtout l’absence de coop locale à ce jour (prévue dans une mise à jour plus tard, mais quand ?), ce qui est fort dommage. Nous pensions faire face à une édition « GOTY » ou « Définitive », comme nous le voyons souvent sur console lors des portages / remasters, mais il n’en est rien ici puisque l’extension Ragnarok st absente.
L’avis perso d’Hervé // Portage fainéant… Gros fan de H&S ayant bouffé des heures, des jours, que dis-je, des semaines ou des mois sur les Diablo, je me devais de faire ce Titan Quest un jour et je me suis lancé sur ce qui m’avait été présenté comme un monstre du genre ! Du coup, je me suis lancé sur ce test avec la version PC en parallèle, qui trainait dans ma bibliothèque Steam (sans fond), afin de pouvoir estimer et jauger la progression entre le titre d’origine et la version console 2018 (l’original étant de 2006 pour rappel). Point de vue contenu, durée de vie et surtout histoire, on est sur du solide (en même temps ce scénario a été écrit par le co-fondateur d’Age of Empires II, Brian Sullivan, et l’écrivain/scénariste de Braveheart, Randall Wallace). Le système de maîtrise proposé est réellement intéressant et permet une multitude de templates pour notre personnage. A côté de cela, surtout en ayant la version PC juste à côté, je ne peux que penser que le titre « current gen » ne semble être qu’un simple portage paresseux du titre original, auquel il manque une extension ! La technique ne fait pas tout mais pour le coup c’est un peu limite. De plus, l’adaptation du gameplay « clavier / souris » vers « manette » ne s’est pas faite sans mal. Je ne doute pas qu’à sa sortie le jeu devait être énorme mais aujourd’hui nous étions clairement en droit d’attendre un vrai refresh du titre.
Je ne demandais pas de toucher à l’identité du jeu, juste de le rendre visuellement un peu plus dans l’air du temps et surtout d’adapter la jouabilité, les menus et l’interface au monde console. L’absence de la coop locale (prévue à une date inconnue) est également un point négatif pour moi. La comparaison avec Diablo 3 est clairement légitime et elle me pousse justement vers ce dernier, la transition PC/console ayant été bien plus réussie. Mon bilan n’est pas tout noir pour autant, même s’il est vrai que j’accentue plus mes déceptions. Le jeu reste tout à fait jouable, il propose une épopée attrayante mais il faut clairement prendre conscience que le titre proposé aujourd’hui sur console n’est pas un remaster comme l’a été Shadow of the Colossus sur PS4 par exemple. C’est juste un simple portage du jeu de 2006, fait en l’état. Du coup, si vous possédez un PC, je ne peux que vous suggérer de (re)faire le titre sur cette plateforme (surtout vue la différence de prix entre les éditions : 15-20€ la standard sur PC et 30-35€ la complète alors que nous sommes à 30€ la standard sur console). Si vous aimez les H&S avec un bon lore, un gros contenu et que vous voulez voir autre chose que du Diablo, le jeu reste tout de même sympathique à parcourir en prenant bien en compte les points listés dans mon avis. |
Point completTitan Quest est un bon jeu qui a su briller sur PC. Sur nos consoles, nous découvrons tout ce qui a fait sa force en 2006, comme son ambiance, son bestiaire, sa trame principale qui nous happe des heures durant, sans parler des multiples quêtes annexes qui renforcent encore plus la durée de vie. Mais le titre souffre clairement d’un portage paresseux qui s’est limité au strict minimum. Toujours pas de multi local, une extension Ragnarok aux abonnés absents, une interface qui n’est pas adaptée au support, une technique dépassée et un gameplay qui n’a pas été correctement adapté à la manette, voilà tout autant d’arguments qui feront pencher la balance en faveur de la concurrence, représentée par Diablo 3 en l’occurrence. De fait, les développeurs se coupent d’une partie du public alors que justement ils auraient pu toucher bien plus de personnes avec un minimum de travail…
On a adoré :
L’ambiance mythologique
Des boss d’anthologie
Durée de vie énorme
Le système de maîtrise
Bestiaire varié
Multi à six
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On n'a pas aimé :
Portage très paresseux
Interface inadaptée à la console
Où est le DLC Ragnarok ?
Gestion des sorts et de la visée pas intuitive
Absence de multi local à ce jour (prévu en MaJ) |