À moins de vivre au fond d'une grotte, il est quasi impossible de passer à côté de The Division en ce mois de mars. Le jeu annoncé en 2013 par Ubisoft est enfin sorti, après quelques reports, une alpha, une bêta fermée puis une ouverte, dont les retours étaient plutôt bons. Attendu au tournant après les déceptions Watch_Dogs et Assassin's Creed Syndicate, Ubisoft semble avoir mis les bouchées doubles pour proposer un titre abouti. Le pari est-il tenu ?
Diviser pour mieux régner…
The Division se sera fait attendre, faisant monter la hype au cours de ces derniers mois. Tantôt déçus, tantôt emballés, les joueurs y sont allés de bon coeur sur les forums, où le jeu a quelque peu divisé. Amateurs de réalisme pur et dur, soyez prévenus, vous risquez d'être déçus. Jeu d'action à la troisième personne, aux nombreux penchants RPG et MMO, The Division se rapproche davantage d'un Destiny ou d'un Borderlands que d'un Metal Gear Solid. Comprenez par là qu'un simple headshot ne suffit pas à tuer un ennemi et qu'avant de trouver de l'équipement puissant et de qualité, il faut envoyer du chargeur entier dans la face d'un ennemi pour le coucher. Mais ce qui peut sembler être un défaut fait finalement la force du jeu (nous y reviendrons plus tard)... Côté scénario, ne vous attendez pas non plus à quelque chose d'extrêmement développé, les cut-scenes étant peu nombreuses et les indications se trouvant principalement dans des dizaines d'enregistrements à trouver dans la ville. Pour résumer : un virus a décimé la population, se transmettant via les billets de banque et profitant du black friday annuel aux Etats-Unis pour se propager à vitesse grand V. Vous, joueur, êtes un agent de la Division, appelé en renfort, pour reprendre le contrôle de Manhattan, rétablir le gouvernement et découvrir les origines du virus. Pour cela, il faudra rencontrer des personnes influentes, les recruter et développer et améliorer votre base. Celle-ci est divisée en trois ailes : médicale, technologique et sécurité.
Chaque aile comporte son lot de missions, qu'il faudra compléter pour gagner des points d'amélioration, permettant de débloquer de nombreux bonus pour votre personnage (soin des alliés, grenade explosive, amélioration des couvertures, tourelle défensive et bien d'autres que nous vous laissons découvrir). Ces améliorations sont nombreuses et souvent utiles, mais vous ne pouvez en équiper que deux à la fois, plus une troisième un peu plus tard. Les missions se divisent en trois catégories : les missions principales évidemment, qui rapportent le plus d'XP, les secondaires, qui permettent également de débloquer des armes, accessoires ou plans de fabrication, et des événements pour gagner, en plus de l'XP, des points d'amélioration pour la base. Les missions secondaires sont la plupart du temps intéressantes et variées (même s'il s'agit globalement de buter de l'ennemi) et permettent de visiter des lieux inédits (égouts, centres commerciaux, bâtiments) et en variant les objectifs (extraction de civils, découverte d'élément se rapportant à l'histoire, nettoyage de bâtiments ou de zones). Les événements, représentés par des triangles de couleur sur la carte, se déroulent la plupart du temps en ville. Il faut par exemple sauver des otages, protéger des ravitaillements ou aider les policiers locaux à se battre contre des gangs. Bien que ces événements se répètent, la variété des quartiers où ils se déroulent, ainsi que le level design général, font que la lassitude ne vient pas.
Manhattan est en effet divisé en plusieurs quartiers bien distincts, renouvelant sans cesse l'action et les approches. Comme dans tout bon RPG, votre personnage grimpe en niveau en accomplissant tout cela, lui permettant d'accéder à de nouveaux équipements (armures, armes), tout pouvant être moddé et amélioré (les talents comme les armes). Le système de couverture est clair et efficace, bien que certains passages d'un emplacement à un autre posent parfois soucis, le personnage ne se positionnant pas toujours comme on le souhaiterait. On peut également tirer à l'aveugle et effectuer des roulades d'esquive. Côté armement, le jeu est assez classique et permet de s'équiper de trois armes en même temps. On trouve des fusils à pompe, des snipers, des fusils mitrailleurs ou autres pistolets et magnums. Leurs caractéristiques sont à prendre en compte car vos attributs principaux proviennent du matériel équipé. À vous de voir si vous choisissez de vous spécialiser dans le dégât de vos armes, votre santé ou la puissance de vos compétences, ou si vous préférez un style équilibré. Il faudra donc tester du matériel, le changer, l'améliorer, pour trouver les meilleurs compromis. En solo, le mode normal peut déjà poser quelques soucis si le joueur n'a pas le level suffisant, les quêtes secondaires n’étant pas à négliger pour monter en niveau et looter du bon matos.
Bienvenue dans la Dark Zone…
Chaque quête principale indique un niveau recommandé pour le joueur, n'espérez donc pas terminer une quête recommandée niveau 20 si vous n'êtes que niveau 15, ou vous risquez de sacrément galérer. Chaque mission est jouable jusqu'à 4 en coop, sachant que le nombre d'ennemis est adapté en conséquence en se basant sur le niveau max de l'équipe. Pour trouver des joueurs, direction les planques à débloquer au préalable. Ces mini-hubs regroupent les joueurs présents et il est donc possible de les inviter directement ou de lancer un tchat. Les rencontres sont donc facilitées et les équipes se forment assez naturellement. La coop peut se révéler très intéressante dans les modes de difficulté plus élevés (sachant que le mode expert se débloque une fois le niveau 30 atteint, tout comme les défis journaliers). Si les ennemis de base sont plus ou moins résistants, les élites sont des sacs à points de vie, il faut pas mal de chargeurs ou de grenades pour en venir à bout. Une bonne coordination d'équipe est primordiale et le level design, intelligent, permet également de préparer des attaques. Malheureusement, l'I.A. n'est clairement pas le point fort du jeu. Les ennemis de base se mettent à couvert, vous lancent des grenades et se sacrifient parfois en fonçant sur vous, mais leur comportement part souvent en vrille… Ils passent parfois devant vous en courant sans vous capter. Mais le pire, ce sont les boss, complètement débiles.
On jubilera dans un premier temps lors du premier duel face à un sniper en planque, avant de comprendre la technique pour l'avoir à tous les coups et sans forcer. Les gros balourds surarmés se contentent eux d'avancer vers vous en arrosant et il suffit la plupart du temps de les contourner pour les exploser dans le dos. Leur résistance fait qu'il faudra être patient, en faisant attention à leur puissance de feu élevée en mode difficile. Le loot est très important dans The Division et, sans matos et armes de qualité, vous n'irez pas loin. Durant la campagne principale, on trouve de quoi faire et on peut également fabriquer soi-même des mods à ajouter aux armes, en plus de tout ce qu'il faut pour se protéger. Mais là où vous trouverez le loot le plus intéressant, c'est au coeur de Manhattan, dans la Dark Zone. Véritable jeu dans le jeu, la Dark Zone est une zone de quarantaine livrée à elle-même, quasi abandonnée, où l'anarchie règne. Tel un Snake Plissken dans Los Angeles 2013, vous pouvez vous y rendre pour flinguer de l'ennemi et looter du super matos. Seulement voilà, tout ce que vous trouverez dans la Dark Zone est infecté et il faudra passer par la case décontamination et extraction en hélicoptère. Et c'est là que les agents renégats montrent le bout de leur nez.
Être ou ne pas être un renégat ?
Un agent renégat, c'est un joueur comme vous et nous qui, alerté par l'extraction qui se profile, décide d'attaquer les agents qui l'organisent. Concrètement, vous n'êtes jamais à l'abri d'un joueur un peu chaud ou d'une trahison. Une équipe de 4 joueurs vous ayant aidé à accomplir des missions dans la Dark Zone pourra se retourner contre vous et vous piquer tout le loot. Seulement voilà, dès qu'un agent passe renégat, il est indiqué sur la map et à la merci des autres joueurs. La tension est palpable, notamment lors des extractions où les joueurs sont plus que tendus, à l'affût d'un excité de la gâchette, car en cas de mort définitive, le loot est perdu. La Dark Zone propose ses propres événements, son propre système d'évolution et des armes inédites, sans compter bien sûr beaucoup d'ennemis gérés par l'I.A. très résistants. Des dizaines et des dizaines d'heures sont à prévoir pour peu que vous accrochiez au système. Techniquement, The Division est une réussite et on peut même dire que le jeu est souvent magnifique. Toujours fluide, l'aire de jeu est grande et variée, il est possible de rentrer dans des immeubles, d'aller sous terre et sur les toits des immeubles. New-York sous la neige est superbe, le cycle jour/nuit est bien géré et le temps est variable.
Visitez un quartier de jour en plein soleil et revenez-y en pleine nuit pendant une tempête de neige, vous aurez l'impression d'être dans un nouvel endroit. Les détails sont très nombreux, les effets de lumière superbes, tout comme les reflets (vitres, flaques). Les déchets s'amoncellent dans les rues et de très nombreux éléments sont destructibles. Voir les dégâts sur les voitures après une fusillade est vraiment jouissif. De plus, la neige reste au sol et sur les véhicules, fondant quand le soleil revient, ce qui donne également une foultitude de détails réussis. Le jeu est qui plus est très propre (aucun aliasing) et propose une excellente distance d'affichage. On peut simplement regretter quelques visages de PNJ ratés et des animations parfois un peu raides. D'ailleurs, les PNJ ont, comme souvent dans les jeux Ubi, des réactions et des commentaires parfois bizarres. On peut en aider quelques uns dans les rues (en leur donnant à manger, à boire ou un kit de soin) en échange la plupart du temps d'un vêtement pour son personnage (bonnet, verste, pantalon). Notez que le jeu est en VF intégrale et que celle-ci est plutôt bonne, avec des hauts et des bas suivant l'importance des personnages. Les musiques sont très discrètes mais savent se mettre en valeur quand il le faut.
Point completPour peu que l'on adhère à son concept, The Division est un jeu terriblement addictif, qui arrive à se renouveler sur la longueur. Nous avons mis environ 28 heures pour atteindre le niveau max du personnage (niveau 30), sachant qu'il restait encore pas mal de missions secondaires et d'événements à terminer… Sans oublier la Dark Zone, jeu dans le jeu, où la tension est bien palpable, avec ses extractions de loot bien tendues. Le jeu est complet, jouable en solo et en coop, et propose de nombreuses améliorations à débloquer ainsi qu’une partie loot à ne pas négliger, bien au contraire, en plus de modes de difficulté qui vous en feront baver. New-York est un terrain de jeu varié et suffisamment grand pour ne pas lasser, les changements climatiques permanents rendant chaque partie différente. On peut regretter un scénario limité, une I.A. souvent défaillante et des ennemis en mode "sac à points de vie" qui déplaira forcément aux amateurs de réalisme. Dommage également que certaines armes manquent un poil de sensation et qu'elles manquent de variété. Néanmoins, Ubisoft ne déçoit pas sur ce coup-là et il faut espérer que le titre sera suivi et que du contenu régulier sera ajouté pour ne pas lasser les joueurs en quelques semaines.
On a adoré :
+ New-York, son ambiance post-apo sublime
+ Excellente durée de vie
+ Jouable seul ou en coop jusqu'à 4
+ Hubs multi bien intégrés aux planques
+ Le loot, addictif
+ Missions nombreuses et assez variées
+ Difficulté à la hauteur
+ La Dark Zone, une idée excellente
+ Le level design pour changer les approches
+ Détails graphiques nombreux
+ Changements climatiques, cycle jour/nuit
+ Améliorations de base intéressantes
+ Menus clairs et bien fichus
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On n'a pas aimé :
- Système de couverture parfois imprécis
- Des boss débiles
- L'I.A. moyenne en règle générale
- Un manque de réalisme qui peut déranger
- Scénario en retrait
- Manque de variété des armes
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