S’il y a bien quelque chose qu’il est possible de reprocher à la ludothèque Xbox One, c’est le manque flagrant de JRPG. Sega corrige le tir et propose depuis peu Valkyria Revolution, spin-off de l’excellente série Valkyria Chronicles acclamée par la critique. Qui dit spin-off dit souvent nouvelle vision… Et Valkyria Revolution n’y échappe pas. Son grand frère Chronicles nous proposait un gameplay très réussi mêlant RPG et stratégie, Revolution, quant à lui, joue la carte de l’Action RPG. Un pari payant ?
Une bonne idée de départ…
Près de 10 ans après le début de la série, l’annonce de l’arrivée d’un nouveau Valkyria, qui plus est avec une sortie sur Xbox One, a enthousiasmé plus d’un joueur. L’excellent Remaster de Valkyria Chronicles sorti en 2017 laissait présager le meilleur pour ce nouveau titre. Pour les joueurs familiers avec la franchise, n’espérez pas trouver dans Valkyria Revolution la suite de la série que vous connaissez, les jeux étant fondamentalement différents, bien qu’ils partagent quelques similarités. Nous retrouvons ainsi un univers similaire, le jeu prenant place dans un monde librement inspiré de l’Europe (baptisé Europa), ici à l’heure de la révolution industrielle, quand son prédécesseur se déroulait en pleine Seconde Guerre mondiale. Ne vous attendez pas à un jeu historique, l’aspect Fantasy étant très présent. En effet, les pays utilisent un minerai mystique nommé Ragnite, développant ainsi de nombreuses évolutions technologiques et alchimiques. Cette ressource est au cœur du conflit politique qui vient perturber la prospérité d’Europa, notamment le royaume de Jutland, dont les ressources ont été coupées par le régime oppressif de Ruz. C’est cet univers qui vient poser les bases de l’histoire de Valkyria Revolution. Le jeu tourne donc autour de cette intrigue politique, qui réserve son lot de révélations et de sournoiseries. Loin d’être inintéressante, la façon dont celle-ci est délivrée risque néanmoins de fatiguer de nombreux joueurs.
Préparez-vous à de très (trop) nombreuses cut-scenes, souvent longues, pas franchement bien réalisées et animées, qui vous relateront les moindres détails des ambitions et plans politiques des protagonistes. Particulièrement présentes tout au long du jeu, elles pourront décourager les joueurs cherchant beaucoup d’action et des combats immédiats, d’autant qu’il faut une quarantaine d’heures pour finir l’histoire, auxquelles s’ajoutent une dizaine à une quinzaine d’heures pour les quêtes annexes. Les combats sont basés autour de votre escouade, entrecoupés de phases de jeu dans votre base, lors desquels vous ferez évoluer vos aptitudes et progresser l’histoire via les interactions avec les personnages, à grands renforts de cinématiques et de dialogues encore une fois. Mais, quand Chronicles proposait un système de combat au tour par tour, Revolution est beaucoup plus orienté action et vous propose des combats en temps réel. Principalement centré sur les affrontements au corps à corps, vous aurez la possibilité de suspendre l’action pour utiliser vos différentes techniques ou objets, ainsi que pour donner quelques ordres basiques à vos compagnons qui seront autrement contrôlés par l’IA. Un action RPG plutôt classique donc, avec un système de verrouillage de cible, de garde, de parade ou encore de roulade pour éviter les assauts de vos ennemis.
Les combats ne sont pas inintéressants mais restent particulièrement répétitifs : lancer le combat par une attaque surprise, enchaîner les combos d’attaque au corps à corps (que vous ne pourrez utiliser qu’une fois votre jauge d’action remplie) ou utiliser vos armes spéciales et vos attributs « magiques », ce qui est rendu possible par votre affinité avec la Ragnite. Ne comptez pas trop sur vos alliés, leur intelligence étant plutôt limitée… placements hasardeux en combat et attaques inutiles, et ce malgré les différents ordres que vous pourrez leur donner. Les combats contre les boss, de gros « tanks » robotiques avec un paquet de PV et quelques attaques spéciales, ne présenteront pas un grand challenge mais testeront votre patience. Le level design ne rattrapera pas vraiment le gameplay, les niveaux n’offrant rien de mémorable, ils ne proposent souvent qu’une seule route et quelques zones optionnelles. De nombreux aspects du gameplay semblent aussi inutiles : le système d’upgrade de vos armes via la Ragnite est mal pensé et très lent, ce qui fait que le temps de pouvoir améliorer votre équipement, votre niveau aura tellement augmenté que la petite hausse de stat paraîtra ridicule. Idem pour la confection des équipements spéciaux pour votre équipe, dont les avantages sur le terrain sont si marginaux que vous vous demanderez à quoi bon prendre le temps de s’en occuper.
Visuellement, le jeu n’a rien de fantastique encore une fois. Loin d’être laid, il possède de jolis environnements colorés mais les graphismes et le design des protagonistes ne sont clairement pas la hauteur des standards actuels. Le jeu utilise un filtre visuel appelé Gouache qui donne au jeu une sorte de grain, comme sur une toile de peinture. Cette texture est pour moi particulièrement ratée et il est impossible de la désactiver… Sûrement sympathique sur petit écran (type Vita), le rendu sur un grand écran 4k est décevant. Le jeu fait aussi preuve d’un manque de consistance plutôt flagrant. D’abord lors de la mort de certains personnages lors des combats, qui réapparaissent par la suite dans les cinématiques mais « grisés » pour indiquer leur mort… pour l’immersion, on repassera. Ensuite, les personnages en eux-mêmes, certains semblant tout droit sortis du futur, d’autres abordant de petites robes de princesse en combat. Un JRPG classique direz-vous mais dans ce contexte de révolution industrielle, ça ne fonctionne pas toujours. Un dernier mot sur l’environnement sonore. Celui-ci, composé par Yasunori Mitsuda (Chrono Trigger, Xenogears), est très réussi et colle bien avec l’univers, un bon point pour ceux qui y passeront le plus de temps.
Article rédigé par Moshi // Membre XG+
Point completLoin d’être un désastre complet, Valkyria Revolution est néanmoins décevant. Décevant face à son prédécesseur, mais aussi face aux idées qu’il pouvait apporter. Le passage à un Action RPG n’était pas nécessairement une mauvaise chose mais les combats, trop répétitifs, l’IA à la ramasse et certains aspects du gameplay superflus ne permettent pas de le faire briller. L’histoire aurait pu rattraper ces défauts mais sa livraison beaucoup trop lourde pour le joueur moyen ne lui permet pas franchement de le faire.
On a adoré :
Environnements sympathiques
Version japonaise pour les puristes
Durée de vie très correcte
La bande originale
L’histoire et son développement
Le système de combat…
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On n'a pas aimé :
Mais beaucoup trop répétitif
IA pas franchement glorieuse
De trop nombreuses cinématiques, longues et souvent ennuyeuses
Des éléments de gameplay superflus
Graphismes dépassés et filtre visuel dérangeant
Pas de langue française
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