Edité par Nacon et développé par le jeune studio allemand Hekate, Ad Infinitum nous plonge dans les horreurs de la Grande guerre à travers une narration axée sur l’horreur-psychologique qui flirte entre réalité et cauchemar. Pris au piège entre les murs de votre maison familiale et les tranchées de la Première Guerre mondiale, vous cherchez à comprendre votre histoire et à reprendre le contrôle de votre vie ! Est-ce que le soft nous laissera des séquelles psychologiques ? C’est ce que nous allons voir à travers cette critique réalisée sur Xbox Series X !
Dès ses premières minutes, le soft pose tout de suite le ton ! En effet, vous incarnez un jeune soldat allemand, ce dernier a pour but de s’occuper des communications. L’ordre est tombé, vous et vos camarades des tranchés devaient partir au front. La peur s’installe, une ambiance pesante s’y dégage, le joueur comprend alors qu’il va vivre les horreurs de la guerre en première ligne. Après moult péripéties, nous voilà dans le No Man’s Land et notre pauvre soldat ne va pas s’en sortir indemne. Victime d’un tir d’obus, notre protagoniste est propulsé dans des fils barbelés, ce dernier est en train de flirter avec la mort, grièvement blessé, celui-ci lâche un dernier cri de douleur et de désespoir, son heure est venue…
Aussi soudainement qu’inexplicablement, vous vous réveillez dans votre chambre, inchangée depuis votre adolescence et vous découvrez un manoir décrépit et sans vie. Incapable de distinguer la réalité du cauchemar, vous étiez mort et pourtant vous voilà de nouveau en vie… Afin de comprendre le pourquoi du comment, le récit va alterner entre deux moments mais surtout deux temporalités, à savoir : à l’intérieur du manoir familial (ce qui semble être le présent) ainsi que dans les cauchemars/souvenirs de notre personnage. Le studio Hekate nous propose un scénario qui va bien se garder de nous dire ce qui tient du réel ou du cauchemar en tentant de brouiller les pistes ! Le soft dispose d’une bonne durée de vie (8/10 heures) et offre une bonne rejouabilité grâce aux différents objets (des médailles) parsemés ici et là à glaner au fil de votre descente aux enfers, ainsi qu’à la présence de deux fins à obtenir. Hélas, malgré un scénario prenant ainsi qu’une durée de vie satisfaisante, nous avons constaté un problème de rythme, certains chapitres tirant un peu trop en longueur !
En prime de son scénario intrigant, Ad Infinitum nous plonge dans des moments plus intimistes durant lesquels on en apprend plus concernant les liens entre les membres de la famille, ces derniers abordent des thématiques très sombres mais ô combien intéressantes ! Traumatismes liés à l’enfance, tragédies familiales, le poids des responsabilités à assumer, la dépression et bien évidemment les troubles d’état de stress post-traumatique (ESPT/PTSD), syndrome bien connu des soldats ayant fait la guerre. Pour cela, le joueur devra s’impliquer un minimum s’il veut comprendre le fin mot de cette histoire car la plupart de ces éléments se développent à travers des documents à lire et des flashbacks audio qu’il vous faudra trouver. Au passage, nous avons été agréablement surpris sur l’aspect de la localisation sonore. En effet, certains documents sont retransmis à l’oral. Que ce soient les voix, les sous-titres, les documents, la langue de Molière est omniprésente, la qualité du doublage est de très bonne facture !
Les trailers présentés ainsi que le contexte de la Première Guerre mondiale peuvent éventuellement porter à confusion, Ad Infinitum n’est pas un jeu de tir en vue à la première personne, il s’agit bel et bien d’un « Walking simulator » accentué d’une narration portée sur l’horreur psychologique, en mélangeant plusieurs idées/genres que nous avons déjà pu apercevoir dans des œuvres comme : Layers of Fear, In Sound Mind ou encore Martha is Dead. Abordons un sujet assez complexe tant celui-ci est assez subjectif, il s’agit de la peur. En effet, dans notre cas, nous avons trouvé cet Ad Infinitum relativement timide sur cet aspect ! Malgré une ambiance globale pesante et des thématiques assez lourdes à aborder (voire même à digérer), hormis un ou deux passages (notamment la séance de spiritisme), le résultat est sans appel : le soft ne fait pas peur ! Comprenez par là qu'Ad Infinitum puise sa force à travers son récit, à savoir les dégâts psychologiques liés à la guerre et aux drames familiaux, créant ainsi un sentiment de malaise aux joueurs. Si vous êtes en recherche de « sensations fortes » avec de l’horreur en premier plan (à la manière d’un Visage ou de Madison) dans ce cas, vous risquez de rester sur votre faim.
La formule reste relativement basique et bien connue du grand public : on avance, on se cache s’il y a des ennemis, on ouvre des portes, on lit des notes et on résout des énigmes. Le soft tente de proposer des mécaniques de gameplay liées à « l’horreur » tantôt réussies, nous pensons notamment à l’utilisation du masque à gaz dans les tranchées, ce dernier diminuant grandement votre visibilité. A contrario, parfois le jeu vous demandera de faire preuve de furtivité, et ce en essayant d’apporter une tension permanente. Par exemple, il vous faudra esquiver des ennemis sensibles aux bruits. Malheureusement, cette mécanique montre assez vite ses limites… En effet, votre serviteur (Yoann) étant un vétéran du domaine des jeux d’horreur a réussi à exploiter une « faille » dans le jeu ! C’est ce qu’il appelle l’effet Maid of Sker, à savoir : accomplir toutes les phases de discrétion en étant accroupi, de ce fait vous passerez complètement inaperçu.
Avec cette technique, nul besoin de se cacher à des endroits prédéterminés ou encore de devoir contourner un groupe d’ennemis… Vous comprendrez que le facteur stress tombe à plat ! Le soft propose aussi des scènes de poursuites relativement classiques mais intenses. Lors de votre périple, vous croiserez aussi le chemin de créatures qui craignent la lumière et qu’il faut stopper avec une lampe dynamo (à la manière d'Amnesia : The Bunker). Un passage qui aurait pu être intéressant (et flippant !) si celui-ci ne couvrait pas une portion de jeu aussi dérisoire ! Enfin, Nous soulignerons aussi la présence de séquences en QTE, ces dernières étant relativement dispensables…
Fort heureusement, le soft se rattrape sur d’autres aspects : certes, les énigmes sont peu nombreuses mais ces dernières sont plutôt de bonne qualité. Sans être insurmontables, la plupart d’entre elles pousseront le joueur à la réflexion alors soyez attentifs aux éléments du décor qui vous entourent ! De plus, Ad Infinitum n’est pas du genre à prendre le joueur par la main, du moins sur les résolutions d’énigmes dans le manoir qui vous demanderont d’explorer les environs, et ce sans aucune aide contextuelle pour vous montrer le chemin ! De plus, le studio Hekate a fourni un soin particulier à ses « antagonistes » car oui, vous allez devoir affronter des créatures !
A l’image d’un « Silent Hill » ou encore de l’excellent long métrage « L’échelle de Jacob », ces monstres sont une représentation cauchemardesque des horreurs de la guerre ainsi que des traumatismes liés à votre personnage. Ne vous attendez pas à des combats frontaux, ces derniers vous demanderont d’interagir avec des objets du décor mais il faudra réfléchir aux conséquences de vos actes… En effet, votre façon de les combattre aura des conséquences importantes sur le déroulement et la fin de l’aventure ! Ces affrontements sont accompagnés par des musiques de haute volée en parfaite harmonie avec l’ambiance visuelle qui s’y dégage !
En parlant de visuels, le soft tourne sous Unreal Engine 4, le rendu graphique est une totale réussite, à l’image de sa direction artistique, en proposant des décors sombres et réalistes. Il en va de même sur l’éclairage, plus précisément sur les reflets et effets de lumière qui sont superbement travaillés. Ad Infinitum se permet aussi des extravagances visuelles en sortant des sentiers battus, en proposant des séquences plus « oniriques », ce qui lui apporte un cachet supplémentaire sur son ambiance ! Quant à la partie sonore, le sound design est aux petits oignons, jouer avec un casque est à l’ordre du jour. Hélas, tout n’est pas parfait, en effet, lors de notre test, nous avons rencontré quelques soucis. Pendant le chapitre 3, la synchronisation de l’audio/vidéo n’était guerre convaincante, cette dernière étant saccadée, ce qui forcément vient briser l’immersion. Enfin, du côté de son optimisation, le confort de jeu y est présent, le soft tourne en 60FPS constant.
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