Avec son arrivée surprise le soir des Game Awards, Baldur's Gate 3 signe le retour d'une licence que les amateurs attendaient depuis plus de 20 ans. La série fait le lien entre le jeu de rôle sur table et le jeu vidéo, en nous proposant une expérience qui se déroule dans l'univers des Royaumes Oubliés, une centaine d'année après les événements des deux premiers opus, le tout en suivant la dernière version des règles de Donjons & Dragons (5e). Alors, cette longue attente a-t-elle permis d'obtenir un cru d'exception ? En attendant de finir le jeu, voici un premier avis après une bonne vingtaine d'heure de jeu en attendant notre test complet.
Comme tout bon RPG qui se respecte, l'aventure commence par la création de son héros, et autant dire qu'il y a matière à faire car, en plus des 12 races et 11 classes disponibles, les options de personnalisation du personnage sont très nombreuses et poussées, permettant au joueur de créer le héros de ses rêves, des traits du visage aux parties génitales (oui, oui, même pour ça, différentes options s'offrent à vous...) Mais la personnalisation de l'expérience ne s’arrête pas là, car le titre offre, en plus des difficultés habituelles, la possibilité d'ajuster point par point le gameplay, des armes ennemies aux jets de sauvegarde contre la mort, en passant par le pourcentage récupéré par les marchands. Bref, Baldur's Gate offre une expérience de jeu totalement modulable, d'une difficulté réduite pour profiter sereinement de l'aventure et limiter le hasard des jets de dés, à l'acceptation d'un destin impitoyable avec la sauvegarde unique (impossible alors de recharger sa sauvegarde pour échapper à un échec critique sur un jet de dé...), avec toute la palette intermédiaire d'ajustements à la carte. Pour ce qui est de la technique, lors de nos premières sessions de jeu, il y a eu quelques plantages (retour à l'accueil Xbox en jeu), mais depuis cela ne s'est pas reproduit, cela a surement été corrigé. A noter quelques bugs de collision où le personnage traverse la porte alors qu'elle est encore en train de s'ouvrir. Pour chercher la petite bête, lors des sauvegardes, si l'on choisit d’en écraser une existante, elle conserve le nom de la quête en cours initialement sans se mettre à jour, ce qui est dommage mais pas catastrophique.
Sans trop dévoiler le scénario, votre héros se trouve en fort mauvaise posture au début du jeu. Suivant la voix du narrateur et les différents PNJ, vous allez devoir rapidement vous tirer de ce mauvais pas. Les décors sont superbes, tout comme les doublages et cinématiques, d'excellente qualité. Mention spéciale pour les musiques qui accompagnent admirablement l'ambiance. Tout est fait pour vous plonger dans l'univers de Faërun.
Pour ce qui est du gameplay, le joueur alterne entre les phases d'exploration plus libres et les phases de combat au tour par tour, où tout est à calculer. La prise en main des commande se fait de façon assez intuitive malgré leur abondance qui peut décourager au premier abord. Les déplacements sur la carte sont agréables, les différentes vues de la caméra permettent de s'adapter aux moindre recoin, après un petit temps d'adaptation. Il est ainsi possible de passer progressivement de la vue à la troisième personne à la vue stratégique totalement au dessus, avec tous les degrés intermédiaires possibles. A noter le ciblage des petits objets un peu capricieux, mais ce souci est réglé par la possibilité de naviguer entre objets proches grâce aux flèches de la croix directionnelle. De même, dans certains passages à la progression un peu délicate (plateforme ou pièges) la gestion automatique des compagnons n'est pas optimale, il suffit alors de passer en mode tour par tour pour tout contrôler. Pour la même raison, il est également possible de dissocier temporairement un membre de l'équipe afin de diriger individuellement un personnage : exemple type, un seul personnage a une résistance au poison, il est alors possible de le détacher du groupe pour traverser ce nuage toxique qui gêne l'accès à un coffre.
Le joueur peut choisir indifféremment d'explorer avec son héros ou l'un de ses compagnons. Petit détail très agréable, la téléportation de portail en portail n'entraîne pas de temps de chargement à l’intérieur de la même zone (bien vaste). L'exploration est rythmée par les diverses quêtes que vous pourrez récupérer en discutant avec les créatures locales. Encore une fois, c'est le joueur qui personnalisera son expérience en fonction de ses choix d'aider ou non quelqu'un, et même selon la façon de l'aider, certaines voies seront moins appréciées que d'autres par vos compagnons, qui peuvent désapprouver vos actes.
Des compagnons, vous allez en rencontrer un paquet : libre à vous, selon vos préférences, vos affinités et vos choix d'alignement de favoriser certains ou d'essayer de les faire cohabiter malgré des caractères et des choix diamétralement opposés. Vous pouvez même les renvoyer ou les laisser s’entretuer si leurs querelles vous fatiguent ! Si un compagnon vous apprécie suffisamment, il pourra même se laisser aller à vous faire certaines propositions... (choix possible dans les options d'accepter ou non la nudité). Chacun ayant des compétences propres, il faudra veiller à équilibrer son équipe de 4 persos pour être le plus efficace possible dans toutes les situations. Les compagnons ont tous leur quête personnelle, qui semble assez fournie. Le camp sera un endroit clé de votre progression, non seulement pour récupérer vos PV et sorts lors d'une nuit de repos pour peu que vous ayez des provisions pour reprendre des forces, mais aussi pour échanger avec vos compagnons, qui auront souvent des choses à vous dire pour faire progresser leur quête personnelle. Et en bonus, des événements surprise certaines nuits...
Les combats représentent un moment important de l'expérience de jeu et nécessitent une approche stratégique. ils se déroulent au tour par tour, avec, bien évidement, un quota limité de déplacements et d'actions. Il faudra soigneusement planifier ses actions sous peine de se faire sévèrement botter les fesses. Impossible en effet de revenir sur un déplacement mal réfléchi. Attaquer à distance depuis une hauteur octroie un avantage, l'attaque en contrebas est, elle, désavantagée. Il est aussi possible de tirer parti des éléments de l'environnement, en mettant par exemple le feu à un tonneau d'alcool pour blesser sérieusement vos adversaires, ou en leur faisant tomber des éléments du décor dessus. Gare également au ciblage, car vous pouvez tout aussi bien décimer vos alliés si vous les visez... Les attaques sont très variées dans les trois grands types (corps à corps, distance et magie) Lors des gains de niveau, les compétences et sorts proposés sont très diversifiés et permettent d'affiner les compétences du personnage en fonction des goûts du joueur. A noter que les sorts servent également beaucoup lors de l'exploration en fonction des capacités de votre équipe.
L’équipement va également être le nerf de la guerre, avec de nombreuses pièces : casques, capes, bagues, colliers... soit à ramasser, soit à acheter, mais comme les marchands ne courent pas les rues, il faudra plutôt compter sur une exploration minutieuse des décors et les récompenses pour se constituer un équipement digne de ce nom ! L'univers regorge de recoins à explorer, et il faudra rapidement faire le tri entre ce qui vaut le coup d'être ramassé et les bibelots sans valeur, car la surcharge arrive rapidement...
La composante JdR reste très présente, avec des lancers de dés visibles physiquement à l'écran, ce qui vous rappellera immanquablement l’acharnement du dé contre votre perso lors des sessions de jeu sur table. L'échec critique sur la tentative de désamorçage d'un piège par un personnage pourtant doué en crochetage ne pardonne pas, malgré les bonus octroyés par ses compétences et la difficulté réduite du lancer (DD10), l'équipe se retrouve balayée par une tornade de feu, la laissant bien mal en point... Toutes les actions principales sont soumises au lancer de dé : que ce soit de l'exploration ou de la discussion, gare aux conséquences d'un échec critique ! Les occasions de gagner de l'XP et donc des niveaux, des sorts et capacités sont nombreuses et régulières : quêtes, combats, réussites diverses... Le monde se façonnera selon vos choix. Ainsi, s'approcher d'un village déclenche une attaque dessus, si vous tardez trop à vous y rendre pour aider ses habitants, la prochaine fois que vous en franchirez le seuil, le village sera un champ de ruine aux mains des gobelins, vous privant ainsi des éventuelles rencontres et quêtes que vous auriez pu y trouver si vous aviez été plus prompt à réagir ! De même choisir de sauver ou de laisser mourir un personnage aura des conséquences en chaîne sur certaines quêtes, ouvrant ou fermant des possibilités.
Lorsqu’on pense à ce genre de jeu, c’est immanquablement la prise en main via clavier/souris qui vient à l'esprit. La prise en main à la manette est donc un aspect important de ce portage, déterminant la jouabilité du titre sur console ! En effet, les jeux de rôle sont connus pour leurs commandes multiples, facilement réparties sur les touches d'un pc, un peu moins sur manette. Et sans faire durer le suspens, il faut reconnaitre que les développeurs ont fait un excellent travail. Les actions de base apparaissent en appuyant sur RB ou LB, sous forme de roue que l'on fait défiler en appuyant à nouveau dessus. Le joueur accède ainsi à ses attaques, sorts, déplacements spéciaux, objets et diverses actions. Les actions principales sont balisées en vert, les secondaires en orange, ce qui permet une bonne discrimination visuelle. On peut vite se retrouver avec un dizaine de roues successives, mais on prend vite l'habitude de savoir où trouver quelle action, aidé par les icônes. il est bien sûr possible de personnaliser ces roues, en enlevant les objets inutiles (car presque tout notre inventaire s'y trouve...), en les réorganisant pour fluidifier la navigation. Personnellement, nous n'en avons pas eu besoin, car les options utiles sont dans les premiers menus radiaux, le reste ne sert que plus rarement.
La gâchette RT, permet, elle, d'accéder aux choses plus "techniques" : alchimie, livre de sort, fiche de personnage, journal de quêtes, carte, options diverses, le tout également sous forme de roue illustrée rendant la navigation très aisée malgré l'abondance de menus. Des raccourcis manette nous facilitent la vie : select pour afficher la carte, croix directionnelle haut pour sauter, droite et gauche pour naviguer d'un objet à l'autre. La gâchette LT permet de gérer l'équipe et de prendre rapidement le contrôle d'un autre membre. Pour résumer, le pari est tenu et Larian nous offre une ergonomie exemplaire sur manette, ce qui était loin d'être gagné !
On a adoré : La création du héros très poussée La gestion de la difficulté à la carte Les musiques exceptionnelles Les doublages d'excellente qualité Les graphismes et cinématiques Les relations entre les personnages Les choix avec de vraies conséquences Le scénario intrigant Les différentes vues possibles Clins d’œils aux 2 premiers opus Ergonomie manette excellente Les menus radiaux bien pensés |
On n'a pas aimé : Quelques bugs mineurs pour l'instant Caméra parfois un peu gênante à gérer |
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