Vous avez peut-être déjà entendu parler de Green Hell, puisque le jeu, développé et publié par le studio indépendant polonais Creepy Jar, est disponible sur Xbox One depuis 2021. Sa version Xbox Series X est disponible depuis le 14 août 2024, l’occasion pour nous de plonger dans cette aventure intense de survie en milieu très hostile : la jungle Amazonienne !
S’il y a bien un endroit sur terre où vous n’avez pas envie de vous perdre, c’est bien la jungle amazonienne. Si une poignée de tribus indigènes parviennent à y vivre sans aucune difficulté, pour le commun des mortels, c’est une autre affaire. Alors, imaginez la détresse de Jake Higgins, notre personnage principal, quand il se réveille un beau matin en pleine jungle, amnésique, avec une seule question en tête : où est ma femme ?!
Voilà le contexte dans lequel Green Hell vous plonge. Pour sortir de cette jungle, Jake va devoir survivre, coûte que coûte, tout en reconstituant le puzzle de sa mémoire. Par chance, il n’en est pas à son coup d’essai, il connaît déjà cette jungle pour l’avoir étudiée par le passé, puisqu’il a d’ailleurs écrit un livre à son sujet ! Le court tutoriel proposé par le jeu permet de poser les bases de votre survie et de commencer à appréhender les différentes mécaniques de jeu : comment allumer un feu, comment fabriquer des bandages rudimentaires, comment utiliser son environnement pour récolter des ressources etc. Celui-ci a vraisemblablement lieu quelques heures avant les évènements menant au début du scénario principal. Lors du tutoriel, Mia, votre femme, est encore avec vous. Elle prend contact avec la tribu perdue des Yabahuaca, par qui elle entends bien se faire accepter comme membre à part entière. Tout semble se dérouler à merveille, jusqu’à ce que Mia ne donne plus signe de vie et qu’une nuit d’horreur vous amène à perdre définitivement sa trace ! Vous vous réveillez seul, au beau milieu de la jungle, avec un sac à dos vide, un talkie-walkie qui reste désespérément muet et une montre connectée qui vous permet à la fois de vous orienter à l’aide de sa boussole mais aussi de vérifier votre état nutritionnel.
Car oui, avant de proposer un scénario d’une excellente qualité, Green Hell est avant tout un jeu de survie à la première personne. Comme dans tous les classiques du genre, il va donc falloir prendre soin de votre santé si vous voulez survivre plus qu’une poignée de jours dans la jungle. Votre état général passe avant tout par votre nutrition, et vous devrez donc en permanence garder un œil sur votre niveau d’hydratation, mais aussi sur les protéines, glucides et lipides que vous ingurgiterez. Par chance, cette jungle dense ne manque pas de ressources. Si l’eau est relativement abondante, surtout lors de la saison des pluies, elle n’est pas toujours propre, il faudra donc trouver un moyen de limiter vos chances d’être contaminé par des parasites. Se nourrir n’est pas beaucoup plus difficile, fruits, champignons et autres noix de coco n’étant pas compliqués à trouver. Tous ne sont néanmoins pas comestibles et si certains ont des effets très bénéfiques, d’autres peuvent vous rapprocher très rapidement de la mort…
Pour subvenir à vos besoins, la chasse ou la pêche sont elles aussi au cœur du gameplay. Après quelques heures dans la jungle, vous serez donc parfaitement capable de chasser votre repas avec vos armes de fortunes, avant de le cuisiner sur le feu que vous aurez vous-même allumé. Si vous prenez rapidement confiance dans votre capacité à survire, aidé par votre fidèle carnet dans lequel vous consignez toutes les informations importantes que vous découvrirez au fur et à mesure (effets des diverses plantes, recettes pour la fabrication et la construction etc.), le jeu à tendance à bien vite vous faire revenir à la réalité. En effet, la mort n’est jamais très loin. Parfois tapie dans l’ombre, sous la forme d’un jaguar prêt à bondir, parfois venimeuse et cachée sous l’eau ou dans une broussaille… la faune est toute aussi dangereuse que la flore.
Pour vérifier que tout va bien, vous pouvez inspecter chacun de vos membres pour vérifier l’absence de sangsues, de blessures, de morsures ou de piqures. Un aspect indispensable puisque la moindre égratignure peut vite se transformer en infection. Et si ce n’est pas l’un des nombreux pièges de la jungle qui vous fait rencontrer la mort, il n’est pas impossible que ce soit votre santé mentale qui se soit désagrégée, ou qu’une mauvaise rencontre avec un autochtone hostile ne se soit mal terminée pour vous…
Pour faciliter l’immersion dans cette jungle et permettre à quiconque d’en profiter à sa manière, Green Hell ne joue volontairement pas la carte de la difficulté unique. Ainsi, plusieurs modes de difficultés sont proposés au joueur. Le jeu offre d’abord 4 modes principaux qui incluent de plus en plus de dangers et d’éléments punitifs (vitesse de diminution des nutriments, hostilité de l’environnement, santé mentale…), allant jusqu’à la mort permanente ! Il propose ensuite deux modes supplémentaires, le premier paramétrable à volonté, si par exemple vous souhaitez activer les animaux dangereux mais désactiver les nutriments, ainsi qu’un mode « Touriste », qui propose de désactiver l’ensemble des éléments punitifs pour se concentrer uniquement sur l’exploration et l’histoire. À noter qu’en mode « Normal », il nous aura fallu une vingtaine d’heures pour venir à bout du mode histoire et de sa deuxième fin en relançant simplement la dernière sauvegarde en jeu.
Sur cette vingtaine d’heures, l’histoire ne progresse pas vraiment de manière linéaire, puisqu’une première grosse moitié force grandement à l’exploration de la première partie de la carte, tandis que la deuxième moitié de l’histoire, concentrée sur deux autres morceaux de la carte s’achève beaucoup plus vite. La première partie portée sur l’exploration vous invite donc à commencer l’implantation d’une véritable base, vers laquelle vous reviendrez régulièrement pour sauvegarder (la sauvegarde étant conditionnée à la présence de constructions spécifiques créées par le joueur ou à la présence d’un calendrier trouvable dans des structures humaines), reprendre des forces ou préparer votre prochaine expédition vers une partie inexplorée de l’île. Après quelques jours en jeu, vous aurez certainement trouvé plusieurs points d’intérêts importants et implantés plusieurs mini bases distinctes, vous permettant ainsi d’évoluer plus facilement dans cette jungle hostile.
Le rythme en deux temps vient donc en partie du fait qu’après la première parte de l’histoire, vous maîtriserez clairement la survie, limitant ainsi le temps perdu à résoudre les petits soucis physiques qui arrivent fréquemment en début d’aventure. L’environnement des deux parties de la carte qui composent la deuxième partie de l’histoire est aussi beaucoup moins ouvert, ce qui laisse nettement moins l’occasion au joueur de se perdre ou de ne pas trouver comment poursuivre vers son objectif. Le scénario étant absolument captivant, on n’a aussi très clairement envie de connaître la suite de l’histoire et d’obtenir des réponses à nos questions, le rythme s’accélère donc naturellement jusqu’à arriver à une conclusion clairement inattendue. Difficile de ne pas spoiler en s’étendant sur ce sujet, nous passerons donc outre la tentation de vous révéler quelques indices majeurs sur l’histoire. C’est en tout cas une vraie bonne surprise, et pas du tout ce à quoi nous nous attendions en nous lancement aveuglement dans l’aventure Green Hell.
Si les sujets abordés ne sont pas inconnus que ce soit dans le jeu vidéo ou même le cinéma (ou même dans la vraie vie puisque le jeu vous rappellera des évènements mondiaux qui ont pourtant eu lieu après la sortie du jeu !), ils sont néanmoins parfaitement bien amenés et de manière très progressive, ce qui nous permet de nous sentir réellement dans la peau de Jake Higgins, qui se réveille petit à petit de son amnésie et retrouve les souvenirs de son passé. Les différents flashbacks permettent de reconstituer le puzzle des évènements plus ou moins récents qui se sont passés en jeu, et le storytelling environnemental et au travers de notes audios ou textuelles vient ajouter énormément de contexte à l’ensemble. Terminer l’histoire nous donne le même sentiment que lorsque l’on termine un bon thriller, et pour peu que vous vous soyez senti un peu impliqué dans l’histoire de Jake, vous finirez certainement sur le web à relire le déroulé de l’histoire dans son intégralité, comprenant au passage des nuances que vous aurez peut-être raté, ou tout simplement pas découvert, dans le jeu. Le scénario est donc clairement l’un des points forts de Green Hell et même une fois complété, il donne envie de passer à nouveau la jungle au crible pour découvrir des petites brides d’informations que l’on aurait manqué.
Pour 24,99€ (19,99€ sur les 14 jours après lancement), nous en avons déjà largement pour notre argent avec cet excellent mode histoire, et c’est clairement loin d’être tout ce que Green Hell a à nous offrir !
Vous aurez en effet aussi l’occasion de découvrir plusieurs modes additionnels.
Premièrement, un mode Survie, sans fin. S’il offre les mêmes options de difficulté que le mode histoire, il permet néanmoins de se concentrer sur la construction de sa base Amazonienne de rêve et d’évoluer sur une carte encore plus grande (5 zones au lieu de 3 pour le mode histoire). On peut ainsi prendre en main l’ensemble des options de fabrication, d’agriculture et d’élevage, de chasse et de pêche qu’offre le jeu, aspects sur lesquels on s’attarde finalement un peu moins en mode histoire. C’est aussi l’occasion pour les anciens joueurs de Green Hell, qui eux aussi profitent gratuitement de cette mise à jour vers Xbox Series, de tester 3 updates qui n’étaient auparavant pas disponibles sur console, ajoutant de nouvelles options de crafting pour votre base ainsi qu’un mode horde dans lequel vous allez devoir préparer votre base pour des vagues d’assaut de tribus hostiles ! Le mode Survie permet donc vraiment de se rendre compte du travail conséquent qui a été fait sur l’aspect survie et construction du titre, qui est lui aussi très convaincant. Que vous vouliez implanter votre base sur terre, sur l’eau ou même dans un arbre, tout est possible, et ce grâce à des constructions très élaborées même si elles restent primitives. L’armement et les armures à votre disposition sont aussi assez variés, avec des classiques lances, haches et arc, qu’il sera même possible de moderniser en commençant à miner du fer avant de le forger ! Un bon moyen de garantir un peu plus de durabilité à votre matériel face à vos premiers outils de bois et de pierre qui se brisent rapidement… Le jeu permet de réaliser tellement de choses qu’on se sentirait presque prêt à aller vivre quelques semaines en forêt en solitaire !
Ensuite, vous pourrez découvrir le mode Esprit de l’Amazonie, à mi-chemin entre le mode histoire et survie. Celui-ci est un préquel à l’histoire. Jake se retrouve dans la jungle avant les évènements du scénario principal et va devoir aider les différentes tribus de la jungle en apportant son aide. Si ce mode met davantage l’accent sur la survie et le combat, il n’apporte finalement pas grand-chose à l’histoire principale. Il permet néanmoins, comme en mode survie, de découvrir l’intégralité de la carte du jeu, et de continuer à aiguiser ses compétences de survies tout en ayant un certain nombre d’objectifs à remplir, c’est donc un très bon moyen de poursuivre son aventure avec Green Hell une fois le scénario principal terminé.
Enfin, le jeu propose un mode défi offrant 7 scénarios distincts à compléter en une poignée de jours en jeu. Ces derniers permettent de véritablement tester les compétences que vous avez acquis en jouant dans les différents modes et mettent vos talents à l’épreuve ! Ici, fini de prendre son temps et de faire attention au danger, il faudra être rapide et efficace pour espérer réussir !
Si vous n’en avez toujours pas assez, sachez que Green Hell vous propose aussi de parcourir les modes Histoire, Survie et Esprit de l’Amazonie en multijoueur, jusqu’à 4 ! Vous pourrez ainsi créer votre propre instance multijoueur ou en rejoindre une déjà créée et ainsi devenir les rois de la jungle en équipe ! En équipe, les taches sont divisées pour plus d’efficacité et la jungle devient un peu moins terrifiante, elle qui donne clairement quelques sueurs froides en solo !
Green Hell n’est en aucun cas un jeu horrifique, mais ce serait mentir de dire que sa jungle n’est pas effrayante. Le réalisme est total et le manque de visibilité qui se fait déjà ressentir de jour, est absolu de nuit quand le joueur ne voit quasiment plus rien sous le dense feuillage des arbres. Le jeu peut être aussi contemplatif qu’il est claustrophobique, le tout magnifié par des graphismes très réussis. Les couleurs vives et les beaux éclairages retranscrivent à merveille la beauté de la forêt amazonienne, qui sait aussi se montrer grise et encore plus inhospitalière quand la pluie vient à tomber pendant des jours entiers. L’environnement sonore est tout aussi immersive, et le grognement d’un jaguar dans votre dos ou les chants tribaux que vous pourrez entendre au milieu de la forêt ne manqueront pas de vous hérisser les poils du dos…
Bien que nous ne soyons qu’éloges pour Green Hell depuis le début de ce test, nous avons néanmoins noté quelques petits problèmes pendant notre vingtaine d’heures de jeu. Tout d’abord, il est assez évident que l’interface du jeu est davantage adaptée à l’utilisation d’un clavier et d’une souris qu’à celle d’une manette. Sélectionner un item précis dans le sac à dos peut par exemple parfois être délicat en naviguant sur de trop petits objets avec le curseur de la manette, tout comme l’utilisation de la roue contextuelle pour accéder aux différents menus ou action.
Cette roue permet notamment d’ouvrir votre sac à dos, votre carte ou encore votre carnet de bord, mais elle permet aussi d’inspecter votre corps ou encore de s’endormir, en l’occurrence, à même le sol. Le principal problème, c’est que le curseur sur cette roue, déplacé à l’aide du stick analogique, à la fâcheuse tendance à choisir cette dernière option, alors même que l’on prend toute la précision du monde à choisir autre chose. Votre personnage répète donc les épisodes de narcolepsie impromptue et s’endort à même le sol quelques minutes, le temps de spammer la touche nécessaire à son réveil. Une déconvenue mineure nous direz-vous, le problème est que dans Green Hell, s’endormir au sol avec une plaie par exemple est systématiquement synonyme d’infection ! Et quand vous venez de passer 3 jours en jeu à sauver votre personnage de la mort, en scrutant le sol de la jungle pour trouver les ingrédients nécessaires à votre survie, la dernière chose que vous voulez est d’attraper une infection car le jeu a décidé de vous faire dormir à même le sol de la jungle alors que vous vouliez ouvrir votre sac à dos !
Au-delà de ça, l’expérience avec Green Hell est clairement ultra qualitative compte tenu qu’il s’agit du travail d’un petit studio indépendant. Le jeu est fluide et n’a pendant notre test souffert d’aucun ralentissement ou crash, même s’il est possible de lui reprocher les animations et le pathfinding un peu archaïque des animaux ou des guerriers tribaux hostiles et la disparition de quelques objets au moment de les poser. L’équipe de Creepy Jar étant extrêmement impliquée dans le soutien de son titre phare, nul doute que c’est petits défauts seront améliorés dans le futur. A noter néanmoins qu’avec cette sortie sur Xbox Series, les développeurs ont annoncé la fin du support pour les consoles Xbox One. Après tout, même dans la jungle, il faut vivre avec son temps !
On a adoré : Scénario d’une rare qualité, qui parvient à vraiment impliquer le joueur émotionnellement Un storytelling environnemental et narratif très réussi Aspect survie et construction extrêmement poussés Une grande carte à explorer dans les moindres recoins Des environnements luxuriants et magnifiques Un challenge qu’on prend plaisir à affronter Une difficulté adaptable à tous Une durée de vie exemplaire pour le mode histoire Et de nombreux modes supplémentaires pour faire durer le plaisir |
On n'a pas aimé : Ergonomie des menus à améliorer Une roue contextuelle capricieuse Quelques animations et déplacements à améliorer (animaux, PNJ) |
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