Plus le temps passe, plus la base de fans des jeux Yakuza grandit. Et à raison : ces titres sont riches en action, en aventure, en émotions, en personnages et moments iconiques et disposent d’un contenu d’une générosité assez folle. Au départ les titres de la saga étaient localisés chez nous mais exclusivement sous-titrés en anglais, mais depuis quelque années SEGA a eu la bonne idée de les traduire dans la langue de Molière. Cela contribue évidemment à l’accessibilité de ces jeux, réputés pour leur aspect volubile.
Si chaque épisode est construit pour que tout néophyte puisse profiter de l’histoire, on saisit l’essence et la force de cette grande fresque en jouant à chaque épisode, car tout s’inscrit dans une grande épopée que l’on suit au travers de Kiryu Kazuma à travers les décennies, depuis les années 80 à nos jours.
C’est dans le septième épisode, Like a Dragon, que nous faisons la connaissance d’Ichiban Kasuga, qui remplace Kiryu en tant que protagoniste principal. Quadra fougueux et combattif avec un cœur gros comme ça, la vie n’a pas épargné le gaillard dont il est facile de s’attacher. Les destins des deux héros se croisent cependant l’espace d’un instant, donnant lieu à des scènes mémorables, avant que chacun retourne de son côté… Jusqu’à maintenant !
Huitième épisode du canon de la saga Yakuza, Like a Dragon : Infinite Wealth met à l’affiche les deux protagonistes principaux de la série : Ichiban Kasuga, héros du septième épisode et Kiryu Kazuma, le daron, euh, Dragon de Dojima. Si vous commencez la série par cet épisode, comme d’habitude, vous aurez la possibilité d’avoir un topo en début de partie pour voir les évènements précédents, et aurez accès à un codex complet et bien résumé.
Reprenant la suite des évènements de Like a Dragon, et de Like a Dragon Gaiden : The Man Who Erased His Name, nous retrouvons Ichiban encore auréolé par sa réputation née après les évènements précédents. Mais le temps oublie vite ses héros, et la puissance des fake news des médias en ligne vont causer un tort considérable à Ichiban et ses proches.
Après une cascade d’évènements difficiles à encaisser, il semble que le vent tourne enfin pour notre héros à la tignasse ébouriffée : on lui propose de se rendre à Hawaï pour faire la connaissance de sa mère. L’occasion idéale pour se changer les idées, repartir du bon pied et de retrouver un fragment de son identité !
Mais évidemment, on est dans un Like a Dragon, et les évènements vont prendre une tournure d’une ampleur colossale, dont vous n’avez même pas idée. Par la force des choses, Ichiban va être rejoint dans son périple par divers personnages, dont nous vous laissons la découverte, mais notamment par Kiryu Kazuma. Avec ce duo de choc, nos héros vont former une sacrée équipe pour mener à bien une quête pour rétablir la vérité, entre bien d’autres choses…
Si nous n’allons pas ici vous dévoiler l’intrigue du jeu, qui non seulement évolue mais s’enrichit également au fil des heures, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur la qualité du scénario. Car ici nous n’avons pas une mais deux trames parallèles, menées avec une certaine maestria. Ichiban et Kiryu sont deux reflets d’un même miroir, celui du temps : le temps passé, le temps perdu, le temps des projets, le temps qu’il reste… Et quoi en faire.
On suit avec plaisir et attention l’évolution des personnages dans leur quête respective, avec pourtant un but commun en rapport avec la mère d’Ichiban. Comme dans le premier Like a Dragon, vous rencontrerez d’autres personnages qui intégreront votre équipe et auront eux aussi une histoire à découvrir, à développer et à conclure. Soit au final presque une dizaine d’intrigues à boucler, ce qui donne déjà une matière conséquente.
En ce qui concerne les « sidekicks » vous pourrez découvrir leur histoire en augmentant le niveau d’amitié, que ce soit en leur offrant des cadeaux ou en allant au resto avec eux par exemple. A certains moments, vous pourrez aller boire le verre de l’amitié avec chacun des personnages, ce qui vous permettra d’en savoir plus sur eux, et d’un côté plus pratique, d’obtenir de nouvelles possibilités en combat. Et d’ailleurs, avant de s’attaquer au gros contenu du jeu, faisons un détour par la case baston.
Like a Dragon : Infinite Wealth garde le système de combat de l’opus précédent : le RPG au tour par tour. Si vos déplacements en ville sont libres, dès que vous croiserez un ennemi dans la rue, vous pourrez lancer la bagarre ! Pour identifier les ennemis, c’est facile : ils disposent d’un gros curseur au-dessus de leur tête, indiquant non seulement leur côté véhément, mais aussi leur degré de difficulté. Rouge étant à votre niveau, mauve au-dessus.
Bien sûr, le risque de se challenger contre des adversaires plus costauds sera proportionnel à l’expérience et aux récompenses à glaner. Si le combat est trop difficile, vous pourrez tenter de vous échapper mais c’est super aléatoire, en cas de défaite, vous perdrez une partie de votre argent et reprendrez la partie avec toute votre vie et mana. Si les ennemis sont bien moins forts que vous, leur curseur sera bleu et il sera possible d’aller les annihiler automatiquement, avec à la clé un loot moins intéressant.
Chose importante si vous n’avez pas fait le premier opus : ici on voit les combats du point de vue d’Ichiban. Grand fan de Dragon Quest, on vit les combats comme si on étant dans sa tête, d’où l’apparence bigarrée des ennemis et des costumes des héros, ainsi que de l’effet des attaques et sorts.
Le combat commence, l’initiative revient au personnage le plus rapide et/ou qui a le niveau le plus élevé. Vous pourrez choisir entre une attaque de base, une parade, utiliser un objet ou une compétence. Ou encore fuir si le challenge est trop épicé…
Vos compétences dépendent du job du personnage : hérité du jeu précédent, chaque héros dispose d’un panel d’attaques ou de sorts dépendants de son métier. Si chacun a un job de base, il est possible au fil du jeu d’en débloquer de nouveaux et d’en changer à la volée dans une boutique Alohappy (et sa mascotte creepy as fuck) Vous aurez accès à neuf jobs supplémentaires à débloquer, plus deux prévus en DLC si vous avez précommandé le jeu. Certains sont exclusifs aux personnages masculins ou féminins, et disposent de 3 skins différentes.
A vous de voir si vous préférez garder le job de base du personnage ou vous faire des petites fantaisies, ou encore faire le fou furieux et monter tous les jobs de tous les personnages à fond. Le niveau du métier est indépendant du niveau du personnage : vous aurez beau avoir un Ichiban niveau 40, si son job est niveau 1, il ne tapera pas super fort et aura accès à peu d’attaques. Le niveau du job montera au fil des combats, ou en utilisant des objets destinés à monter le niveau des jobs.
Revenons à notre combat : avec le personnage actif, vous pourrez vous déplacer dans une zone délimitée par un cercle bleu, qui a deux utilités :
Les attaques ont des zones d’action différentes, elles peuvent atteindre une cible ou une zone définie, et il est possible –voire recommandé- de repousser les ennemis grâce à certains coups. Quand ce genre d’action est disponible, vous verrez une flèche apparaître derrière l’adversaire pour voir à quel endroit il va tomber. A Cela permet par exemple de jouer aux dominos avec des ennemis qui sont derrière et leur infliger des dégâts, ou de projeter l’ennemi vers un coéquipier qui en profitera pour le savater au passage. Et avec un peu d’entraînement vous pourrez cumuler les deux, spectacle et résultat garanti sur les gros packs d’ennemis !
Les combats sont assez stratégiques, il faudra jongler entre les différentes faiblesses et résistances de chacun pour assurer votre victoire. On retrouve les classiques éléments feu, eau ou électricité, ou encore des altérations d’état comme le poison, le sommeil ou le silence, mais pour certains ennemis coriaces marqués par un bouclier doré, il faudra casser leur garde avant de pouvoir espérer leur faire de gros dégâts. A vous de trouver quel coup les fera flancher !
Dernière chose concernant le système de combat : au gré du jeu, vous récupérerez la faculté de faire des invocations, il faudra faire certaines quêtes pour débloquer de nouveaux personnages à invoquer. Alors attention : elles sont payantes, mais hyper puissantes ! A vous de voir au préalable l’effet de cette aide providentielle, mais elles peuvent souvent vous tirer d’un mauvais pas… Si vous en avez les moyens.
Afin de peaufiner votre efficacité, il faudra évidemment vous équiper de différentes armes, pièces d’équipement défensives et objets de soutien, que vous dégoterez soit en lootant un peu partout dans la rue (valisettes ou coffres à clés) ou en allant crafter dans l’atelier de Julie. Passage obligé pour pouvoir créer et optimiser votre équipement, il vous faudra des matériaux (et une tonne de pognon) pour pouvoir avoir du matériel toujours à la pointe de l’efficacité ! Bien entendu, il est possible de trouver des marchands proposant des armes et armures, ici sous forme de magasins de vêtements la plupart du temps.
Mais il n’y a pas que la bagarre dans Like a Dragon : Infinite Wealth, c’est même une particule dans tout un amas de choses variées et sympathiques. Bon alors oui, ça va quand même bastonner souvent, ne serait-ce que pour monter de niveau et gagner de l’argent, qui tombe d’ailleurs pas si facilement au départ. Mais on retrouve un des éléments qui fait l’identité, la richesse et le sel des Yakuza depuis leurs débuts : la variété des activités.
Si on passera rapidement sur les classiques de la saga (shogi, mahjong, koi-koi, karaoke, base-ball et machines à pinces notamment) on retrouve avec plaisir les petits jeux d’arcade dans les salles SEGA… euh, GiGO pardon. Oui parce que si vous avez suivi l’actualité, SEGA a renommé ses salles d’arcade au Japon, le jeu a donc suivi la tendance.
On retrouve ici Virtua Fighter 3TB pour les fans de baston, SEGA Bass Fishing pour ceux qui veulent garder la pêche et le très bon SpikeOut dans sa version arcade définitive qu’on vous recommande chaudement.
Evidemment, vous allez également découvrir au fil du jeu de nouvelles activités facultatives, mais qui permettent de varier les plaisirs et aussi de dégoter du loot bien sympathique. L’une de ces activités fera plaisir aux fans de Crazy Taxi : la livraison en vélo ! Dans le temps imparti, il faudra ramasser la nourriture en quantités suffisante et l’apporter aux clients entourés par un cercle de couleur. Vous pourrez faire des figures, des dérapages, et tenter de faire plaisir à un maximum de gens en un minimum de temps. Rien que le personnage qui vous donne la quête est une grosse référence au personnage d’Axel de Crazy Taxi avec ses cheveux verts et sa tenue aux couleurs du célèbre jeu de taxis de SEGA.
Il est aussi possible d’utiliser une appli de rencontres pour tenter de matcher avec des jeunes filles qui vous enverront parfois des photos coquinettes si vous répondez bien aux questions par SMS interposés. Pas le plus passionnant mais il y a des surprises à la clé.
Autre appli, un réseau social qui vous demandera de vous faire des potes dans la ville : en vous promenant vous verrez des PNJ avec un petit logo en forme de smiley au-dessus de leur tête. Si vous les saluez en appuyant sur X, ils seront amis avec vous. D’autres demanderont des actions spécifiques, à vous de les trouver ! Si la barre d’amitié monte à fond, vous serez potes avec eux, ce qui pourra vous amener des récompenses.
Passons aussi rapidement sur le poker, le service à table en restaurant, le safari photos, assez explicites dans leur concept et permettant de récupérer un peu de sous et des objets notamment. On retrouve dans cet épisode les diplômes de l’école Ounabara, qui permettent de gagner des points de personnalité. Selon votre niveau de passion, de charisme ou d’intelligence par exemple, vous pourrez débloquer certaines missions ou dialogues annexes, on vous conseille fortement de tout mettre au maximum pour être peinards. Mais les questionnaires de l’école Ounabara sont fourbes, attention au mal de crâne !
Vous pourrez aussi farmer expérience et loot dans le labyrinthe, grand classique du genre : vous descendez de plus en plus et affronterez des dangers toujours plus grands… Arrivez-vous à survivre et trouver le mystérieux trésor qui s’y cache ?
Et là on attaque le plat de résistance : certaines activités secondaires absolument énormes qui sont aussi sympas que chronophages. A commencer par le retour des Sujimon dans cet épisode. Le concept : vous pouvez ficher les ennemis dans un sujidex comme dans Pokémon pour pouvoir faire plaisir à un vieux professeur. Mais vous pourrez aussi à l’occasion attraper et faire combattre vos Sujimon dans une arène, et monter dans les différentes ligues en combat 3 contre 3… A vous de trouver et choisir les Sujimon les plus adaptés. Certains Sujimon apparaissent sur des points de raid visibles sur la carte (coucou Pokémon GO) mais d’autres peuvent parfois être capturables après un combat contre des ennemis coriaces, marqués par une couronne.
Au terme du combat contre le Sujimon, vous aurez deux phases : l’appâter avec un cadeau (comme le lancer de pokéball) en appuyant sur A quand la barre est à fond, et seconde phase : tentez de l’attraper en appuyant sur A le plus vite possible. Si vous avez tout bien fait, il est à vous, sinon il s’échappe… Et le jeu est malin : si vous sauvegardez pile après le combat et que le Sujimon est devant vous, admettons qu’il s’échappe, si vous rechargez la partie, il aura disparu ! Bref ce mode allonge considérablement la durée de vie du jeu pour les completionnistes, et se révèle plutôt fun même si parfois c’est frustrant de laisser s’échapper un Sujimon rare an foirant une pression sur A…
Autre activité, autre univers… Vous connaissez Animal Crossing ? Ici vous avez Dondoko Island, une île au large d’Hawaï totalement polluée qu’il faudra nettoyer à grands coups de battes ! Crafter, construire, placer des meubles (et immeubles), inviter des gens et faire monter l’île à 5 étoiles, avec en plus une intrigue annexe juste pour cette activité, vous allez en avoir pour votre argent !
Et tout ça sans parler des quêtes secondaires du jeu, qui vous feront rire, frissonner, pleurer et rager, tous les marqueurs de la saga sont bien là pour notre plus grand plaisir. On retrouve certaines thématiques ou situations déjà vues ou parfois basiques mais adaptées à l’île d’Hawaï, cela permet d’en apprendre davantage sur leur culture, leurs habitudes et leurs traditions, de quoi faire des découvertes et étoffer un peu votre culture au passage.
Au moment d’écrire cet avis, j’en suis à 30 heure de jeu et au huitième chapitre, l’intrigue est assez folle, disposant d’une variété et d’un rythme de superbe qualité jusque maintenant. Les enjeux sont là , et j’ai pris la décision de maximiser les liens d’amitié autant que possible pour en savoir un maximum sur chaque protagoniste du jeu (ce qui permet également de débloquer de nouvelles actions en combat fort pratiques)
Comme tous les jeux de la saga, la façon de le jouer dépendra de vous : foncer sur la quête principale, faire toutes les quêtes secondaires possibles, vous promener et faire un maximum d’activités… Vous serez amené à voir du pays, car au-delà d’Hawaï et de sa carte colossale, vous pourrez aussi faire d’autres virées et faire des (re)découvertes.
Sur un plan technique, le Dragon Engine prouve encore son efficacité, avec toujours les même lacunes sur le plan des animations un peu rigides, mais on ne peut que s’incliner devant le boulot colossal effectué sur Hawaï : c’est riche, varié, vivant, avec des couleurs vibrantes, le voyage fait du bien surtout en ce mois de janvier.
On a adoré : Hawaï, paradisiaque et plaine de vie Le scénario béton Les personnages consistants La durée de vie qui s’annonce balèze La gigatonne d’activités |
On n'a pas aimé : Quelques histoires secondaires recyclées Quelques animations rigides Pas facile de fuir un combat difficile… |
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