Depuis 2015, Ride est la référence des jeux de moto pour tous les fans qui cherchent une expérience éclectique proposant de conduire une grande variété de machines sur des circuits situés partout autour du monde. Une sorte de Forza Motorsport ou de Gran Turismo du jeu de moto, dans lequel on s’amuse autant au guidon d’une moto ancienne qui n’avance pas trop qu’à celui du dernier missile bourré de technologies. En 2018, Ride 3 nous avais conquis, ce qui n’était pas vraiment le cas de son successeur Ride 4 en 2020. Trois ans plus tard, ce nouvel épisode arrive-t-il à nous convaincre de nouveau ?
Au premier lancement, la première chose frappante si vous avez déjà joué à Ride sera sûrement le bond en avant en ce qui concerne la qualité de la modélisation de votre pilote, mais surtout des motos ! Le passage à un opus exclusif à la nouvelle génération transporte les machines de Ride dans une autre dimension. Auparavant déjà belles et bien modélisées, on touche ici au photo-réalisme presque absolu et on se surprend même à passer de longues minutes dans le menu d’accueil à simplement observer sous tous les angles la machine mise en avant devant nos yeux. Dans un jeu comme Ride, le « Bike Porn » est attendu et agréable, mais ce qui nous tarde surtout, c’est de découvrir le cœur du jeu, le mode carrière !
Pour celui-ci, pas vraiment de surprise, il est parfaitement classique et manque un peu d’âme. La progression dans le désormais bien connu World Tour de Ride se fait maintenant au travers de quatre chapitres distincts, regroupant chacun des dizaines d’épreuves avec des motos différentes. Comme souvent, on commence avec un petit 250cc 2-temps, pour rapidement prendre le contrôle d’une sportive de 600cc puis de 1000cc. En avançant un peu plus dans les courses, ce sont de vraies motos préparées pour la course ou l’endurance qui vous attendent. En remportant des courses, vous grimperez les échelons du classement mondial des pilotes, débloquerez la suite du programme, mais aussi de nouvelles motos et de précieux crédits qui vous serviront à préparer vos machines et à customiser votre pilote. Terminer un chapitre principal vous donnera aussi accès à un chapitre annexe dans lequel vous retrouverez de nouveaux challenges, cette fois-ci un peu plus originaux et thématiques avec bien souvent l’utilisation d’une moto spécifique que vous ne pourrez pas choisir ou personnaliser. Ces challenges sont aussi un peu plus ardus, avec des qualifications avant la course et des épreuves plus longues. Le contenu en ce qui concerne le nombre de courses est donc colossal dès le lancement du jeu, un bon point pour Ride 5 ! Le jeu intègre aussi en marge du classement mondial des pilotes un système de rivaux, que vous rencontrerez régulièrement lors d’affrontements en face à face. Ces mêmes pilotes courent contre vous dans les courses régulières et son généralement dans le trio de tête à vos côtés. On reconnaît donc rapidement leur nom et on développe un vrai sentiment de rivalité vis-à -vis de ces ordinateurs, un aspect qui permet un peu plus d’investissement lors des bagarres pour le podium.
Dans ce mode carrière, les courses s’enchaînent rapidement et vous n’utiliserez que rarement deux fois d’affilée la même catégorie de motos, ce qui permet de garantir un minimum de variété et de renouveler un peu l’expérience de pilotage avec chaque nouveau destrier. Malgré cette rotation dans les épreuves, il est néanmoins fort probable que vous n’utilisiez finalement qu’une poignée de machines différentes. Une fois la moto la plus compétitive acquise dans chaque catégorie, il y a en effet peu d’occasion ou même d’incitation à rouler avec une autre. Malheureusement, la typologie des courses proposées est trop peu variée pour atténuer ce sentiment car vous n’aurez l’occasion de participer qu’à trois types de courses : le contre-la-montre, la course classique (souvent sur trois tours) et la course d’endurance. Ces épreuves trop semblables renforcent un peu ce sentiment d’avoir fait le tour des machines après seulement quelques heures de jeu.
A notre grand regret, l’opus semble en effet chercher à se rapprocher davantage du monde « compétitif » de la moto, avec des courses sur circuits officiels et beaucoup de déclinaisons de motos sportives, délaissant au passage les courses sur tracés routiers et les motos « de monsieur tout-le-monde ». Cet aspect est particulièrement visible dans la mesure où les courses d’endurance sont clairement mises en avant par Milestone dans la communication pour Ride 5 ! Bien qu’elles existaient déjà dans Ride 4, elles s’étoffent pour proposer des courses allant de 20 minutes à 24 heures, avec passage au stand pour la gestion des pneumatiques et de l’essence, cycle jour/nuit et météo dynamique (et donc potentiel passage au stand pour chausser des pneus pluie), mais aussi avec la possibilité de sauvegarder votre progression à chaque passage au stand ! Plus besoin de laisser la console tourner toute la nuit sur pause pendant votre session des 24 heures du Mans ! Un bon point pour les mordus qui veulent reproduire quelques courses du Championnat du Monde d’endurance, enfin, si seulement au lancement du titre le mode n’était pas bugué au point d’en devenir injouable !
En effet, à l’heure où sont écrites ces lignes, il y a de fortes chances pour que le passage au stand lors d’une course d’endurance vienne « casser » la gestion du classement en jeu, bug qui viendra afficher de manière erronée le classement pour tout le reste de la course et, surtout, qui empêchera la course de se terminer ! Le chrono affichera 0.00 mais vous pourrez continuer à tourner indéfiniment sur la piste sans jamais voir de drapeau à damier. Perdre son temps sur une course de 20 minutes passe encore, mais les joueurs qui se retrouveront confrontés au problème (le jeu est accessible depuis le 21 août pour les joueurs ayant précommandé l’édition Spéciale au format numérique) après avoir tourné plusieurs heures risquent de ne pas être tendres avec leur manette…
C’est un véritable crève-cœur, surtout que, comme mentionné précédemment, le jeu n’est clairement pas très généreux en ce qui concerne le type d’épreuves proposées. Dans la variété des courses (et des motos), la série Ride est clairement sur une pente descente qui fait beaucoup de peine à voir quand on est fan du titre. Ride 3 nous proposait des courses sprint de point à point, des courses de drag, et même des courses de supermoto sur des circuits dédiés, avec parfois des parties hors asphalte. Ride 4 venait nous enlever les circuits de supermoto dédiés mais gardait le drag. Dans Ride 5, rien de tout ça ! Ni supermoto, ni drag, ni courses sprint… L’endurance était un moyen de varier les plaisirs, mais vu l’état dans lequel le mode a été livré, il ne faut pas trop compter dessus à l’heure actuelle !
Pour renforcer ce sentiment d’un manque flagrant de variété, il est impossible de faire l’impasse sur la sélection de motos. Celle-ci est clairement une véritable déception au lancement ! Ride avait pour habitude de nous proposer une sélection très éclectique dans laquelle chaque motard ou presque pouvait se retrouver, peu importe le type de machine qu’il affectionne. Ride 3 était le pinacle de cet aspect, avec des motos de catégories très variées, Naked, Maxi Enduro, Supermoto, Sport, Super Custom et Course mais surtout avec 26 constructeurs différents au lancement ! Ride 4 commençait à nous décevoir sur ce point, avec seulement 17 constructeurs au lancement et des catégories qui disparaissaient. Pour Ride 5, c’est la désillusion la plus totale. Au lancement, ce sont seulement 10 constructeurs qui sont proposés au joueur !
Le jeu mise clairement la quasi-totalité de ses cartes sur les motos sportives ou de courses, ne proposant par exemple que 35 roadsters au lancement (Ride 3 en offrait plus de 60 !) et nombre de motos dupliquées (un même modèle en version stock, course, endurance). Si vous aimez principalement les sportives vous serez servi, mais il y a globalement un très grand manque d’ambition et de créativité sur ce que pourrait être Ride, qui choisit de ne pas s’intéresser à tout un pan de la culture moto en écartant un grand nombre de catégories. La sélection ne propose quasi aucune moto ancienne (l’homme fait pourtant la course à moto depuis la fin des années 1800 !), pas de néo rétro ou de classiques ou même de motos customisées à la sauce café racer par exemple et les supermoto ont elles aussi disparu. Les petites cylindrées modernes sont aussi totalement absentes, même en catégorie sportive (pas de Yamaha R3, KTM RC390 ou encore Kawasaki Ninja 400), tout comme les électriques. Ces machines qui, même si elles restent particulièrement marginales sur la scène moto, proposent des choses très intéressantes (comme l’Energica EGO, qui avec une fiche technique qui fait pâlir bon nombre de grosses sportives thermiques mérite bien une série de courses dédiées dans Ride !). Il existe aussi aujourd’hui dans le paysage des deux roues un grand nombre de courses incroyables, comme le King of Baggers aux Etats-Unis qui voit s’affronter d’énormes Harley Davidson ou Indian équipées de valises… machines initialement plutôt dédiées au touring sur la route 66 qu’à la course, des courses de côte, du flat track, des courses de dragster à flanc de montagne ou sur un lac de sel, les possibilités sont infinies et c’est ce qu’on aimerait voir davantage dans Ride !
Où est passé Ride 3 et sa véritable ode à la moto sous toutes ses formes ? Où est passée la passion ? Nous pensons avoir un élément de réponse et il s’appelle malheureusement DLC. Un Season Pass est déjà disponible et les joueurs qui comme nous veulent pouvoir conduire des machines variées qui ne soient pas nécessairement des motos purement sportives devront très probablement passer par la case porte-monnaie s’ils souhaitent le faire…
Mais attention, bien que la sélection de machines et la variété des épreuves proposées laisse grandement à désirer à notre goût, Ride 5 n’est pour autant pas dénué de qualités, bien au contraire. Tout d’abord, comme mentionné en début de critique, le jeu fait clairement un bond en avant graphiquement, avec en plus d’une modélisation remarquable des motos, une nette évolution sur les circuits qui sont enfin un peu vivants, proposent de plus belles textures, couleurs et lumières. Les effets météorologiques sont eux aussi réussis, tout comme l’impression de vitesse qui est saisissante en vue casque, bien qu’elle ne soit pas la plus jouable. Elle est par ailleurs particulièrement immersive et encore plus de nuit ou sous la pluie. En vue éloignée, les animations des pilotes semblent se fluidifier, et on a vraiment l’impression de regarder un pilote, plutôt qu’un mannequin un peu rigide comme ça pouvait être le cas auparavant. Les performances en jeu sont toujours aussi bonnes, avec 60 images par seconde sans ralentissement, même sur les circuits dans lesquels les décors sont denses ou lors des premiers virages dans lesquels beaucoup de motos sont affichées à l’écran en même temps.
Au niveau de l’IA, Milsetone propose dans Ride 5 de nombreuses options pour la personnaliser, à la fois en termes de difficulté, mais aussi en termes d’agressivité. Si les niveaux d’agressivité les plus élevés sont pour le coup trop pressants, avec des pilotes qui n’hésitent absolument pas à venir vous percuter, les adversaires sont plus précis et propres dans leur pilotage dans les niveaux les plus bas. Ils proposent par ailleurs un très bon challenge même sans monter dans les réglages les plus difficiles, et vous donneront du fil à retordre même à 70% de difficulté (niveau moyen). On se demande néanmoins parfois si l’IA est soumise aux mêmes règles que nous, à moto égale, elle semble en effet être en mesure de relancer plus vite ou de prendre des angles en virage qui nous sont impossibles. Il n’est pas rare de fermer la porte à un adversaire qui est littéralement collé à nous pour finalement le voir ressortir sur notre côté opposé quelques mètres plus loin dans le virage suivant, avec une trajectoire qui semble pourtant impossible à négocier. Milestone a mentionné que l’IA n’était pas encore dans sa version finale dans la version que nous avons pu tester, des améliorations devraient donc suivre, mais on y trouve quand même son compte à l’heure actuelle.
Un deuxième aspect à saluer est le travail effectué sur le gameplay, qui s’affine énormément et se montre bien plus agréable qu’auparavant. Le jeu s’ouvre un peu plus aux débutants qui à l’aide des très nombreuses aides pourront facilement terminer les premières courses et évoluer petit à petit. Pour eux, le jeu fait malheureusement un peu l’impasse sur le côté « formateur » que pouvait offrir Ride 4 avec son système de permis, car il ne propose ici qu’un très succinct tutoriel en début de carrière. Mais les joueurs chevronnés eux s’y retrouveront très vite et pourront facilement régler le jeu jusqu’à ce qu’il devienne proche d’une expérience de simulation. Vous pourrez librement régler (dans les menus ou même à la volée en pleine course) ou carrément désactiver les différentes aides à la conduite comme le traction control, l’ABS, l’anti-wheeling ou encore la cartographie moteur, transformant une moto docile au caractère peu réaliste en véritable bête indomptable à la physique impardonnable. Ces aides technologiques sont d’ailleurs parfois un peu incohérentes dans la mesure où elles sont activées d’office sur des motos anciennes qui ne proposent absolument pas ces technologies modernes, un petit détail qui ne manquera pas de faire sourire les puristes. Les plus habitués à la fois à Ride et à la fois à la conduite d’une vraie moto noteront aussi sûrement la tendance au sous-virage dans ce nouvel opus ou même les roadsters les plus agiles on tendance à rencontrer des difficultés pour aller chercher la corde en virage, même avec un freinage très en amont. C’est un passage systématique par la case réglage des suspensions et une bonne utilisation du frein arrière qui viendra rendre aux motos plus de maniabilité, mais ces aspects risquent fort d’être occultés par les joueurs les moins experts. Heureusement que l’option Rewind existe, elle permettra au moins à tous de retourner quelques secondes en arrière pour s’assurer de bien négocier les virages !
Être un bon pilote passe aussi par l’entraînement et vous aurez tout le loisir de le faire dans le mode course libre, qui propose de participer à une course unique, une épreuve de contre-la-montre, d’endurance ou encore un championnat de plusieurs courses. Le mode course libre est par ailleurs jouable à deux en écran séparé, une option qui fait son retour pour notre plus grand plaisir ! Enfin, il intègre aussi un nouvel outil, le Race Creator ! Dans ce dernier, vous aurez tout le loisir de créer votre propre championnat, en personnalisant absolument tous les aspects. Choix du nombre d’épreuves, de la durée, des circuits, des motos utilisées, du nombre de pilotes en course, mais aussi du cycle temporel et météorologique dans ses moindres détails, etc. Un aspect intéressant mais on regrette que les épreuves créées ne soient pas partageables en ligne, pour essayer les championnats imaginés par les autres joueurs.
Les éditeurs de livrées intègrent bien une option de partage en ligne ! Ils sont très complets et permettent de customiser moto, casque, combinaison mais aussi écusson de pilote ou stickers à ré-appliquer dans vos créations par la suite. On note malgré tout quelques bugs sur l’éditeur dédié aux motos avec des formes qui ne s’appliquent pas très bien en fonction des parties de la moto (motifs qui dépassent sur d’autres parties de la moto, etc.). Le multijoueur en ligne fait bien entendu son retour, mais celui-ci reste comme à l’accoutumée trop anecdotique. Il a cependant le mérite de proposer des serveurs dédiés, vous pourrez donc héberger votre propre événement avec les règles que vous voulez. Nous aimerions que Ride commence à proposer des événements multijoueurs un peu plus communautaires, un aspect très important de la culture moto. Pourquoi pas des sessions de roulage libre sur les circuits ou encore un rassemblement moto pour admirer les créations des autres joueurs ? Un aspect que nous surveillerons bien évidement de près pour le prochain opus !
On a adoré : Graphiquement et physiquement convaincant Le photo-réalisme des motos IA en nette progression Performance sans faute Gameplay accessible ou exigeant, à vous de voir Mode carrière qui vous tiendra bien occupé Les rivalités en mode carrière Personnalisation poussée, mécanique comme cosmétique Partage des créations avec la communauté Le retour du jeu en écran partagé |
On n'a pas aimé : Un jeu qui manque « d’âme » Bugs critiques au lancement (courses d’endurance) Peu de variété dans les types de courses Sélection de motos peu variée et globalement décevante Seulement 10 constructeurs au lancement Multijoueur toujours anecdotique |
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