Il y a 30 ans, en 1994, Tekken voit le jour sur borne d'arcade avant d'être adapté sur PlayStation première du nom. La licence a ainsi passé les années avec des titres plus ou marquants et diverses adaptations en films, sans compter la récente série animée de Netflix. Pour votre serviteur, c'est Tekken 3, avec Eddy et Gon, qui reste à jamais gravé dans son cœur. Tandis que beaucoup de séries ont disparu de la circulation, quelques unes arrivent à tirer leur épingle du jeu et à continuer leur chemin. C'est le cas de Street Fighter, de Mortal Kombat et de Tekken. Après un SF6 brillant, il est l'heure de voir si Tekken 8 a les épaules pour s'imposer également comme l'un des meilleurs jeux du genre. Réponse dans cette critique basée sur une version numérique Xbox Series X fournie par l'éditeur.
Pour éviter de laisser les new challengers sur le bord de la route, les développeurs ont intégré une galerie spéciale qui, outre cinq illustrations, permet de profiter des résumés en vidéo des sept opus canoniques de la licence, en plus d'une histoire secondaire appréciable. De quoi rafraîchir les mémoires avant de se lancer dans le mode scénarisé de ce nouvel opus. Bien entendu, la Galerie permet également d'accéder à toutes les illustrations et toutes les vidéos débloquées au fil des heures passées à jouer. Une fois tous les éléments en tête, il est l'heure de se lancer dans l'Histoire, « Le réveil des ténèbres » qui revient sur l'éternel combat entre Kazama et Mishima, entre Jin et Kazuya plus précisément. Il est clair que la scénarisation est souvent tirée par les cheveux, que le tournoi qui fait la renommée de la licence laisse vite la place à des événements qui nous dépassent, jusqu'à un final qui demande d'enchaîner plusieurs fois un même combat avec quelques variantes. Beaucoup passeront outre le scénario intrinsèque et pourtant, peu lâcheront la manette. Pourquoi ? Simplement parce que la mise en scène est excellente et que l'on se laisse porter par ce qui se passe. On accepte tout ce qui peut paraître invraisemblable (même le fait que chacun parle dans sa langue maternelle et comprend tous les dires des autres), on accepte même un passage qui lorgne du côté du beat them up, et on profite simplement des affrontements, découvrant au passage les nouveaux personnages introduits dans cet épisode, à savoir Reina (à l'identité secrète qui ne l'est pas tant), Victor Chevalier (notre français dont la voix n'est autre que celle de Vincent Cassel) et Azucena (une combattante de MMA de qualité qui devient vite insupportable avec son rapport au café).
Une fois ce mode terminé, tout n'est pas fini puisque vous pouvez vous orienter vers les Episodes des personnages. A vous alors de participer à cinq combats pour découvrir la fin de chacun des trente-deux personnages, soit 160 combats supplémentaires à mener. Notons que si certaines fins sont ubuesques, comme celle de Kazuya, d'autres font sens, comme celle de Jun qui est superbe ou encore celle d'Azucena qui pousse le délire autour du café jusqu'à ses derniers retranchements... En solo, il y a encore de quoi faire puisque, outre les classiques modes Arcade, Entraînement et VS, on note le retour du Tekken Ball (le mini jeu d'affrontement avec un ballon, façon volleyball dans lequel il faut mettre KO l'adversaire en portant les coups sur le ballon ou en le faisant rebondir dans la surface adverse) et l'ajout d'un mode Quête Arcade. Dans ce dernier, vous retrouvez un Avatar (comme sur Xbox 360 ou à l'image des Mii de Nintendo) et vous allez vous laisser guider par Max pour enchaîner les combats dans des salles d'Arcade. On note un effort sur la scénarisation mais celle-ci n'est pas spécialement intéressante. Le véritable but de ce mode, c'est de progresser au travers de plusieurs combats et une poignée de tournois, tout en remplissant des objectifs poussant à mieux appréhender le gameplay. C'est à mi-chemin entre le mode entraînement et le mode Arcade, le tout enrobé par cette scénarisation qui amène à fréquenter plusieurs salles pour montrer qui est le maître de Tekken. Bien entendu, les combats permettent d'engranger de l'expérience et de monter dans les rangs, tout en débloquant divers éléments de personnalisation. Il y a six salles à écumer, plus une septième qui permet d'affronter son fantôme qui va apprendre au fil des combats et s'améliorer. Un bon moyen d'apprendre les bases et de s'améliorer. Une fois le mode terminé, on peut même se lancer dans les super batailles de fantôme, dont celui de Harada que nous avons battu du premier coup. D'ailleurs, il faut bien l'avouer, l'IA de ce Tekken 8 n'est pas des plus reluisantes. Si elle s'avère tout à fait correcte pour les néophytes et autres amateurs, elle se fait largement défoncer par les initiés, au point d'arriver à régulièrement sortir des Perfect. Dommage, un petit travail dessus aurait été de bonne augure même si elle peut parfois surprendre avec quelques enchaînements bien placés.
Une fois le solo écumé, c'est du côté du multijoueur en ligne qu'il faut se tourner. Outre le matchmaking d'amis, on peut opter pour une partie rapide ou une partie classée, en sachant que pour patienter, on entre dans le mode entraînement pour parfaire ses techniques. Avant tout, une rencontre contre l'I.A. permet de déterminer son niveau, histoire de savoir comment se positionner par rapport aux autres adversaires. En partie classée, on peut ajuster la limite de rang, soit la faire sauter, soit faire en sorte que l'adversaire soit à +/- 2 ou 3 rangs de soi. On peut également ajuster la qualité de connexion et activer ou non le cross-plateforme. Pour une expérience moins directe mais plus sociale, il est possible de rejoindre un salon de combat. On incarne alors notre Avatar qui peut se déplacer dans l'entrée, le dojo, l'espace de combat, l'espace de la plage (pour le Tekken Ball) et la boutique de personnalisation. On peut ainsi rejoindre une borne et lancer un combat ou voir les informations des joueurs que l'on croise, voire affronter leur fantôme. Dans ce mode, pour une raison que nous ignorons, le matchmaking est plus long que lorsqu'on passe directement par une partie rapide, classée ou non. Dans tous les cas, une fois en jeu, le résultat est probant. Le rollback netcode est efficace et nous n'avons eu que rarement à souffrir de quelques ralentissements de l'image. D'une manière générale, ça fonctionne bien même si nous ne sommes pas à l'abri de quelques ratés.
Les artistes qui ont travaillé sur Tekken 8 ont fait un boulot remarquable pour donner une identité à chaque personnage. Certes, on peut ne pas accrocher à certains looks, comme celui d'un Paul qui semble mal vieillir ou d'une Nina qui dénote, mais il faut reconnaître qu'il y a eu un certain travail. Néanmoins, tout un chacun est capable d'aller au-delà de ce travail en utilisant la personnalisation des personnages. On peut ainsi créer plusieurs variantes en modifiant la coupe de cheveux, les yeux, la couleur des sourcils, les joues, la couleur des lèvres, le bronzage et même en appliquant du maquillage sur les yeux, les lèvres, voire le visage complet. On peut également habiller notre perso en lui mettant un couvre-chef, dont certains sont ridicules, un casque complet, des lunettes, une des tenues à débloquer ou en choisissant soi-même le haut, le bas et les chaussures. Bien entendu, tous les éléments ne sont pas toujours compatibles. On peut ajouter jusqu'à deux accessoires, modifier la carte du personnage, son aura et même l'effet du coup. Une fois toutes les modifications terminées, on peut même le mettre en scène, en pose active ou passive, avant de prendre photo pour sa miniature. Autant le dire, certains résultats sont vraiment très agréables, d'autres sont beaucoup plus surprenants, pour ne pas dire de mauvais goût. A soi donc de savoir si on tient à donner du style à son personnage ou si on préfère le ridiculiser. Dans tous les cas, notez que la plupart des éléments sont à débloquer avec la monnaie in-game (gains de combat) et que d'autres doivent être débloqués en remplissant une condition particulière, comme affronter le super fantôme du personnage.
La personnalisation ne s'arrête pas à nos 32 protagonistes principaux puisqu'il est également possible de personnaliser son profil, en s'ajoutant un titre, en modifiant son insigne (le fond sur lequel il est affiché), en ajoutant un artifice visuel à sa jauge de santé et un cadre à sa plaque d'informations. Ensuite, c'est son Avatar que l'on peut créer et modifier. Comme pour les combattants, on définit tous les éléments du corps (couleur de peau, des yeux, forme du visage, chevelure et sa couleur, marques distinctives entre cicatrices et pilosité...) et les vêtements à porter, avec là encore des ensembles complets, des casques, des hauts, des bas, des chaussures, des accessoires... Tout n'est pas compatible mais le menu est suffisamment bien fait pour vous dire ce qui peut ou non aller ensemble quand vous essayer de l'appliquer. Bien entendu, la bande-son peut également être ajustée, en sélectionnant les morceaux à écouter, avec plus d'une trentaine de titres dynamiques créés pour ce Tekken 8 mais également l'intégration des musiques de Tekken, Tekken 2, Tekken 3, Tekken Tag Tournament, Tekken 4, Tekken 5, Tekken 6, Tekken Tag Tournament 2, Tekken Revolution et Tekken 7. Autant dire qu'il y a du choix !
Puisque nous aimons les éléments qui permettent de moduler l'expérience, nous pouvons noter qu'il y a l'intégration d'un paramètre d'accessibilité pour ajuster le support des couleurs. Du côté des options, on peut modifier le nombre et la durée des rounds, activer ou non les vibrations de la manette, activer ou non le jeu cross-plateforme, régler ses préférences de rollback (pour privilégier la fluidité visuelle des combats ou le délai de réponse), ajuster les paramètres d'affichage (HUD) ou encore réaffecter toutes les touches de la manette ou se créer quelques raccourcis pour associer les touches entre elles, ce qui permet par exemple de faciliter la sortie d'une choppe.
On ne va pas se mentir, le gameplay de Tekken 8 est très dynamique mais il est aussi et surtout très porté sur l'attaque. Il ne faut pas négliger pour autant la défense, qui se fait en reculant (ou bas et côté opposé pour défendre sur les attaques basses) ou en réalisant une chope pour contrer celle de l'adversaire, mais il est clair que l'attaque est bien plus vite récompensée avec les actions punitives, les brises-garde, le power crush (issu de Tekken 7), les attaques Heat et le Rage Art. Pour schématiser, le power crush est une attaque qui permet d'abord d'absorber les dégâts de l'attaque adversaire avant de lui infliger son coup. Le système Heat, disponible une seule fois par round, permet d'infliger des dégâts, même lorsque l'adversaire est en position défensive, et peut également permettre de sortir un combo facilement en appuyant à nouveau sur la touche d'activation. Quant au Rage Art, qui fait son retour ici, il s'agit simplement d'un système qui permet de lancer une attaque « cinématique » qui inflige de lourds dégâts à l'adversaire. Attention, pour y avoir accès, il faut que sa jauge de vie passe sous un certain seuil. C'est donc un élément efficace mais plutôt tactique qui permet de retourner une situation. Bien entendu, tous les coups peuvent être avortés. Rassurez-vous, même si l'adversaire ou vous enchaînez le Heat et le Rage Art, cela ne videra pas totalement la barre de vie (on est plus proche du 1/3 à 40%), ce qui laisse suffisamment de marge pour se reprendre. Les néophytes et autres débutants pourront également compter sur une configuration de simplification des commandes en appuyant à tout moment sur la gâchette haute gauche. Cela permet d'automatiser les combos et de sortir quelques attaques plus spectaculaires au détriment de la maîtrise. Ne vous y trompez pas, là encore, on est sur un élément qui vise à attirer les non initiés avant de les faire passer sur les commandes plus classiques, plus difficiles à appréhender pour les combos, mais ô combien plus jouissives quand ces derniers sortent. Chaque personnage a ses particularités et s'il est clair que Jin et Kazuya sont plutôt bien lotis, il faut reconnaître que tous ont leurs avantages et leurs défauts. Dans l'ensemble, ça semble plutôt équilibré même si nous avons un coup de cœur pour Jun, Reina et Law. D'autres suivent de près ! Outre Reina, les deux autres nouveaux s'en sortent très bien, ils ont du style et sont très agréables à manier. En revanche, côté personnalité, ils sont tous les deux aussi insupportables l'un que l'autre.
Pour ce nouvel opus, Bandai Namco a préféré avoir recours à l'Unreal Engine 5. Si on oublie les avatars qui sont négligeables, il faut avouer que le résultat est plutôt à la hauteur. Déjà , techniquement, le titre ne bronche pas malgré les effets visuels et la vitesse de certains enchaînements. Les personnages sont parfaitement modélisés même si on peut regretter quelques faiblesses dans les textures des visages, notamment lors des gros plans. Les textures des vêtements sont en revanche détaillées et vraiment belles. Les décors des seize arènes disponibles sont agréables, il y a des détails (moins que chez certains concurrents) et visuellement ça a du style. On apprécie également les stages à plusieurs niveaux. Le résultat est vraiment solide, ça en met plein les mirettes et on se régale à voir les combats. Enfin, précisons que, comme pour tout jeu du genre désormais, des personnages arriveront en DLC, dont Eddy Gordo, personnage emblématique de Tekken 3.
On a adoré : Le mode Quête Arcade pour progresser Les histoires secondaires pour chaque perso Le retour du Tekken Ball Un casting riche et varié Une multitude d'options Un code réseau assez solide La galerie, avec les résumés des Tekken canons Une grosse bande-son C'est beau et dynamique Les fantômes, les rediffusions, etc. Un gameplay très satisfaisant Accessible pour les néophytes La mise en scène du mode Histoire... |
On n'a pas aimé : Malgré un scénario invraisemblable Une I.A. qui manque de mordant Les textures des visages moins travaillées Scénarisation du mode Quête Arcade oubliable Matchmaking bien plus long en salon qu'en partie rapide Les personnalités de Victor et d'Azucena Certaines possibilités de personnalisation font mal au cœur |
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