En juin 2018, sur nos Xbox One, nous avons pu découvrir un nouveau volet de la licence Bomberman, le bien nommé Super Bomberman R qui avait déjà fait ses armes sur Nintendo Switch. Outre une partie en solo, le titre disposait d’une partie multijoueur, dont un mode bataille. Un poil moins de trois ans plus tard, plutôt que d’ajouter un mode Battle Royale au titre d’origine, Konami a opté pour un Super Bomberman R Online, une version free-to-play basée sur le mode Bataille porté cette fois de 8 à 64 joueurs pour en faire un Battle Royale. Enfin, free-to-play, si on se passe d’un pack Premium à 9,99€ qui apporte divers Bombers et la possibilité de créer ses propres parties… Bonne idée ou véritable entourloupe ?

Nous n’allons pas forcément trop nous attarder sur le jeu lui-même puisque Super Bomberman R Online reprend tout simplement le principe de Super Bomberman R, auquel on n’a conservé que le mode Bataille jouable à 64 joueurs. Ainsi, outre les paramètres et un petit tutorial bienvenu pour les néophytes, la seule véritable possibilité pour jouer, c’est de lancer le matchmaking. Une fois cela fait, après une attente assez longuette (entre 30 et 75 secondes pour la recherche de la partie, une vingtaine de secondes pour l’attente des autres joueurs, une quarantaine de secondes pour le chargement de la partie et cinq secondes pour la présentation des quatre joueurs de l’arène sur laquelle on est propulsé – soit environ 1 min 35 à 2 min 20 d’attente), on démarre la partie. Ne vous attendez pas à trouver 64 joueurs avec vous sur la petite arène de jeu au level design unique pour toutes les parties… Au début, il y a 16 arènes avec quatre joueurs à chaque fois. Au bout d’une minute, quatre arènes sont fermées et les joueurs présents sur celles qui ferment sont invités à déguerpir rapidement vers d’autres qui ne sont pas menacées de fermeture. Puis ça recommence, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’une arène et plus précisément, un joueur, le gagnant de la bataille royale. Bien entendu, en fonction de sa position, on récolte quelques points, qui permettent de faire monter des niveaux et ainsi de débloquer quelques éléments cosmétiques pour personnaliser ses personnages et les bombes.

Pour le reste, on retrouve le principe même du jeu, à savoir poser des bombes et faire exploser les autres joueurs sans exploser soi-même. Plusieurs bonus sont à récolter pour gagner en nombre de bombes à transporter, en portée de l’explosion, en vitesse, pour donner des coups de pied dans les bombes en place, etc. Le petit plus, c’est que chaque joueur a deux vies et qu’il est possible de récolter tous les bonus des joueurs qui sont éliminés, vies comprises histoire de compenser la perte d’une. Visuellement, ce free-to-play affiche quelques années de retard, tandis que la bande-son reste appréciable. Du coup, sur le papier, il est difficile de cracher dessus puisque c’est gratuit et que les parties offrent une certaine dose de fun, même si le temps d’attente est parfois plus long que le temps de jeu, et ce malgré la présence de deux cœurs. On en revient donc à la problématique soulevée au début de cet avis, pourquoi diable proposer un free-to-play au lieu d’une mise à jour du jeu original ? La première réponse, c’est que cela permet à tous les joueurs, dont ceux qui n’ont pas voulu tenter l’aventure du Super Bomberman R original, d’y participer. En plus, avec le cross-play activé, cela agrandit la communauté pour assurer d’avoir des parties à 64 joueurs sans forcément attendre des plombes. La deuxième réponse, c’est que ça permet à Konami de vendre un Pack Premium à 9,99€.

Dans ce dernier, on retrouve pas moins de 14 personnages additionnels (voir liste ci-après), dont certains sont directement tirés de Super Bomberman R (Naked Snake, Bill, Vic Viper, Lance et Raiden, introduits dans la mise à jour 2.1). Outre les partenariats mis en avant, ces personnages du Pack Premium introduisent surtout un système de classe (Attaque, Vitesse et Spécial), en sachant que chaque Bomber de ce pack dispose d’une capacité spéciale que n’ont pas les Bombers classiques accessibles de base. Sur le papier, cela a de quoi bien déséquilibrer les parties, surtout quand on a un Pyramid Head qui met chaque personnage qu’il touche KO (durant la phase active de sa capacité spéciale), un Lance qui attaque les huit blocs en face de lui, un Bubble Head qui s’inflige l’effet Crâne, Mimi / Nyami qui respectivement accélère/ralentit aléatoirement le compte-à-rebours des bombes à portée, Robbie qui paralyse ceux qu’il touche, Naked Snake qui se déplace librement sans être vu ou encore Alucard qui passe à travers les bombes et les explosions. Autant dire que ce dernier ne peut être coincé qu’un bref moment, lors du cooldown de sa capacité spéciale.

Type Attaque
• Bomber Simon Belmont de Castlevania
• Bomber Pyramid Head de Silent Hill
• Bomber Raiden de Metal Gear Solid

Type Vitesse
• Bomber Alucard de Castlevania
• Bomber Vic Viper de Gradius
• Bomber Bill de Contra
• Bomber Lance de Contra
• Bomber Naked Snake de Metal Gear Solid
• Bomber Richter de Castlevania

Type Spécial
• Bomber Bubble Head de Silent Hill
• Bomber Princess Tomato de Princess Tomato in the Salad Kingdom
• Bomber Mimi de Pop'n Music
• Bomber Nyami de Pop'n Music
• Bomber Robbie the Rabbit de Silent Hill

Maintenant que vous connaissez la théorie, disons que la pratique est un peu plus nuancée que les apparences le montrent. Il est clair qu’avoir Alucard permet de se sauver de bien des situations en passant simplement à travers les bombes ou en utilisant la capacité spéciale lors des explosions pour éviter d’exploser. Mais la contrepartie de tous ces personnages, c’est que leur évolution avec les bonus est plus ou moins limitée. Pour continuer avec notre exemple, Alucard n’a qu’un point de vitesse et ne peut porter qu’une bombe de faible portée, ce qui le rend très performant pour les esquives, moins pour l’attaque. Avec les bonus à récolter, il ne monte qu’à quatre points pour la portée, quatre bombes à porter et quatre points en vitesse, ce qui le rend en tout point inférieur à Rose, exception faite de sa capacité spéciale. De même si la capacité spéciale de Pyramid Head est dévastatrice, il faut avouer que sans elle, le personnage est lent et faible. Bien utilisés, ces personnages peuvent être de vrais atouts (encore une fois Alucard est limite le plus cheaté) mais ils ne déséquilibrent pas pour autant les parties quand on prend le Bomber Blanc qui, bien que faible de base, peut augmenter toutes les statistiques au maximum (8) pour devenir véritablement efficace. On peut également privilégier la vitesse, la portée des bombes ou le nombre transporté avec les Bombers Noir, Rouge et Bleu, ou opter pour le Bomber Rose, le plus équilibré (cinq points pour chaque caractéristique), qui n’évolue pas avec les power-ups en contrepartie. Du coup, le choix du personnage est vraiment stratégique et chacun s’inscrit bien dans une façon de jouer même si le pack Premium paraît clairement indispensable pour avoir toutes les cartes en main. La seule chose qui manque réellement, ce sont des maps au level design plus travaillé dans la veine de celles de Super Bomberman R, le placement aléatoire des caisses ne suffisant pas.

Dernier point et non des moindres, le Pack Premium est INDISPENSABLE pour créer ses propres parties ! Sans cela, vous ne pouvez pas inviter les copains à jouer avec vous, vous ne pouvez que prier pour qu’ils tombent dans la même partie que vous grâce au matchmaking. Une honte pour cette fonctionnalité qui devrait être présente de base. Ce qui est encore plus ironique, c’est que la création de partie permet de régler le type de la partie, entre Standard, Grand Prix et Bataille 64, choix qu’on ne peut pas avoir avec le matchmaking. Bien entendu, d’autres paramètres sont à exploiter, comme la possibilité de lancer une partie avec ou sans capacité spéciale (sans, les personnages guests sont vite désavantagés), avec ou sans Louie, en déterminant la position de départ ou la laissant au hasard, etc. Bref, c’est une fonctionnalité assez vitale pour se lancer dans les parties avec les copains et c’est clairement dommage qu’elle soit intégrée dans un pack à une dizaine d’euros.

Super Bomberman R Online s’avère être un petit jeu free-to-play sympathique pour quelques parties, d’autant qu’avec 100 niveaux de Pass à atteindre pour débloquer des éléments cosmétiques, il y a de quoi y rester un petit moment, à moins de se lasser du contenu de base ultra léger (un seul modèle d’arène disponible) ou de pester contre l’attente qui est assez longue par rapport au temps de jeu. Néanmoins, cette version Battle Royale aurait très bien pu être une mise à jour gratuite de Super Bomberman R pour profiter du contenu déjà existant et enrichir justement le multijoueur déjà disponible. Or là, si la version free-to-play peut être une bonne chose pour permettre à tous de s’y mettre, avec en prime le cross-play, nous regrettons très fortement que le Pack Premium à 9,99€ soit obligatoire pour simplement créer ses parties, avoir plus d’options et jouer avec ses amis. Certes, il apporte également 14 personnages, mais certains sont déjà dans Super Bomberman R, et il est clair qu’avec l’intégration des classes et des capacités spéciales, certains peuvent déséquilibrer les parties. Reste qu’avec des Bombers Blanc, Noir, Bleu et Rouge qui peuvent bien évoluer sur leurs caractéristiques grâce aux bonus à récolter sur le terrain, avec un peu de maîtrise, voire de chance, on peut très bien réussir à déjouer les personnages du pack Premium… Mais un personnage comme Alucard sort clairement du lot avec sa capacité à passer au travers des bombes et des explosions, un atout non négligeable qu’il faut anticiper pour le piéger lors du cooldown. En bref, il y a de quoi redire sur la méthode car ce qui part d’une bonne intention, la version free-to-play, se transforme en petit traquenard visant à vendre du pack Premium en appuyant sur l’ajout du mode de création de partie et des personnages guests qui sont visuellement intéressants, en plus d’être agréables à jouer avec les diverses capacités spéciales, chacun ayant la sienne (mais les Bombers de base n’en ont toujours pas).

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