La licence Ryu ga Gotoku, importée chez nous sous le nom Yakuza, a fait son petit bonhomme de chemin depuis la PlayStation 2 en 2006. Si les premiers épisodes ont su conquérir un certain public, ce n’est que récemment que la franchise a réellement décollé dans nos contrées, notamment grâce à la traduction française des sous-titres avec le spin-off Judgment, et l’excellent Like a Dragon qui a fait découvrir la saga à bien des joueuses et des joueurs. Des jeux d’action, certes, mais qui mettent l’accent sur l’histoire avant tout. Si certains reprochent un côté verbeux à la saga, c’est pourtant ce qui la différencie des autres titres du genre, et c'est ce qui rend les Yakuza/Like a Dragon si savoureux. Avec des textes travaillés, un sens de la narration, de la construction des personnages et de l’intrigue qui font plaisir à suivre, pour peu que l’on aime les scénarios qui vont plus loin qu’un simple conflit pour justifier la bagarre... Sans compter les nombreuses activités qui gravitent autour de l’histoire principale : des missions secondaires parfois rigolotes ou chargées d’émotions, des mini-jeux variés, des activités parfois étonnantes (gérer un bar à hôtesses, un chantier de construction ou un business immobilier) et surtout, de voir évoluer le Japon au travers différentes époques, des années 80 pour Yakuza Zero, à 2016 pour Yakuza 6 par exemple.
L’évolution n’est pas que visuelle : on suit également les mœurs, les relations de travail, de couple ou hiérarchiques, ou encore les diverses évolutions sociales et technologiques qui ont marqué les époques. Tenez, par exemple, dans les premiers Yakuza, vous pouviez sauvegarder uniquement à des points fixes : les cabines téléphoniques. Dans les épisodes plus récents, le téléphone mobile permet de sauvegarder n’importe où, n’importe quand. Un détail dans un océan d’autres choses qui font de ces jeux non seulement des marqueurs temporels, mais aussi des histoires qu’on prend plaisir à suivre grâce notamment au charisme incroyable de Kiryu Kazuma, le personnage principal de la saga. D’autres personnages récurrents, qui sont tout aussi classes, ont marqué les époques, évoluant aussi au fil des épisodes. Tout ça pour en venir à ce qui nous intéresse aujourd’hui : Like a Dragon : Ishin !
Cette-fois ci, direction le Japon de 1868, transition entre l’ère Edo et l’ère Meiji, pendant la période du Bakumatsu. Pan historique incontournable du Japon, qui vous est ici conté au travers des yeux de Ryoma Sakamoto, entre loyauté, honneur et vengeance. L’éditeur nous ayant fourni une version commerciale, en attendant que nous puissions finir le jeu pour vous proposer une critique plus complète, nous tenons à vous offrir cet avis Day One, sans spoiler, pour vous donner une idée des qualités et défauts du titre, du moins en se basant sur le début de l’aventure.
[Notez que le jeu est sorti à l’origine en 2014 sur PlayStation 3 et 4, exclusivement au Japon. Il s’agit de la seconde itération de la saga dans le Japon féodal, le premier étant Ryu Ga Gotoku : Kenzan, sorti en 2008 sur PS3. Like a Dragon : Ishin a été refait intégralement sous Unreal Engine 4, et est localisé intégralement en français dans le texte.]
Nous suivons Ryoma, qui revient dans le village de Tosa, après avoir passé quelque temps à Edo (ancien nom de Tokyo). Mais à peine arrivé, tout va très vite : il apprend que son frère (adoptif) Hanpeita est à la tête d’un mouvement qui tend à renverser le shogunat, le Kinno-To, fondé par leur père (adoptif aussi) alors que Ryoma était absent. S’en suit un meeting familial pour expliquer les tenants et aboutissants du Kinno-To, c’est alors que le père se fait assassiner, et les deux frères sont impuissants face à l’assaillant, qui utilise une technique au sabre particulière… Ryoma est alors suspecté du meurtre et quitte Tosa en laissant les rênes du Kinno-To à Hanpeita, jurant de retrouver qui a assassiné leur père.
On retrouve ainsi Ryoma un an plus tard, dans la ville de Kyo (Kyoto aujourd’hui). Il a changé de nom et se fait appeler Saito Hajime, il feint d’être un poivrot incapable et fainéant pour ne pas éveiller de soupçons. Depuis, il continue ses recherches et a découvert que le style utilisé par l’assaillant à Tosa se nomme le Tennen Rishin, et que le dojo qui l’enseignait se trouvait à Edo, mais a fermé… Depuis, il se dit que des pratiquants du Tennen Rishin se trouvent à Tokyo, au sein même de la célèbre milice du Shinsen-Gumi, qui officie à Kyo. Ryoma/Saito décide alors de rejoindre le Shinsen-Gumi pour découvrir la vérité, au moment même où des événements historiques vont prendre place…
Vous contrôlez Ryoma et vous déplacez dans les villes pour mener à bien vos quêtes, combattre, manger, faire des emplettes, de l’artisanat, des mini-jeux et avoir un aperçu de ce que pouvait être la vie de cette période au Japon. L’histoire ne perd pas de temps à se mettre en place et vous colle directement dans l’ambiance, les liens, les enjeux et intérêts de chacun étant clairs. Pour vous accompagner et mieux vous faire comprendre les termes et l’histoire, un glossaire est disponible lors des dialogues : avec la touche Start, vous pouvez obtenir une définition d’un terme, qui est fort pratique pour ne pas être perdu dans le lexique parfois complexe pour quiconque ne connaît pas l’histoire du Japon. Car Like a Dragon : Ishin se base sur des faits réels, des lieux et personnes ayant existé à cette époque. Si tout le jeu est traduit en français, le fait de pouvoir accéder aux détails de chaque terme est bienvenu.
Cette volonté d’immersion se retrouve également dans les menus, qui comportent les profils des personnages et les liens existants entre chacun... Car ils sont nombreux et ce n’est pas toujours simple de s’y retrouver. La tâche est encore moins évidente pour les fans de la saga qui retrouveront les traits des personnages dont ils ont l’habitude mais avec un nom différent. Rien de compliqué cependant, car le jeu a l’intelligence de vous présenter chaque personnage de façon compartimentée, et l’écriture est bien pensée pour que tout le monde repère qui est qui.
L’aspect progression des Yakuza d’origine est présent : vous combattez, vous gagnez des points de compétence, vous augmentez vos capacités et caractéristiques. Vous avez accès à quatre styles de combat, à savoir bagarreur, bretteur, tireur et danseur endiablé. Comprenez combats à mains nues, au sabre, au pistolet et un mélange sabre et flingue. Quand vous utilisez un style de combat, vous gagnez des sphères qui vous permettront de débloquer les compétences de chacun des styles. Outre de nouveaux coups et combos, vous pourrez également augmenter votre vie, votre ferveur (qui se charge pour utiliser des coups spéciaux) entre autres choses que nous vous laisserons bien entendu découvrir.
Les combats se font en temps réel, comme un beat’em up, vous pouvez changer de style à la volée avec un simple appui sur la croix directionnelle. Avec X, vous portez un coup faible, Y un coup fort ou un coup spécial si les conditions sont réunies. Avec A vous pouvez esquiver et chaque style a ensuite ses propres touches : le style bagarreur permet de parer un coup avec LT, le style danseur endiablé permet des esquives avec A, et plein d’autres petites astuces qui font le sel du système de combat, qui est simple à appréhender mais demande de la maîtrise pour être efficace selon les adversaires que vous aurez en face. La jouer à distance au flingue contre les ennemis avec une lance, parer les sabres à mains nues pour les sonner et attaquer ensuite les adversaires plus lents avec le danseur endiablé qui est super rapide, il faudra utiliser vos talents avec intelligence et doigté ! Il vous est également possible de vous équiper de nouveaux sabres, pistolets, munitions spéciales et équipements de défense. Vous pourrez créer et améliorer des lames à la forge, pêcher du poisson, faire des petites emplettes pour diverses missions ou restaurer de la vie en cas de besoin…
S’agissant d’un avis, on ne fera pas l’inventaire (colossal) des activités annexes du jeu, mais sachez que vous allez en avoir pour votre argent ! Car outre les missions principales, on retrouve la tonne de quêtes secondaires, qui se veulent parfois plus légères que la trame initiale en termes d’humeur, ce qui permet de découvrir des instants tantôt amusants, tantôt émouvants, comme la saga sait si bien le faire. Mais surtout, ces missions sont l’occasion de s’immerger davantage et parfois de découvrir des coutumes, des faits, des situations qui collent avec les événements et les mœurs de l’époque. C’est ce qui fait la force de cette saga et on retrouve encore une fois ces éléments, qui poussent le joueur à s’imprégner davantage dans l’ambiance et l’époque que le jeu propose.
En termes de maniabilité, tout est clair et bien expliqué, Ryoma répond au doigt et à l’œil, ce qui est crucial notamment pour les combats, qui demandent parfois une précision millimétrée, surtout dans les modes de difficulté supérieurs. En mode débutant ou normal, les combats restent assez simples, mais le moindre faux pas au-delà peut vous coûter cher… Sur Series S comme sur Series X, le framerate est impeccable. On note quelques accrocs sur le chargement de textures sur Series S après un passage d’une caméra à l’autre dans certaines cinématiques. Cela dit, notez qu’un patch correctif sortira d’ici peu, gageons que ce genre de soucis soit corrigé.
Les ambiances visuelle et sonore sont agréables, on apprécie notamment les passages cinématiques importants qui sont superbes en termes de modélisation et la transition aux passages de jeu purs ne sont pas choquants du tout, notamment sur Series X. Si on veut chercher la petite bête et regarder toutes les textures sous tous les angles, évidemment qu’on en trouvera certaines moins bien finies que d’autres, mais c’est l’apanage de ce genre de jeux qui proposent une richesse visuelle certaine, et surtout, qui a la volonté de restituer une époque qui a existé et qui mise sur le réalisme. Un écueil moins pardonnable pour des univers fantaisistes.
Ah oui il faut conclure ! J’y étais déjà retourné… Que dire, à part que tout invite à se plonger dans l’histoire de Like a Dragon : Ishin ! Les ambiances visuelle et sonore, la volonté de vouloir transposer cette saga au Japon de cette ère mythique, en gardant des traceurs historiques, tout en restant ludique et sans tomber dans une transposition de livre d’histoire bête et méchante... Encore une fois, le récit sert le jeu et non l’inverse, et même si on attend de finir le titre pour s’en faire un avis définitif, il se peut que Like a Dragon : Ishin fasse partie de l’excellence de 2023. En attendant le 21 février, jour officiel de la sortie, sachez qu'une démo est accessible via le Store, |
Partager : |