De nos jours, la mode est aux contenus payants afin de « prolonger » et/ou « enrichir » l’expérience de jeu. Mafia II n’a pas échappé à la règle et a eu le droit à un premier DLC, nommé Jimmy’s Vendetta, reposant sur un principe de scoring. Un peu plus tard, les petits gars de 2K Czech en ont sorti un deuxième plus prometteur répondant au doux nom de Joe’s Adventures. Joe Barbaro étant le deuxième personnage principal du jeu, après Vito Scaletta, et les développeurs ayant promis une partie plus scénarisée, les espoirs étaient grands. Mais ce contenu vaut-il finalement les 800 MS Points demandés ? Attention, risques de spoiler pour ceux qui n’ont pas fini l’aventure originale !

Entre bâclage et fainéantise ? Malgré toutes ses qualités, l’opus original de Mafia II souffrait de défauts vraiment rebutants pour une partie des joueurs, à commencer par le monde ouvert non accessible à la fin du jeu, une aventure courte abusant de rallonges artificielles ou encore l’absence totale d’à-côtés. Ce sont finalement les DLC qui ont en quelques sortes pallié ce souci, Jimmy’s Vendetta n’étant ni plus ni moins qu’une grosse portion de jeu apportant une certaine liberté et des missions secondaires basées sur du scoring. Avec Joe’s Adventures, on nous avait annoncé une partie scénarisée. Et c’est bien le cas lors des vingt à trente premières minutes de ce DLC. On incarne donc Joe Barbaro, peu après la condamnation de Vito que l’on revit, et on évolue avec le personnage pendant que son meilleur ami purge sa peine. Quelques cinématiques, un minimum de mise en scène… les développeurs ne nous ont pas menti ! En revanche, le scénario est des plus minimalistes puisqu’on doit simplement retrouver la balance qui a donné Vito et l’éliminer. Pire encore, la fin de cette partie est complètement tirée par les cheveux tant le lien de cause à effet est disproportionné. Comprenez par là que l’action qui est présentée dans la cinématique est bien loin de justifier l’action qui en découle. Nous n’en dirons pas plus pour éviter de spoiler. Ceci dit, cette portion de jeu, même si elle paraît un peu bâclée, reste plaisante à jouer, sans compter qu’elle nous offre une course-poursuite en voiture sur un lac gelé ou encore une autre, à pied cette fois, dans la gare et sur les quais. Il faut bien savourer ce moment puisque, après cela, on se retrouve nez à nez avec un jeu de scoring très proche du précédent DLC.

La carte est en total accès libre et quelques points indiquent les missions disponibles, certaines ne se débloquant qu’une fois la vague précédente terminée. C’est là que toute la magie de Mafia II s’envole puisqu’il n’y a plus de mise en scène, plus de cinématique, juste des écrans de chargement avec quelques lignes anodines sur la nature de la mission. On comprend vite dès lors qu’il ne nous reste plus qu’à effectuer les missions secondaires que l’on aurait tant aimé avoir gratuitement dans le jeu d’origine… Malgré tout, il faut quand même reconnaître que les missions ne sont pas si déplaisantes que cela, surtout si on joue la carte du scoring (plusieurs actions comme des tirs à la tête, rouler vite, déraper, enchaîner les éliminations, etc. rapportent des points et autres multiplicateurs) pour décrocher le rang S, voire pour trôner au sommet des leaderboards. Même si au final on se retrouve à faire grosso modo la même chose à chaque fois dans un temps imparti, les développeurs ont tenté d’apporter un peu de variété en rajoutant une poignée de nouveaux lieux (comme un supermarché) et en essayant de varier les objectifs, du moins en apparence.

Tout le monde n’accrochera pas au principe, mais les amateurs de high scores trouveront assurément là le moyen de prolonger l’expérience de jeu durant cinq à six heures selon le niveau de difficulté, plus encore s’ils recommencent les missions pour battre les meilleurs scores. Au final, pour l’équivalent d’une dizaine d’euros, on a quand même un DLC qui n’est pas si loin que cela de la durée de vie du jeu original (qui est quant à elle de huit à dix heures), et ce même s’il paraît clair qu’il aurait dû être dans la version de base. Enfin, Joe’s Adventures n’apporte pas grand-chose de plus en termes d’expérience puisqu’on retrouve finalement les mêmes défauts que l’on peut faire au soft de base. Le gameplay n’a pas bougé d’un iota malgré le style de combat de Joe (différent dans la forme mais pas dans le fond), l’intelligence artificielle est capable du meilleur comme du pire, mais surtout du pire (mises à couvert ratées, déplacements stupides, comportements ridicules comme un chauffeur qui se laisse descendre sans rien faire, etc.), bien qu’elle paraisse un poil plus agressive (les policiers tentent des petits barrages notamment et sont encore plus sur votre dos, sans compter les ennemis qui tirent tout en roulant), la bande sonore est toujours aussi appréciable (neuf morceaux faisant leur apparition avec ce DLC) et l’univers reste assez accrocheur. Les collectionneurs quant à eux noteront l’intégration d’une vingtaine de nouvelles couvertures de Playboy à collectionner ou encore celle de la Delizia Grandeamerica, un nouveau coupé sport.

Conclusion

Loin d’être indispensable, Joe’s Adventures est un DLC qui divisera assurément les joueurs. Outre le fait qu’il aurait clairement dû faire partie du jeu de base, il faut bien avouer que tout le monde n’accrochera pas au système des missions arcades basées sur du scoring, ce qui représente près de 90% du contenu. Les 10% restant sont bien entendu ceux de la partie scénarisée, qui reste plaisante à jouer même si elle n’apporte finalement rien au niveau scénaristique, et que son scénario se révèle être minimaliste avec une fin tirée par les cheveux. On a limite l’impression que ce passage a été bâclé. Pour le reste, seuls les amateurs de high scores passeront dans les cinq à six heures (merci les rallonges artificielles avec les divers passages en véhicules où il faut traverser une partie de la ville) à relever les défis pour terminer les objectifs, avant de rajouter quelques heures supplémentaires au compteur pour obtenir le rang S et les meilleures places dans les leaderboards. Même s’il est plutôt sympathique à parcourir lorsqu’on est bien conscient de sa nature et que les quelques « bonus » intégrés font plaisir (9 morceaux musicaux, 20 Playboy, un coupé sport et une poignée de lieux inédits), mieux vaut quand même attendre un bon deal avant d’y investir ses MS Points afin que la pilule ne reste pas en travers de la gorge.

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