Le 26 juin 1997 a été une date importante dans l’univers de la littérature jeunesse puisque elle a été marquée par la sortie de The Philosopher’s Stone, le premier roman de la saga Harry Potter imaginée par Joanne Rowling ou J.K. Rowling de son nom de plume. Revisitant le folklore des sorciers sans tomber dans les clichés, la saga a connu un réel succès au travers de ses sept tomes. Comme vous le savez sûrement déjà , même si le dernier tome a été publié en 2007, la saga a continué à exister au travers des adaptations cinématographiques (entre 2001 et 2011), des produits dérivés ou encore des jeux vidéo (le récent Hogwarts Legacy en étant un exemple frappant), sans oublier la pièce de théâtre sortie en 2016. Même si l’autrice est décriée par une partie de la population pour certaines positions qu’elle tient, notamment envers la communauté trans, la saga du jeune sorcier à lunettes et à la cicatrice en forme d’éclair continue à soulever les foules, grâce à une qualité d’écriture assez rare et à des histoires qui semblent intemporelles. Pour en parler plus précisément et plus profondément, les frères Torres, David et Lucas, ont décidé de lui dédier un « grimémoire », un ouvrage publié chez Third Editions baptisé La Sage Harry Potter – La magie de la narration. Accrochez vos baguettes, montez sur votre balais, nous allons vous en parler suite à la réception d’un exemplaire physique de la part de l’éditeur.
Votre serviteur n’est pas un grand fan de littérature, préférant aisément les comics, BD et mangas pour des raisons assez particulières liées à un esprit analytique l’empêchant de profiter des histoires littéraires comme il se doit, ses quelques neurones actifs préférant chasser les fautes et autres tournures hasardeuses. De fait, il n’a pas découvert Harry Potter par l’intermédiaire des livres… Mais bien au travers des adaptations cinématographiques. Jeune adulte, âgé d’environ 13 ans, votre serviteur a découvert sur grand écran l’histoire du jeune sorcier à la cicatrice. Le coup de cœur est là , il va donc continuer les années suivantes à suivre les aventures d’Harry et de ses amis au travers des autres films, tout en profitant à côté des jeux vidéo. Loin des histoires qui touchent l’autrice, il se contente de profiter de l’œuvre créée, jusqu’à assurer la critique du récent Hogwarts Legacy. Sa compagne étant quant à elle une fan inconditionnelle de l’univers depuis la lecture du premier roman, il était logique pour lui de se procurer l’ouvrage des frères Torres.
Dès la couverture illustrée par France Mansiaux, nous sentons que le livre n’est pas comme les autres. L’édition simple que nous avons reçue arbore une couverture magnifique embossée permettant de faire ressortir un Harry Potter de profil qui tient sa chouette Hedwige dans les bras. Quelques plumes et des arbres à peine esquissés dans le fond, une baguette utilisant Lumos, les lectrices et lecteurs sont prêts à faire la lumière sur l’histoire de cette grande saga. On note également dans le haut la présence des quatre blasons des maisons de Poudlard et de la devise de Poudlard, la fameuse école de magie, à savoir Draco Dormiens Nunquam Titillandus. Un coup de Revelio et c’est parti !
Si on s’arrête au sommaire, l’ouvrage revêt une structure tout aussi classique que logique. Hormis deux chapitres baptisés « Le corridor aux souvenirs » centrés sur la vie de J. K. Rowling (le premier au début, le deuxième entre les pages 189 et 200), il aborde chaque opus de la saga Harry Potter en lui dédiant un chapitre, le dernier ouvrage ayant le droit à deux chapitres, un pour chacune de ses parties. Bien entendu, les adaptations cinématographiques ou encore la pièce de théâtre ne sont pas oubliées. Pourtant, dans les faits, le livre est construit d’une manière bien plus originale qu’il n’y paraît. La force du duo à l’écriture, c’est qu’il a permis d’apporter une vraie profondeur sur deux plans importants de l’univers : l’analyse et le lore. Au-delà de quelques illustrations, dont celle du chaudron avec les potions pour ceindre les numéros de page, on retrouve plusieurs excentricités de mise en page. Illustrations, pages dédiées aux baguettes de certains sorciers, citations, encadrés dédiés aux potions ou encore aux maisons de Poudlard, annotations (dans le chapitre 6), pages avec illustrations (comme celle dédié au Phénix ou la reproduction de la page du journal La Baguette de Pin), voilà autant d’éléments qui viennent enrichir / consolider les connaissances des apprentis sorciers comme des lectrices et lecteurs confirmés. En plus, cela a le mérite d’aérer la lecture en offrant de véritables bouffées d’air frais.
Mais ce n’est pas tout puisque les frères ont voulu ajouter un peu plus de magie en intégrant des passages dans lesquels le tutoiement prend le pas sur le reste, comme si le grimémoire s’adressait directement à nous. Nous avons moins accroché à ces passages plus narratifs qui utilisent les éléments de la licence pour nous guider mais l’idée est sympathique et tranche avec l’aspect analyse qui est parfois assez poussé, à l’image de certains cours. Il y a les élèves fascinés qui boiront chaque parole comme du petit lait, et les autres qui pourraient arriver à saturation et décrocher. Toujours est-il que les idées de mise en page sont recherchées et collent parfaitement à l’univers, donnant un mélange entre ce que pourrait contenir le journal de Jedusor et une encyclopédie.
Au-delà des apparences, au-delà de toutes les informations qui sont appréciables, il y a également l’analyse ou plutôt les analyses. Quel plaisir de voir que celles-ci sont poussées, même pour une personne qui connait assez bien l’univers. Les auteurs ont réussi à se faufiler dans les divers niveaux de lecture pour mettre en avant ce qui est le plus évident et ce qui l’est beaucoup moins. De l’importance des animaux fantastiques, du rouge, du doré, du train aux thèmes plus profonds abordés, ils décortiquent avec minutie toutes les couches de l’univers, montrant pourquoi la narration est si exceptionnelle. Puisant dans les expériences de l’autrice, résultant d’un cheminement de pensée complet avec une vision globale de ce qu’elle voulait raconter (grâce aux tableaux qu’elle faisait notamment), la saga Harry Potter offre une richesse maîtrisée avec des éléments qui se font écho ou se répondent, du premier au dernier tome. Avec cette vision d’ensemble et le recul nécessaire, les deux frères mettent en lumière des éléments qui nous ont échappé quand nous avons découvert les ouvrages et ou films durant notre adolescence. Ils n’oublient pas non plus de mentionner certaines personnes de l’ombre qui ont contribué au succès de la licence, à commencer par la maison d’édition qui a laissé sa chance à J.K. Rowling, John Williams l’homme à la baguette sur les musiques, MinaLima (qui ont esthétiquement donné vie à la saga) ou encore Jean-François Ménard, l’homme qui a assuré les traductions de tous les ouvrages dans la langue de Molière.
Enfin, dans les analyses, il est intéressant de voir que les auteurs ont cherché à exploiter les développements des personnages, à évoquer les thèmes chers à certains philosophes et autres thérapeutes ou encore à rapprocher certains symboles de ce que l’on retrouve dans certaines cultures et autres mythologies. On sent que rien n’a été laissé au hasard dans ce travail de recherche et d’analyse, tout comme J.K. Rowling n’a rien laissé au hasard dans la construction de l’aventure de ce cher Harry Potter. L’appel de la magie, l’amitié du trio, la famille, l’acceptation de la magie, les cours, les antagonistes, la manipulation de l’autrice pour nous mener en bateau, le Quidditch, le casting des films, les adaptations qui auraient pu ne jamais voir le jour si la Warner n’avait pas cédé aux revendications d’une autrice qui s’y opposait à la base, La Coupe de Feu, les Horcruxes, etc., le livre est une véritable mine d’informations et d’analyses.
« Il ne faut jamais juger un livre à sa couverture » dit-on… Mais dans le cas présent, on peut le faire. La couverture de France Mansiaux est magnifique, affiche des symboles, jusqu’au Lumos de la baguette qui promet d’éclairer les lectrices et lecteurs, et laisse entendre que les auteurs vont gratter plus profondément que la surface grâce à l’embossage qui fait ressortir notre jeune sorcier et sa chouette. Et la promesse est tenue. La mise en page est réussie, originale, les analyses font mouche et permettent de mettre en perspective nombre d’éléments qui ont pu nous échapper, même pour des connaisseurs de l’univers. C’est empli d’informations, avec les pages dédiées aux baguettes, celle pour le Phénix, etc., et le tout est parfaitement imbriqué pour donner une lecture fluide et dynamique. C’est intéressant, on ne voit pas le temps passer et, comme par magie, on arrive à la fin avec un savoir enrichi, comme si on venait d’assister à un cours magistral couvrant une grosse partie de l’univers Harry Potter. Certes, certains passages analytiques sont plus difficiles à digérer que d’autres, surtout pour des néophytes, et il faut adhérer aux passages narratifs de transition du grimémoire… Mais cela vaut le coup de s’accrocher car cet ouvrage est assurément un indispensable pour toute personne s’intéressant au sorcier à lunettes avec une cicatrice en forme d’éclair. |
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