Les adaptations cinématographiques des romans de SF pour ados ont le vent en poupe depuis le succès de Twilight. Que ce soit Hunger Games, Divergente ou Le Labyrinthe, on frise l’indigestion, la faute à des films pas toujours très goûteux, voire carrément fades. Le petit nouveau en date n’est autre que La 5ème Vague, lui aussi issu d’une trilogie de livres, dans lequel on retrouve Chloë Grace Moretz, surtout connue grâce à Kick Ass.
Cinq vagues ? Tout ça…
Bon, autant le dire tout de suite, si vous avez vu la bande-annonce, vous avez déjà vu tout ce qu’il y a d’intéressant dans le premier tiers du film… Et si vous avez vu le premier tiers, vous avez vu tout ce qu’il y a d’intéressant dans le film. Pourtant le pitch, lui, donnait plutôt envie. Alors que tout se passe pour le mieux sur notre belle planète bleue, un beau jour, un vilain vaisseau alien vient se planter dans le parfait ciel bleu américain. Il y resta ainsi immobile quelque temps, probablement que les martiens avaient une série à finir sur Netflix ou qu’ils venaient de découvrir Youp**n… Bref, ils se décidèrent finalement à passer à l’attaque. 1ère vague : Blackout mondial. Toutes les sources d’énergie sont réduites à néant. Plus d’électricité, plus de carburant, plus de liquide de frein non plus visiblement, sinon on ne voit pas pourquoi les voitures se seraient mises à se rentrer dedans les unes les autres. Un beau bordel donc. 2ème vague : Destruction. Oui, mais pas comme dans Independence Day, hein. Non, ici, c’est avec des tsunamis. Un tremblement de terre ou des éruptions volcaniques auraient certainement fait plus de dégâts, mais bon, le cœur martien a ses raisons que la raison humaine ignore. 3ème vague : Pandémie. Le virus de la grippe aviaire transmis par les oiseaux… Plutôt radical, enfin sauf pour certaines personnes miraculeusement immunisées.
Puis arrive la 4ème vague, expliquée sommairement par les militaires ‘ricains tout en sueur et en muscles : l’Invasion. Les petits hommes verts sont en fait des parasites qui viennent squatter les corps humains. Donc tout le monde est potentiellement un extra-terrestre. Puis comme ça, ça fait faire des économies de budget pour les effets spéciaux. D’ailleurs en parlant d’eux, ils sont justes corrects, mais sans plus. L’effet de tsunami arrive péniblement à la cheville de ce qu’on a pu voir dans Le Jour d’après, malgré les nombreuses années qui les séparent. Ceci dit, le réalisateur devait être conscient du problème puisque, en réalité, il y a assez peu d’effets spéciaux. Peut-être que le fait qu’il ne se passe strictement rien dans le film explique cela. Ne faites pas les étonnés, vous le sentiez arriver… C’est même un exploit en soi d’arriver à démouler une bouse pareille avec une telle idée de base. Car même si le premier tiers du film est assez dynamique, on sent un peu trop que le virage vers le « cul-cul la praline » est proche. D’ailleurs, cette première partie est loin d’être inoubliable. On nous sert les trois premières vagues d’attaques d’un point de vue assez minimaliste, principalement, à l’exception du fameux tsunami, celui de la famille de l’héroïne. Mais n’allez pas imaginer qu’on tend vers le génie de la tension qui s’installait dans Signes chers amis !
Non, ici on bâcle tout, on expédie en quelques minutes les quelques détails et conséquences des attaques, on ne s’attarde pas trop sur les sentiments « familiaux ». Quelqu’un meurt ? Bah, on l’enterre dans le jardin, ça fera de l’engrais. Un autre meurt ? Bah, l’important c’est qu’il nous ait appris à nous servir d’un flingue, il n’y a qu’à le laisser au milieu de tous les cadavres des autres glandus. Le jeu des acteurs est pourtant bon, surtout celui de Chloë Grace Moretz, mais toutes les scènes fortes de la crise mondiale et familiale sont réduites au minimum. « Mais pourquoi ? », direz-vous, « Pourquoi passer aussi vite sur les points les plus intéressants du film, ceux-là même qui auraient mérité d’être approfondis ? ». La réponse est simple, elle tient en une phrase : parce que les gamines de 16 ans veulent de belles histoires d’amour. Voilà comment on débarque dans le second tiers du film. D’une part, on a Cassie, l’héroïne, qui va tenter de survivre et de retrouver son petit frère. Bien évidemment, elle va tomber amoureuse d’un beau jeune homme qui lui sauvera la vie (elle se le tapera si c’est le fond de votre pensée). Bien évidemment, il a un vilain secret, mais ce n’est pas grave, Cassie l’aimera quand même, parce qu’elle sait qu’à ce moment là il ne doit plus y avoir personne de vivant sur Meetic ou Tinder.
Je ne vais pas développer l’histoire d’amour tant elle est conventionnelle et banale, dans la pure tradition de ce genre de films, mais surtout complètement hors de propos. Puis on a l’autre « grande » partie du film, mais comment dire… Il vaut peut-être mieux rester sur l’histoire d’amour… L’autre partie du film raconte la 5ème Vague, où comment les enfants, et eux uniquement, suivent un entraînement militaire intensif dans le but d’aller buter du méchant alien… Faites une petite pause le temps d’arrêter de rire... Certes, on a déjà vu des scénarios moisis, comme celui mettant en scène des super soldats cyborgs ultra puissants mais lents comme des zombies et mourant au contact de l’eau (c’est Soldat Cyborg, si vous voulez aller voir cette petite merveille), mais celui de La 5ème Vague est quand même impressionnant de médiocrité. Bien évidemment, le sujet est traité avec le même talent que le reste du film, c'est-à-dire aucun. Le soi-disant entraînement dure à peine quelques jours et les gosses se comportent alors magiquement comme des vétérans, maniant les explosifs et les fusils d’assaut à la perfection, même un gamin de 10 ans qui devrait normalement être incapable de tenir son fusil correctement à cause du recul.
Là aussi, on retrouve tous les poncifs du genre : la manipulation, l’esprit d’équipe, la rébellion, les fortes têtes, de beaux gosses lisses au possible, aussi bien physiquement que dans leur jeu d’acteur. Sans vous tuer le peu d’intérêt du film, sachez qu’un coup de théâtre viendra sonner le début de la dernière partie, que nous pouvons appeler « Le grand foutage de gueule ». Alors que le film n’était déjà pas exceptionnel, il se paye le luxe d’avoir un final complètement moisi, simplement mis en place pour justifier un deuxième (et un troisième) opus, alors que tout aurait quasiment pu être réglé en un seul film. Explosions massives à peine justifiées, retournement de situation impossible et début de trio amoureux, voilà les trois piliers de la médiocrité de cette partie. Et le pire, c’est qu’il n’y a pas de final digne de ce nom, laissant le spectateur sur sa faim, alors qu’il n’avait déjà pas pu se mettre grand-chose sous la dent...
On a aimé
On n’a pas aimé
Le jeu d’acteur de Chloë Grace Moretz Une première partie regardable Le film ne dure que 1h52
Plus d’une heure à s’ennuyer ferme, dans le meilleur des cas Premières « Vagues » bâclées L’histoire d’amour niaise et sans originalité Les effets spéciaux à la limite de l’acceptable Les enfants miraculeusement pro de la guerre Le final ridicule
Un coup d’épée dans l’eau…
C’est un film pour ado, un point c’est tout ! Si pour vous, on n’a jamais rien fait de mieux que Twilight, alors foncez. Sinon, pour les autres, on assiste ici à un beau ratage. On peut faire du « teen movie » sans pour autant prendre les jeunes pour des abrutis. Le peu de bonnes idées est complètement bâclées, le film manque cruellement de scènes à la hauteur du blockbuster annoncé. Sans personnalité, sans originalité, sans saveur, sans intérêt, sans talent... Bref, je ne peux que vous le déconseiller vivement.