Iron Man, Hulk, Thor, Captain America, les Avengers globalement, mais aussi Ant-Man, Les Gardiens de la Galaxie, Spiderman, Deadpool, X-Men… Les super héros Marvel n’en finissent pas de venir envahir nos écrans de cinéma, certains longs-métrages étant vraiment bons, d’autres franchement moyens, sans parler de ceux dont on préfère oublier l’existence (Les 4 Fantastiques, celle-ci est pour toi). La technique des effets numériques s’améliorant et le cash rentrant par camions entiers dans les locaux de Marvel, certains projets d’ampleur, parfois farfelus, on pu voir le jour tout en jouissant de la qualité qu’ils méritaient. Aujourd’hui, c’est Docteur Strange qui a l’insigne honneur de venir tenter de se hisser au panthéon des succès commerciaux et critiques de la firme américaine.

Du virtuose médical à l’apprenti sorcier Après une scène d’introduction plutôt époustouflante, sur laquelle nous reviendrons plus tard, le film démarre sur le fameux Docteur Stephen Strange, neurochirurgien, en pleine opération délicate. Il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que ce médecin est certes, et sans conteste, le meilleur chirurgien que la terre n’ait jamais porté, mais qu’il est malheureusement aussi terriblement arrogant et hautain, avec un ego aussi démesuré que son talent. Tout n’est prétexte qu’à la performance, aux résultats, Dr Strange fait tout ce qui est en son pouvoir pour être sous les feux de la rampe, quitte à dénigrer ses collègues et délaisser sa pseudo « petite amie ». Seulement voilà, un soir, à bord d’un de ses bolides, sous une pluie battante et par un excès de confiance, Strange perd le contrôle de son véhicule et se retrouve plusieurs mètres en contrebas de la route, les deux bras enfoncés dans le tableau de bord. A son réveil, il constate avec effroi l’état de ses mains, ne laissant rien présager de bon pour son avenir professionnel. Il se met donc en quête de solutions, mais tous ses collègues lui claquent la porte et lui répètent que c’est sans espoir. Il faut aussi dire que le bonhomme n’a rien perdu de son arrogance. Il finit par trouver un homme qui aurait dû être condamné à rester dans un fauteuil toute sa vie, mais qui s’est miraculeusement remis à marcher. L’homme en question apprend à Strange que son seul espoir est de se rendre au Népal et de trouver le Kamar-Taj, même si cela aura un « prix ».

Vous l’aurez compris, le Docteur Strange est le genre de personnages qu’on aime détester, avec son petit côté Dr House qui disparaît assez vite dans le film. Il faut dire qu’une fois au Kamar-Taj, les choses changent radicalement pour lui, puisqu’il doit oublier tout ce qu’il a appris jusqu’à aujourd’hui pour ouvrir son esprit à de nouvelles vérités… Ainsi il découvre qu’il peut entrer en contact avec une multitude d’univers et y puiser une magie d’une très grande puissance. Mais vu l’esprit très cartésien du docteur, l’Ancien, la maîtresse toute puissante des lieux, lui fait vivre l’expérience de la projection astrale et lui offre en prime une virée expresse à travers plusieurs univers différents. Ce qui donne lieu à une scène hallucinante, surtout en 3D, digne d’un trip sous LSD, où se mélangent les couleurs, les lumières, les formes, l’espace et le temps, le tout étant magistralement bien réalisé. D’ailleurs toutes les scènes d’action du film sont vraiment époustouflantes et rafraîchissantes. Si vous en aviez marre de voir pour la millième fois New York tomber en morceaux sous les attaques d’un super méchant, Docteur Strange est fait pour vous. On peut certes reprocher au film d’avoir piqué des idées à Inception avec les bâtiments qui se « plient » les uns sur les autres ou les décors qui tournent (le sol qui devient le plafond et inversement) notamment, mais c’est tellement bien fait et ça pousse le concept tellement loin qu’on lui pardonne aisément. En effet, la fameuse scène d’introduction joue largement là-dessus avec un combat tantôt sur la terre ferme, tantôt sur la façade d’un immeuble comme s’il s’agissait du sol.

Mais le rendu est loin d’être aussi simple puisque la façade s’anime brique par brique, comme si elle était sur des rouages. Les fenêtres changent de forme comme s’il s’agissait d’une illusion d’optique. Un vrai régal pour les yeux et il ne s’agit que de l’arrière plan… car au premier plan on a droit à un affrontement digne d’un film d’arts martiaux, à base d’armes d’énergie puisées dans un univers parallèle à la demande et de portails de téléportation. Ces derniers sont constitués d’un cercle d’étincelles avec une « fenêtre » donnant donc sur un autre endroit, l’effet en question est vraiment parfait. Comme celui de la dimension dont les magiciens se servent pour expérimenter leurs pouvoirs, où le monde extérieur leur apparaît comme à travers des morceaux de verre, un effet qui n’est pas sans rappeler ceux du jeu Quantum Break. Clairement, comme dit un peu plus haut, toutes les scènes d’action du film sont d’une qualité esthétique et rythmique exceptionnelle. Que ce soit la séquence vertigineuse d’un New York passé au kaléidoscope, celle du combat en forme astrale dans la salle d’opération où les plans virent au bleu pour montrer les différences des réalités, celle du sanctuaire de New York où Strange trouve sa fameuse cape ou tout simplement la scène finale d’une classe phénoménale, on s’en prend franchement à chaque fois plein les mirettes. Mais la magie opère aussi bien quand il ne s’agit pas d’une scène mouvementée, comme le passage très poétique où la neige tombe en ultra-slow-motion et où les éclairs fendent le ciel au ralenti. Très certainement que la 3D stéréoscopique aide un peu à rendre l’ensemble encore plus saisissant. Mais 3D ou pas, ça n’enlève strictement rien à l’esthétique globale du film très travaillée, originale et novatrice par rapport à ce qu’on a déjà vu en termes de film de super héros.

Marvel, Marvel, Marvel… Ceci dit, on n’oublie à aucun moment qu’il s’agit bel et bien là d’un film Marvel. Déjà à cause des petites scènes comiques qui viennent ponctuer le film, dans la parfaite lignée des films du géant. Mais aussi parce que les thèmes abordés font partie des poncifs du genre. Le mec détestable qui touche le fond pour mieux renaître de ses cendres, ce n’est pas très original. Ni celui de l’homme fier et riche qui va suivre un entraînement dans un temple à l’autre bout du monde, Batman Begins l’a déjà fait avant (même si s’était chez DC). Même chose pour le quidam qui devient l’élu malgré lui après une longue formation et qui doit redéfinir sa définition de la réalité, on t’a vu Néo, tu peux sortir. Alors certes, vous direz que Docteur Strange existe depuis 1963, soit bien avant que les films dont nous faisons référence ne sortent, mais à ce compte là, on aurait dû tous être plus indulgents avec John Carter et son penchant Star Wars puisqu’il s’agit du même cas de figure. Et nous éviterons de dire à quoi nous fait penser le final à base de gentils héros contre super méchants destructeurs de monde, puisque c’est à quasiment tous les films de super héros (zut, c’est fait).

Rien de bien méchant en soit puisque le background du film parvient à atténuer ces imperfections, mais elles sont tout de même là. D’ailleurs cet univers fait de magie ancestrale et de rituels mystiques est une vraie bouffée d’air frais dans un univers chargé de super héros testostéronés ancrés dans la réalité. Petit bémol en revanche sur la première partie, nécessaire mais frustrante, puisqu’on attend qu’une seule chose : retrouver la frénésie de l’introduction. Un dernier petit point, avant de conclure, sur les acteurs. Il faut noter que Benedict Cumberbatch est impeccable et crédible autant en tant que neurochirurgien que magicien. En revanche, Kaecilius, le méchant de l’histoire, manque terriblement de charisme et de profondeur, même si Mads Mikkelsen se donne vraiment à fond. Ce n’est pas le pauvre maquillage autour de ses yeux qui donne le sentiment qu’il s’agit là d’un vrai tueur illuminé. Pour le reste, tout le monde fait du bon travail, même si le revirement final de Mordo/Chiwetel Ejiofor peine à vraiment convaincre tant il semble soudain. Et ce n’est pas la petite scène en toute fin de générique qui va renforcer sa crédibilité...

L’avis perso de Vegakiller // Je ne suis pas un fan inconditionnel de Marvel mais j’aime bien en général leurs films. Récemment, j’avais vraiment apprécié Deadpool mais trouvé très moyen Avengers - L’Ere d’Ultron. Je n’étais donc pas vraiment enclin à me jeter immédiatement sur chaque nouveau film de Marvel. Pourtant, en voyant la bande-annonce de Docteur Strange, quelque chose me titillait et j’avais envie de croire à la grosse claque esthétique que le film promettait. Et au final, je l’ai eue ! Pour une fois qu’une bande-annonce tient ses promesses…

L’avis perso de Damzema // Si on regarde ce qu’a fait Marvel par le passé, notamment en ce qui concerne les films qui servent à introduire un nouveau héros, et que l’on compare, alors Dr Strange est clairement un bon cru. Le film est meilleur que ne l’était un Thor 1 ou un Captain America 1. Il faut bien avouer que le fait d’avoir Benedict Cumberbatch comme acteur principal aide pas mal, il arrive à incarner Strange comme Robert Downey Jr a incarné Tony Stark, avec une identification forte et immédiate. Ensuite, le film introduit un élément tout neuf dans le MCU : la magie et il le fait avec brio. D’ailleurs comment ne pas parler des effets spéciaux qui sont absolument bluffants ! Véritable prouesse visuelle qui n’est pas sans rappeler parfois le Inception de Nolan en plus fou. Cependant, si le film est globalement bon, il reste perfectible sur plusieurs points… à l’image de pas mal de films du MCU. Encore une fois, il faudra composer avec un équilibre passages sérieux/passages humoristiques qui est loin d’être maîtrisé, voire même parfois contreproductif. Le scénario principal laisse un petit goût de déception et rush certaines choses maladroitement. La version ciné de Dormammu est totalement foirée, ce qui ne manquera pas de faire criser certains fans. Et puis comme d’habitude dans le MCU, le bad guy est tout simplement ultra décevant. Aucun développement, des motivations basiques, peu de présence à l’écran… Quand on se paye l’excellent Mads Mikkelsen en méchant, c’est un véritable gâchis. Puisqu’on aborde le sujet des acteurs, ne parlons même pas de la pauvre Rachel McAdams qui doit encore se demander à quoi elle servait dans le film. Bref, même s’il ne rejoint pas le haut du panier des films de super héros, Dr Strange reste un bon Marvel, bien divertissant surtout pour une Origin Story et il est absolument bluffant visuellement… mais il n’échappe pas aux habituels défauts du MCU. Un jour ou l’autre, il va falloir penser sérieusement à faire un super vilain consistant et à faire évoluer la recette de base du MCU qui commence à montrer certaines limites, notamment via la standardisation de certains aspects des films.

On a aimé			On n’a pas aimé
Une esthétique « renversante » Les scènes d’action à couper le souffle Un univers frais et travaillé Une 3D stéréoscopique parfaitement maîtrisée Benedict Cumberbatch formidable			Du Marvel pur jus trop calibré Un scénario assez convenu

La magie du Docteur opère

Docteur Strange est un excellent film, avec un vrai univers, un superbe travail esthétique qui souffle un vrai vent de fraîcheur sur un genre qui peine à vraiment se renouveler. Même s’il y a fort à parier que le film a un peu moins de panache en 2D sur un écran standard, il reste néanmoins très impressionnant, inspiré et divertissant. Plusieurs scènes comptent parmi ce qu’on a vu de plus réussi ces dernières années, et certaines risquent de rester gravées dans les mémoires. Néanmoins, si la forme est plutôt exceptionnelle, le fond lui reste sur le grand classicisme de Marvel, avec un déroulement des événements très convenu respectant tous les codes du genre. Pas non plus de quoi vraiment entacher le film, mais un peu plus d’esbroufe de ce côté aurait été bienvenu et aurait facilement catapulté Docteur Strange à la tête du classement des meilleurs films de super héros. Tant pis, il restera simplement un très bon film, et c’est déjà plus qu’honorable.

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