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[MXG+] XG Film Club - Ghost in the Shell

- Publiée le 09.04.2017, à 21:29
- Par Vincent P.
[MXG+] XG Film Club - Ghost in the Shell

Les remakes… On commence malheureusement à avoir l’habitude de ces « viols » déguisés de sagas phares des années 80-90, à base d’adaptations très très libres du scénario d’origine, d’aseptisations hollywoodiennes typiques et plus globalement d’irrespect total pour l’œuvre de base. Oui mais voilà, passer à la moulinette Jurassic Park ou Total Recall, même si ça fait grincer les dents, on oublie le traumatisme assez rapidement. Mais quand on commence à s’attaquer à des chefs-d’œuvre intemporels, là ce n’est plus pareil. Alors que Blade Runner 2049 va tenter de relever le défi en octobre, c’est Ghost In The Shell qui, ce mois-ci, passe à la moulinette cinématographique américaine. Une pièce maîtresse de la japanimation laissée aux mains de la culture la plus radicalement opposée à celle du Pays du Soleil Levant, qui de plus est emmenée par Rupert Sanders, qui n’a à son actif qu’un seul autre film : Blanche-Neige et le Chasseur…

Le fantôme dans la machine




Avant toute chose, changeons la base de la critique typique. Parce que pour juger cette version 2017 « USA » de Ghost In The Shell, il faut d’une part le comparer au film de 1995, mais aussi le prendre en tant qu’objet cinématographique à part entière. Commençons donc par la première partie. Redorons d’abord un peu le rôle de Scarlett Johansson dans le film. Largement critiquée (à tort) pour sa non-ressemblance avec une japonaise, il est utile de préciser que Motoko Kusanagi, dans le premier film, avait tout sauf une tête typiquement asiatique. Saluons d’ailleurs au passage la performance de l’actrice qui se débrouille plutôt bien en tant que « femme robotisée qui essaie de paraître humaine », ce qui doit être très certainement plus difficile à jouer qu’à dire. D’ailleurs, tous les personnages ont une ressemblance physique et morale frappante (à part pour ce qui est de la personnalité du personnage de Scarlett) avec leurs modèles dessinés, ce qui donne un premier indice sur l’intention du film : rendre un véritable hommage à l’œuvre de Mamoru Oshii (et donc indirectement aussi de Masamune Shirow, le créateur du manga à l’origine de tout ça). Et il n’y a pas que sur les acteurs qu’on perçoit ce sentiment de respect, puisque certaines scènes sont copiées-collées de leurs homologues animées, comme notamment la merveilleuse scène du générique de début. Un bon départ ?

Oui, mais les erreurs arrivent vite. Au niveau du scénario, cette version 2017 diffère en de nombreux points de celle de 1995. Au lieu d’avoir une « guerre des sections » entre la Section 9 et la Section 6 en fond, on a le droit à une intrigue complètement bateau pour le genre SF : le questionnement du Major « robotisé » Mira Killian sur ses origines, qui découvre peu à peu qu’on lui a effacé des souvenirs. Vous avez tiqué ? Mira Killian ? C’est ici le nom du Major Motoko Kusanagi, puisque Mira ne découvrira sa véritable identité que bien plus tard. Ce qui d’ailleurs fait basculer le personnage violent, froid et indestructible du Major de 1995 dans une version 2017 plus mélancolique et perdue. Dommage aussi qu’à part Batou, le Major et Takeshi Kitano, les autres personnages de la section 9 soient totalement effacés, voire inexistants, alors qu’ils étaient bien plus présents à l’origine. Mais le plus grave n’est pas là, puisque le scénario suit tout de même assez fidèlement les grandes lignes du premier malgré ses grandes prises de liberté, même si la « révélation » finale risque d’ulcérer tout fan de GiTS qui se respecte. Il n’est pas non plus dans « l’hyper futurisation » de Tokyo à base de réalité augmentée démesurée à outrance, complètement absente de l’original.

Ce n’est pas non plus l’absence du ton très violent de certaines scènes originales. Non, le vrai problème, c’est que le film a perdu son âme au passage. Plutôt moche pour un long-métrage qui est censé être basé là-dessus… Toute la poésie du premier, tous les plans bourrés de symbolique (notamment le passage où Motoko sort de l’eau après une longue plongée en apnée, ou encore celui de la destruction de l’arbre généalogique gravé dans la pierre à la fin du film), tout a été somptueusement éradiqué. Il reste toujours cependant les questionnements sur l’âme, sur la vie et sur la réalité, mais dilués au dixième de ce qu’ils étaient dans la version de 1995. Probablement que la BO qui abandonne lâchement les champs traditionnels japonais, en complète opposition à l’univers high-tech, a aussi largement contribué à cette aseptisation. Malgré l’amputation sévère de son âme (un comble !), Ghost In The Shell sent bon l’hommage et la bonne volonté, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Alors tout n’est certes pas parfait, loin de là, mais on aurait pu assister à un massacre largement plus violent, surtout en voyant ce qu’Hollywood a pondu ces derniers temps. Ca ne fait pas pour autant de GiTS un bon remake, mais être un remake « tout juste passable » en ces temps de disette niveau originalité, ce n’est pas si mal.

Tron in The Shell




Venons-en maintenant au film en lui-même, sans prendre en compte l’original. Niveau scénario, ça reste assez basique. Le coup du robot à l’esprit humain qui voit ses souvenirs ressurgir, c’est loin d’être original, surtout avec l’arrière-goût de manipulation gouvernementale, avec de nombreuses « inspirations » pompées dans I Robot. Même chose pour la section d’élite qui se retrouve dans la tourmente. Sans grande finesse, l’histoire se contente de survoler l’ensemble des thématiques qu’elle aborde, sans rien approfondir. De même pour les trois grosses « révélations » du film dont on grille facilement la finalité bien avant le moment fatidique. En parallèle, on suit l’enquête de la Section 9 (la section d’intervention à laquelle Mira Killian appartient) qui tente de retrouver un hackeur de génie qui s’amuse à pirater les cerveaux d’êtres humains et l’IA des robots, qui sans rien avoir d’exceptionnel, est plaisante à suivre.

Côté esthétique, c’est assez partagé. Autant la plupart des scènes d’action bénéficient d’une réalisation léchée et même assez originale, autant l’outrance des effets spéciaux dans les rues de Tokyo fait vraiment too much. Un peu comme si le réalisateur avait joué la carte de la surenchère pour être sûr que l’univers futuriste soit crédible, ce qui le dessert plus qu’autre chose. Accordons-lui tout de même l’absence totale de fausse note dans les effets spéciaux malgré leur quantité colossale. Les effets de réminiscence sont d’ailleurs à ce propos extrêmement classes. En revanche, si vous hésitiez entre visionner le film en 2D ou en 3D, économisez votre argent : la 3D n’apporte rien. A part une poignée de plans étudiés spécialement pour un effet « wahou », elle passe totalement inaperçue dans le reste du film, malgré les nombreuses scènes d’action dynamiques très inspirées de Matrix. Ceci dit, à part la scène d’ouverture assez magistrale et celle de fin aucune ne vous marquera vraiment de manière durable.

Niveau sonore, la BO est assez convaincante, même si elle rappelle immédiatement un autre film : Tron l’Héritage. Ce n’est d’ailleurs pas le seul point qui rappelle le film (enfin, la démonstration technique) de Disney, notamment au niveau de l’esthétique de certains intérieurs ou d’autres passages bien précis. Mais étant donné que Disney était producteur de GiTS jusqu’au début 2016 et que Dreamworks, en charge des effets spéciaux, appartenait également à la boîte de Mickey jusqu’en 2015, ceci explique peut-être cela. Bref, pour en revenir à la musique, si vous avez adoré le magnifique travail des Daft Punk sur Tron, vous adorerez aussi celle-ci. Pleine de sonorités électriques et électroniques, rappelant presque les sons des vieux jeux 8bits, la BO colle parfaitement à l’univers. Avant de conclure, petite précision importante : Juliette Binoche joue dans le film. Ce n’est pas par élan de patriotisme que c’est souligné, mais plutôt parce que son jeu d’acteur est vraiment moyen et que sa voix est très franchement agaçante au possible (encore plus que le couple qui se roule un patin pendant tout le film sur la rangée devant vous).

L’avis perso de Vegakiller // En 1995, c’était quand même bien mieux…

Vous avez 3h devant vous pour que je vous explique à quel point je trouve que Ghost In The Shell (de 1995, hein) est un pur chef-d’œuvre pour moi ? Rassurez-vous, je vais la faire courte. L’important, c’est que je DEVAIS aller voir ce remake, mais pas sans scepticisme. Les 5 premières minutes avaient été dévoilées officiellement sur les réseaux sociaux et, franchement, ça m’avait redonné la foi. Mais dans la salle obscure, passées ces 5 minutes, je me suis rapidement rendu compte que ce remake allait nous faire prendre des chemins différents du film original, auquel je voue quasiment un véritable culte. J’ai donc attendu patiemment chacune des scènes emblématiques, pour voir si elles y étaient et surtout voir si elles avaient autant de gueule, ce qui n’était pas tout le temps le cas. Mais on ne peut pas renier l’intention palpable de rendre hommage au film de 1995. Ce n’est pas un très bon remake, ni globalement un film inoubliable, et probablement que le fait de ne pas avoir assisté au massacre que je redoutais tant a enjolivé ma vision globale. Je n’ai pas passé un mauvais moment, mais ce n’est pas pour autant que je le reverrai une seconde fois en Blu-ray.

L’avis perso de Damzema // On va dire qu’il n’a jamais existé…

Que se passe-t-il quand on vide une œuvre culte de toute sa substance ? On obtient un blockbuster poussif et sans âme. C’est ce qui s’est passé avec cette adaptation du film de japanimation culte de Mamoru Oshii. Contemplative, poétique, hypnotique, fascinante, autant d’adjectifs qui qualifiaient ce chef-d’œuvre de l’animation japonaise sorti en 1995, des adjectifs inutilisables pour parler de l’adaptation hollywoodienne. Le film de Rupert Sanders balance tout l’aspect philosophique de l’œuvre d’Oshii à la poubelle. Tout le questionnement sur l’âme humaine, le transhumanisme, etc. passe donc à la trappe pour nous proposer un scénario peu travaillé et convenu. Les personnages sont très mal développés et ce ne sont pas les prestations des acteurs, majoritairement catastrophiques, qui pourront rattraper le coup. A ce titre comment ne pas tiquer devant la performance totalement ratée de Scarlett Johansson qui passe la plupart de son temps à froncer les sourcils avec des yeux de poissons morts pour essayer de donner une quelconque intensité à son personnage. Proche de ce qu’elle a proposé dans le nanar Lucy de Besson ou dans Avengers, l’actrice n’avait clairement pas les épaules pour le rôle principal. Quant au reste du casting, certains doivent encore se demander ce qu’ils faisaient sur les plateaux de tournage vu leur manque d’implication. Reste alors l’aspect visuel du film qui envoie du lourd malgré un manque d’âme flagrant. Oui c’est beau, oui c’est réussi… mais c’est totalement dénué d’audace. Rupert Sanders nous ressert la même chose que le film de 1995 sans originalité et de manière mécanique sans oublier d’y ajouter pas mal de repompage paresseux avec notamment une touche de Blade Runner. C’est comme si quelqu’un faisait une copie de la Joconde mais avec des couleurs fades et en lui faisant un regard totalement dénué de vie. Noyé dans cet univers beau mais froid, Ghost in the Shell n’est au final rien de plus qu’un petit film de SF sans envergure là où l’œuvre dont il s’inspire voyait infiniment plus loin. Bref tout dans la forme et absolument plus rien dans le fond, le résultat est totalement à l'opposé du film d'animation de 95, le récit est vidé de tout ce qui faisait son intérêt pour laisser place à un blockbuster pompeux et effroyablement creux qui n'a rien d'autre que sa plastique avantageuse et quelques rares fulgurances de réalisation à nous offrir.


S’attaquer à un monument c’est difficile… Surtout si on lui enlève son âme…
Honoré de Balzac disait “Inventer en toute chose, c'est vouloir mourir à petit feu ; copier, c'est vivre”. Mais le bonhomme est mort bien avant de connaitre le cinéma, sûrement aurait-il changé son fusil d’épaule avec le temps. Ghost In The Shell version 2017 n’est pas foncièrement un mauvais remake, ni un mauvais film d’ailleurs. Disons que pour la première partie, l’oubli inadmissible de l’âme de GiTS peine à faire briller la bonne volonté et le vrai souci de l’hommage de l’équipe de tournage, alors que les divagations scénaristiques auraient pu être excusables. D’un autre côté, malgré l’univers futuriste atypique et l’esthétique soignée, le film pris à part entière peine à vraiment offrir de l’original côté histoire (celui de 1995 le faisait !). Alors à qui s’adresse ce film au final ? Aux amoureux du premier long métrage qui ne sont pas révoltés d’avance par un remake et à tous ceux qui sont fans de SF orientée « augmentation électronique de l’être humain ». Sinon pour les autres, pas sûr que le film fasse mouche.

Critique rédigée par Vegakiller - Membre XG+

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