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La pensée d’Oni #3 - La pub sur les sites

- Publiée le 24.09.2018, à 21:06
- Par Vincent P.
La pensée d’Oni #3 - La pub sur les sites

Saison XXX, Episode YYY… La publicité, les revenus d’un site et la façon de proposer du contenu sont devenus un sujet récurrent, voire sensible. Certains sites sont tombés à cause de cela, d’autres ont le genou à terre. Face à cette situation de crise, chacun dégaine un peu ses solutions, pendant que nous, sur Xbox-Gamer, nous réfléchissons encore à la meilleure alternative à mettre en place. Enfin, « meilleure » est un grand mot parce que concrètement, aucune solution ne nous satisfait réellement, toutes impliquant soit des concessions, soit un risque. Je vais donc revenir sur ce sujet pour la énième fois en présentant une partie des cas de figure et en vous donnant mon ressenti, sans langue de bois (as always – je me demande même encore pourquoi je le précise).

La pub, pour quoi faire ?

Rapidement, il est bon de préciser qu’il existe plusieurs types de sites Internet. Il y a les professionnels (avec une équipe payée et le fonctionnement d’une entreprise), il y a les semi-professionnels (une équipe de bénévoles qui fait ça par passion mais un système de publicité avec des facturations à titre personnel – c’est le cas de Xbox-Gamer.net) et les amateurs (ceux qui font ça par passion, souvent regroupés sous le terme « blogueurs »). La différence entre les deux derniers est assez subtile et elle est plutôt à demander du côté des éditeurs, mais ça c’est une autre histoire. La publicité permet de générer de l’argent pour payer les serveurs, les noms de domaine, les frais inhérents à une rédaction (frais postaux, voire matériels et locaux), acheter des jeux, payer des voyages (non pas les vacances, ceux pour aller à des salons, voire faire des visites de studios) ou encore payer les pigistes et les créateurs de contenus (dans le cadre d’une rédaction pro), des frais pour monter une émission, etc. Amateurs ou professionnels, si nous sommes censés faire notre travail par passion, il n’en reste pas moins un travail qui demande de l’investissement…

La pub, je te hais mais j’ai besoin de toi… ou pas ?

Pour proposer le fameux « tout gratuit », le véritable recours reste la publicité. Images fixes, bannières, petits scripts, contenu sponsorisé, liens vers des marchands avec cashback pour le site, il y a plusieurs formes qui existent. La plus courante, c’est l’encadré… Ou devrais-je dire les encadrés pour multiplier les appels. Plus ou moins discrets, ceux-ci s’affichent ci et là sur le site, faisant plusieurs appels de fonctions et ralentissant en partie l’affichage de la page Web. Parfois discrète et intégrée au site, un bandeau en haut, un en bas et/ou sur le côté, la pub peut vite devenir intrusive : pop-up empêchant d’accéder au site pendant quelques secondes, audio ou vidéo qui se déclenchent automatiquement, publicité de trente secondes qui se lance avant un trailer de trente à quatre-vingt-dix secondes, sans parler des habillages pour mettre une page ou tout le site aux couleurs d’un produit. Du coup, la publicité a justement mauvaise publicité et beaucoup sont tentés de la faire sauter en utilisant un bloqueur de pubs. A vrai dire, moi le premier, j’en utilise un que je paramètre en fonction de mon soutien à certains sites. Travaillant majoritairement sur un vieux PC, la multiplication des onglets et des publicités peut vite devenir un calvaire pour travailler. Déjà qu’à l’extérieur on doit subir de la publicité à peu près partout, panneaux d’affichage en tête, il est vrai qu’on finit par saturer. Donc, lorsqu’on a un moyen technique de l’éviter, souvent on ne réfléchit pas et on l’utilise.

La conséquence, c’est que lorsqu’on visite un site qui propose du contenu gratuitement, bloqueur de publicités activé, celui-ci ne gagne rien. Par contre, l’utilisateur utilise de la bande passante, passe par le serveur que le site paie et lit du contenu qui a pris un certain temps à être élaboré avant d’être publié. Donc, en utilisant un bloqueur, non seulement on ne rapporte rien au site en question, mais en prime on lui coûte de l’argent. « Bah alors, il n’a qu’à pas le faire ! ». Cette remarque est légitime mais si personne ne le faisait, il n’y aurait plus d’information, il n’y aurait plus cette richesse au niveau des avis qui permet d’éviter de se conformer à deux ou trois pensées seulement. C’est là que la publicité devient une contrainte que l’on peut qualifier d’acceptable. Au risque de rabâcher, ça permet à tout le monde d’y trouver son compte : l’utilisateur visite le site, profite du contenu sans ne rien payer et le site, quant à lui, récupère un peu d’argent pour compenser les frais. La publicité devient alors un mal nécessaire, à condition qu’elle soit suffisamment bien dosée pour ne pas pourrir l’expérience utilisateur.

Mais de nos jours, très clairement, la publicité ne suffit plus. Elle ne rapporte pas autant qu’avant, les moyens de consommer l’information ont évolué et beaucoup de budgets sont partis vers les réseaux sociaux par exemple. A l’heure actuelle, malgré des statistiques convenables, voire bonnes, l’argent rapporté par la publicité ne permet plus forcément de couvrir les frais. Reste alors à mettre en place une technique pour tenter de grappiller un peu plus…


Les techniques pour grappiller des sous

Invocation : technique de la discussion
Pour éviter toute contrainte, certains discutent de temps en temps du problème du financement du site. Un sujet est alors lancé pour sensibiliser les lecteurs en leur conseillant d’enlever leur Adblock ou consort afin d’accepter les publicités et ainsi de permettre de générer un peu d’argent. Pour éviter d’être insistant, le rappel est fait une à deux fois par an, par les actualités, le forum ou tout autre système de discussion. Seuls les lecteurs du jour, voire de la semaine, sont alors impactés mais cela évite d’insister sur le sujet, puis ça permet toujours d’en débattre avec ceux qui souhaitent justement réagir. C’est la technique que j’utilise actuellement mais c’est clairement celle qui porte le moins ses fruits…

Invocation 2 : technique de la culpabilisation
Comme il est techniquement plutôt facile de déterminer si un utilisateur se sert ou non d’un bloqueur de publicité, certains ont opté pour le message explicite à la place des encarts de publicité. Avec plus ou moins d’humour, sous la forme d’un conseil ou d’un message culpabilisant, on peut en trouver de toutes sortes, le but étant de mettre là où il y a des encadrés publicitaires un mot du type : « vous aimez le site, vous voulez le soutenir, alors laissez la pub ! » ou pour le fun « continuez à désactiver la pub, le site va mourir ! ». Franchement, quand je vois ça écrit en gros un peu partout sur le site, ça me gonfle plus qu’autre chose, ce qui m’invite à quitter le site plutôt qu’à désactiver le bloqueur (c’est idiot, je sais, d’autant que je suis en tort).

Invocation 3 : technique du « vous ne passerez pas ! »
En se servant de la technique de l’invocation 2, certains vont un peu plus loin en bloquant purement et simplement l’accès au site avec une pop-up qui débarque et qui dit en gros : « tu veux accéder au contenu de ce site ? Ok, désactive ton bloqueur ou va ailleurs ! ». Dans un sens, je comprends la démarche. Cela assure au moins à ceux qui participent au contenu que ceux qui en profitent vont générer un minimum de clics avec de la publicité, donc qu’ils vont contribuer à rapporter un peu de sous. D’un autre côté, je trouve ça assez extrême que de devoir bloquer clairement le contenu à une partie du lectorat, le but étant avant tout à mes yeux de partager une passion. Malgré tout ça reste une démarche légitime, pas forcément adéquate pour les statistiques (ce qui peut avoir des répercussions sévères sur les jeux reçus, l’intérêt des éditeurs pour le site, etc.), mais qui permet encore de garantir un accès « gratuit » au site.

Invocation 4 : technique du mendiant
Comme la publicité ne suffit pas toujours à couvrir tous les frais, encore moins dès lors qu’on souhaite faire des émissions (ça a un coût), des reportages, des interviews, des salons, etc., il reste le recours aux bonnes âmes. Tipeee, collecte d’argent, système de dons, etc., il y a plusieurs façons de mettre ça en place pour demander une participation d’un à X euros aux internautes, comme une sorte de pourboire pour les rédacteurs et autres testeurs qui passent quand même du temps à fournir du contenu. L’avantage, c’est que seuls ceux qui veulent participer peuvent le faire, personne n’y est contraint. L’inconvénient, c’est que je ne vois pas cette technique comme viable sur le long terme. De plus, il n’y a pas suffisamment de visibilité chaque mois pour déterminer ce qu’il est possible de financer ou non. Il n’empêche que ça reste une solution pouvant compléter/substituer la publicité.

Invocation 5 : technique du : « tu veux voir ? Ok, paie ! »
Cette technique a déjà été mise en place par certains gros sites. Elle consiste simplement à assimiler le site au système d’un magazine papier, sauf qu’ici les lecteurs profitent de tous les avantages du numérique, à savoir du contenu à jour quotidiennement. Concrètement, cela peut passer par un abonnement à XX€/mois ou à la demande de payer du contenu à l’unité. Oui, on retrouve là le système tant décrié des micro-transactions appliqué à des sites qui crachent justement sur ce système dans les jeux vidéo. Je me dis parfois qu’on marche sur la tête… Blague à part, c’est assurément le système le plus viable pour assurer un revenu régulier et s’assurer que le travail fourni est rémunéré à sa juste valeur. Si je trouve que le système se défend sur tous les plus apportés par le site (dossiers de fond, émissions, autres rubriques qui demandent de la recherche et un travail plus poussé), je reste très dubitatif sur son application sur de l’actualité « simple », dans le sens où on la trouve partout, et sur des critiques de jeu (après tout, un avis reste un avis parmi tant d’autres, même si chacun peut toujours penser que son avis est meilleur que celui des autres). Bref, l’abonnement témoigne d’une confiance et d’un engagement de l’utilisateur mais il lui ajoute un « abonnement de plus ».

Je m’explique, tous les mois selon son profil, on paie plus ou moins d’abonnements ou du moins on a plus ou moins de prélèvements mensuels, à commencer par la vie réelle (impôts, mutuelle, facture de téléphone, facture d’Internet, loyer/crédit, eau, électricité, charges courantes, assurance habitation, responsabilité civile, assurance véhicule, sans parler du prix des transports), voire la vie numérique (Netflix, abonnement Xbox Live Gold, EA Access, Xbox Game Pass…). Si vous aimez deux ou trois sites, un youtubeur, je ne sais quoi d’autre et que vous souhaitez tous les soutenir, cela représente encore X fois X euros à mettre. Mine de rien, quand on cumule le tout, même en faisant des choix (après tout chacun est totalement libre de payer ou non pour certains trucs sans être jugé), la note est vite salée et tout le monde n’a pas les mêmes moyens. Cette technique est donc un pari risqué qui peut s’avérer être payant s’il ne tombe pas dans l’abus et que la qualité suit.

Invocation 6 : technique du sournois, le contenu sponsorisé
Certains sites mettent parfois en avant un bon plan. C’est vrai, dans les faits, cela s’apparente à une information qui peut vous permettre de trouver un jeu, un abonnement, bref, un produit, à un prix plus bas que celui conseillé. Mais ce qui n’est pas toujours explicite, c’est que le lien que vous allez utiliser, si vous finalisez l’achat, permettra au site en question, grâce à un petit code de suivi implémenté dans l’URL, de récupérer un peu d’argent sur votre achat. En soi, je n’y vois aucun mal et en combinant une bonne communication, une certaine transparence et de vrais bons plans, ça reste une option plutôt honnête pour récupérer de l’argent, surtout que celui qui a acheté le produit aurait fini par l’acheter, donc autant que ça profite au site (qui pourrait avoir tendance à être plus coulant avec un jeu qui finirait en bon plan)… Mais, parce qu’il y a toujours un mais, cela a créé des dérives.

En effet, certains sites font ainsi l’apologie d’un jeu, d’un produit, avec un beau pavé rédactionnel et quelques liens… C’est là que vous pouvez vous apercevoir (merci les organismes de réglementation) qu’il s’agit d’un contenu sponsorisé. Cela veut dire que le site a été payé ou sera payé pour avoir publié ledit article. C’est ainsi que vous pouvez avoir la promotion d’un jeu, assurée par l’éditeur ou une agence de communication, qui vise juste à mettre en avant le jeu avec uniquement des éléments positifs.

A mon sens, je trouve cette technique très sournoise parce que les gens ne font pas forcément attention au fait que c’est un contenu sponsorisé (ce n’est pas toujours super identifiable). Sur un site de jeux vidéo dans notre cas, ils peuvent voir un super bel article sur un jeu moyen ou mauvais, ils vont se laisser convaincre, l’acheter et ils verront que ce n’est pas si idyllique. Bien des « influenceurs » (je hais ce mot – ça regroupe les youtubeurs, streameurs et tous ceux qui sont sur Instagram, Twitter et co) ont été utilisés (et sont utilisés) pour promouvoir des jeux, simplement à cause de l’influence (d’où le nom) qu’ils ont sur une communauté. Le seul avantage ici, c’est qu’on risque d’acheter un jeu de merde survendu par quelqu’un qui n’y connaît pas grand-chose, contrairement au monde des cosmétiques dans lequel les victimes ont plus de chances d’avoir des problèmes de peau graves par exemple.


En quelques mots, pour Oni c’est quoi le mieux ?
Il n’y a pas de meilleure solution et chaque site est à-même d’en appliquer une ou d’en mixer plusieurs. A mes yeux, j’ai toujours pensé qu’un peu de publicité pas intrusive restait une bonne alternative pour proposer un site entièrement gratuit au plus grand nombre. Maintenant, après près de treize ans à travailler sur un site, je me dis que ce n’est plus la solution qui convient. D’un autre côté, je me vois mal bloquer une partie du site pour imposer un abonnement ou un micro-paiement, simplement parce que je suis un amateur qui fait ça par passion. Je suis gêné de lancer une cagnotte ou de faire un appel aux dons, parce que je suis toujours dans cette optique de proposer du contenu gratuit et que je sais que ce sont ceux qui désactivent leur Adblock qui aideront. Or, même s’il s’agit d’un don, dès lors que quelqu’un met de l’argent, il paie pour quelque chose, en l’occurrence pour avoir du contenu. Je ne me vois pas non plus faire du contenu sponsorisé, parce que je fais ça par passion, de manière totalement indépendante et que je suis incapable de dire du bien d’un jeu que je trouve mauvais. Par conscience, quand je parle d’un jeu, c’est ce que j’en pense. Pareil quand je parle de portages, de remasters, de season pass et de toutes les dérives du milieu.

Mon indépendance, c’est ce qui me permet d’être honnête avec moi-même et surtout de rester entier par rapport à mes idées et mes conceptions. Je ne dis pas par contre qu’elles n’ont pas évolué avec l’âge, au contraire, je me suis assoupli sur certains points. Enfin, je ne me vois pas rabâcher chaque jour qu’il faut désactiver le bloqueur. Même si un script peut le faire pour moi, je trouve que ça gâche tout et que la passion passe au second plan, derrière l’aspect business. Alors c’est vrai, ce n’est pas mon métier principal, c’est une activité que je fais bénévolement, tout comme les autres rédacteurs/testeurs du site (même si nous recevons des jeux gratuits, quelques goodies et parfois d’autres avantages comme des invitations), du coup ce que je cherche surtout, c’est un moyen de financer les frais de base du site (serveurs, noms de domaine, frais postaux), voire d’avoir du surplus pour pouvoir acheter du contenu pour des enchères/concours, pour avoir des moyens pour certains dossiers de fond, pour acheter des jeux qu’on ne reçoit pas, etc. De fait, je n’ai pas de meilleure solution mais si j’ai écrit cette pensée d’Oni, c’est pour avoir vos ressentis. Parce que dans le fond, Xbox Gamer continue à exister grâce à vous et que je veux mettre en place un système qui convienne (donc remplacer/compléter le système des pubs actuel qui ne suffit pas), pas un système qui apporte des contraintes ou qui viendrait nuire à notre indépendance, sans compter que nous n’avons pas les moyens financiers pour faire plus que ce que l’on fait à l’heure actuelle. Alors, pourquoi en parler maintenant ? Simplement parce que nous préparons une nouvelle version, plus moderne, plus « responsive » et que nous anticipons la question de la publicité avant de finir cette nouvelle version !

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