Après les Batman de Rocksteady Studios, heureux et très talentueux sera le studio qui pourra rivaliser avec leur saga des Batman Arkham. Justement, après avoir fourni la saga Resistance et les Ratchet and Clank pendant de nombreuses années sur les consoles de Sony, puis Sunset Overdrive en exclusivité sur Xbox One (jeu plutôt réussi n’ayant pas eu le succès commercial escompté), Insomniac Games rempile avec un jeu Spiderman, en exclusivité sur PS4. Digne héritier spirituel de la saga Batman ou énième titre à licence surfant sur la vague des films Marvel en vogue depuis quelques années ? Réponse, garantie 100% sans spoiler !
Une progression bienvenue
Par où commencer, là est la réelle question. Il nous faudrait sûrement des dizaines de pages afin de détailler tout ce que propose le titre. Mais commençons par le commencement. Celui-ci propose finalement très rapidement de se mettre dans le bain, pas de long tutoriel lent et peu intéressant, l’histoire démarre sur les chapeaux de roues avec une vraie grosse mission principale (le tutoriel se fond très simplement dans les actions de cette première mission et les conseils sont distillés au fur et à mesure). Nous ne vous gâcherons évidemment pas la surprise de l’histoire et du scénario, qui se veut par ailleurs canon dans l’univers de Disney/Marvel (le MCU), en vous précisant que de nombreux personnages de l’univers de Spiderman sont représentés ici et ont un rôle plus ou moins important. Il faut l’avouer, il y a quelques surprises au casting pour les non-initiés à l’univers Marvel et plus particulièrement à celui de Spiderman. Mais ne vous y trompez pas, le casting est plutôt bien mis en valeur et chaque personnage a un rôle à jouer au fur et à mesure des missions principales et de quelques missions annexes… Surtout que la mise en scène est réussie et propose souvent un spectacle impressionnant, mélange de phases de jeu et de cinématiques réussies.
Nous avons aussi quelques rebondissements, avec des émotions fortes lors de certains passages... Dommage que certains personnages soient un peu en retrait ou qu’ils ne soient pas exploités à leur maximum. Tout de suite, l’impression de vitesse dans les rues de New York et le soin apporté aux animations et à cette reconstitution de la ville sautent aux yeux. On prend très rapidement un malin plaisir à presser la touche R2 (pour le balancement), utiliser la course murale, le lancement et virevolter de building en building. Il est possible de passer d’un bout à l’autre de la map sans toucher le sol, de manière plutôt « réaliste » (si tant est qu’un homme araignée soit réaliste). De plus, le titre flatte plutôt bien la rétine, du moins, sur un écran non 4K et une PS4 classique (conditions du test). Le rendu est encore plus bluffant sur une télé 4K avec une PS4 Pro, surtout que certains effets sont réussis, comme les reflets, les couchers de soleil, la pluie ou l’impression de vitesse lors des balancements. Dommage que certains effets le soient moins, comme la fumée ou certaines explosions.
Le moteur physique et les animations sont par contre clairement à la hauteur avec un Spiderman qui grimpe sur le mur en fonction de son environnement (escaliers ou rebords différents), des poubelles, plaques d’égouts et divers objets pouvant être agrippés (via L1 +R1) afin d’être jetés sur les ennemis. Tenez, belle transition nous permettant d’évoquer l’un des points forts évidents du titre : les combos et les nombreux ennemis qui vous feront face. Sans spoiler, vous aurez évidemment affaire à des malfrats (de quelle « origine », nous vous laisserons le soin de le découvrir même si les bandes annonces se sont sûrement chargées de vous spoiler), ainsi que des ennemis plus redoutables et finalement un peu plus variés que ce qu’on imagine. Au même titre qu’un certain Batman Arkham Asylum, vous aurez face à vous des ennemis plus imposants (qu’il faut forcément esquiver et ne pas combattre de face), des ennemis avec bouclier ou matraque électrique, ou insensibles à la toile de l’araignée, et d’autres disposant de jet pack et capables de vous faire mal.
Accroche-toi à la toile, ça décoiffe
Les combats sont ultra dynamiques, les combos sont variés (vous avez même la liste des combos disponibles sur le menu comme pour un jeu de combat), que ce soit au sol, en l’air ou en mode « infiltration ». Avec triangle, vous approchez à l’aide de votre toile un ennemi, que vous frappez avec carré, tandis que l’esquive se fait avec rond (et une jauge indique lorsqu’un coup arrive). Des finish moves sont disponibles (ils dépendent de l’environnement et de votre position) grâce à une jauge de concentration qui grimpe grâce aux combos, à la diversité des coups et à l’absence de dégâts pris. Ils s’activent en pressant rond/triangle ensemble. De bien belles animations s’en suivent. Cette même jauge vous permet aussi de vous soigner ou d’activer les pouvoirs de tenues. L’ensemble se veut très accessible et en même temps (vraiment) très complet ! C’est d’autant plus vrai que certains combats de boss sont encore une fois très bien mis en scène, bien chorégraphiés et très plaisants à jouer. Nous pensons par exemple au premier « boss » du jeu ainsi qu’au boss final qui nous ont marqués. Dommage que dans certaines situations la caméra ne suive pas forcément l’action.
Il est aussi possible (et nécessaire) d’utiliser les nombreux gadgets à disposition. Tous ont une utilité et si le classique lance-toile de Spiderman sera très souvent utilisé (et utile afin de calmer des ennemis armés), vous aurez aussi des bombes de toile, des toiles électriques, pièges de toile, toiles de choc et quelques surprises. Le choix des gadgets se fait via une roue qui ralentit très fortement l’action et qui vous permet de choisir le bon en fonction de la situation. Gadgets que pourrez par ailleurs améliorer via des jetons qui s’obtiennent en réalisant certaines actions. Nous n’oublierons pas de préciser qu’à chaque action réalisée par l’alter-ego de Peter Parker, des points d’expérience sont acquis (plus ou moins importants selon la mission – principale, annexe, crimes, défis, etc.), permettant de glaner des niveaux et donc des points de compétence. Cette compétence aurait cependant pu être plus intéressante s’il n’était pas largement possible de débloquer l’ensemble des compétences avant la fin du titre. Ne pas avoir à faire de choix ne force pas le joueur à étudier les compétences qui se débloquent finalement l’une après l’autre jusqu’au niveau 50. Dommage.
L’élément essentiel à retenir reste la progression que propose le titre sur l’ensemble des éléments, que ce soit sur les missions principales, les compétences, l’amélioration des gadgets, l’apport de nouveaux combos et de nouvelles compétences de tenues, ainsi que la rapidité de balancement ou la résistance aux balles (qui augmentent avec les niveaux). Le tout rend cette progression visible et surtout ô combien réussie. Le titre reste dans l’ensemble un peu trop simple, hormis contre une « variété » d’ennemis, surtout via l’utilisation du sens de l’araignée (joystick droit) qui permet de trouver les missions, crimes et les points d’intérêt, et n’est par ailleurs pas activable. Justement, autre solution plutôt simple permettant d’identifier l’ensemble des missions et points d’intérêt du titre : débloquer les tours de surveillance en réalisant un mini-jeu plutôt simple. Assassin’s Creed et Far Cry font parfois malheureusement des émules, tant l’intérêt de ces missions reste sommaire et rend la recherche de certains éléments beaucoup trop simple (tout est affiché sur la carte).
Et après… ?
Au rayon des activités annexes, il reste encore de quoi faire. Notamment, vous aurez fort à faire avec un personnage mettant au défi Spiderman, qui devra remplir toute une série de… défis avant de pouvoir affronter son bourreau. Quatre types de mission sont proposés via ces défis : infiltration, combat, bombes et drones. Si les deux premiers ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux d’un certain Batman, les deux autres mettent Spiderman à la poursuite d’un drone qu’il faut suivre à la trace afin de marquer des points ou à la recherche de bombes qu’il faut jeter puis faire exploser en l’air. Les points permettent ensuite de récolter des jetons de défis, qui une fois couplés aux différents jetons (de recherche, de crimes, de monuments, de sac à dos) permettent d’améliorer les gadgets ainsi que les mods de tenues. Dommage que les phases d’infiltration (en mission principale ou dans les défis) soient moins réussies que celles de la saga Batman. L’impression de dominer les ennemis, de leur faire peur, n’est pas vraiment présente, mais ces phases restent malgré tout agréables. Il est en effet possible d’éliminer un ennemi discrètement lorsqu’il est proche de nous (le level design des niveaux permettant toujours de se poser sur un lampadaire ou un mur, au même titre que les gargouilles de la chauve-souris) ou de les mettre KO à distance via la touche triangle. Dans la plupart des cas, l’absence de discrétion est fatale et fait recommencer la mission.
Même constat pour les différentes bases des ennemis (quatre types de base ou repaire) qui doivent être entièrement nettoyées (tous les ennemis KO) et qui sont composées en général de six vagues d’ennemis. Il est relativement regrettable de ne pas pouvoir faire ces bases en toute discrétion. Des objectifs complémentaires et secondaires peuvent être remplis afin d’obtenir plus de jetons. Il est clair qu’avec l’ensemble des éléments proposés par le titre, Insomniac Games a souhaité proposer un maximum de variété, avec des missions secondaires plutôt variées, de nombreux objectifs annexes et des collectibles plus intéressants que dans certains titres (ici, les sacs à dos contiennent par exemple des éléments spécifiques de la vie de Spiderman et enclenchent à chaque fois une petite séquence vocale de Peter). Pour terminer sur le contenu, des phases un peu moins intéressantes et malheureusement un peu trop régulières vous demanderont de résoudre certaines énigmes, comme des spectrographes ou des circuits imprimés. L’ensemble est parfois tordu et pas vraiment intéressant, mais surtout beaucoup trop utilisé à notre goût, que ce soit sur l’histoire ou les missions annexes.
Concernant la partie sonore, il s’avère que la VF est de très bonne qualité, avec un doublage réussi et surtout des séquences « Etats de faits » divines (nous vous laissons encore une fois la surprise) qu’il est possible de réécouter à loisir. Les musiques nous ont cependant semblé plutôt discrètes et même si certains thèmes ressortent un peu, de ce côté, c’est plutôt calme.
Si la durée de vie annoncée faisait état de plusieurs heures en ligne droite, nous allons couper court au débat : il nous a fallu précisément 14h30 en ligne droite (modulo quelques sacs à dos et photographies de monument) afin de terminer les différents actes du titre. Environ deux fois plus pour venir à bout des 100% du titre, c’est-à-dire récupérer l’ensemble des collectibles (sacs à dos, photographier les monuments), finir les défis, les missions principales, toutes les missions annexes, les crimes, les bases et repaires, etc. En ligne droite, c’est légèrement décevant, mais ne vous y méprenez pas : les presque 15h restent très réussies et malgré quelques allers-retours au centre FEAST un peu inutiles, vous ne vous ennuierez pas.
On a aimé
On n’a pas aimé
Le casting de premier choix Le contenu plutôt intéressant Les tentatives de variation des missions Le gameplay La ville incroyable Les finitions Les déplacements dans la ville Les animations au top ! La variété des missions Une sensation de liberté grisante Quelques quêtes annexes bien senties Les améliorations et défis Les « Etats de Faits » ! Les tenues et les gadgets Le « bestiaire » Les combats/combos Les petits détails La montée progressive de Spidey Les boss Une version française de qualité
Dans certaines situations, la caméra La durée de vie ligne droite (histoire) Certains personnages en retrait Quelques phases « oubliables » ! Peu de réel challenge en normal Pas de choix sur l’arbre de compétence Le spectrographe et les circuits imprimés ! Le Season Pass et les DLC déjà annoncés…
Une belle réussite basée sur une recette connue…
Oui, ce Spiderman PS4 semble être le digne héritier de la saga Batman Arkham. S’il n’atteint pas leur qualité d’un point de vue ambiance, atmosphère ou ingéniosité, il reste une belle première réussite côté Super-Héros Marvel/DC pour Insomniac Games. La qualité technique et graphique, les sensations qu’il procure, la progression, l’histoire plutôt bien menée et la variété de missions (principales, annexes, collectibles, dialogues, personnage de l’univers Spiderman, etc.) ainsi que la qualité de la finition et le soin apporté aux détails, voilà tout ce qui fait le charme de cet opus. Dommage que la durée de vie en ligne droite soit un peu « courte » (14h environ pour un jeu uniquement solo), que le titre souffre parfois de quelques problèmes de caméra et d’un traitement pas équivalent des personnages. Que vous soyez fan ou non de l’univers, il nous semble évident que ce Spiderman doit faire partie de votre ludothèque. On espère un Spiderman 2 encore plus abouti si une hypothétique suite venait pointer le bout de sa toile...