Quand on commence à parler d’un héros aussi célèbre à travers les âges que Spider-Man, on peut y passer des plombes et noircir des centaines et des centaines de pages, qu’elles soient au format papier ou au format numérique. Pourtant, Jonathan Remoiville, a décidé de s’y attaquer (en partie) au travers d’un livre, publié chez Third Editions, baptisé Qui est le Tisseur ? L’Extraordinaire Peter Parker. La maison d’édition nous ayant envoyé un exemplaire, nous l’avons lu pour vous dire ce que nous en pensons.

Des versions de Spider-Man, il en existe plusieurs. Les néophytes et les plus jeunes peuvent simplement regarder le superbe Spider-Man : New Generation pour entrapercevoir l’étendue de l’univers de l’homme-araignée. Du coup, pour limiter son sujet, comme le titre de l’ouvrage l’indique habilement par le jeu d’une traduction, l’auteur dédie son livre à The Amazing Spider-Man, « l’originel » si on peut dire, celui qui a été créé en 1962 dans l’Amazing Fantasy #15 par Stan Lee et Steve Ditko. D’ailleurs, après un avant-propos qui donne le ton en indiquant que le livre parle du Spider-Man de la Terre-616 et plus précisément de Peter Parker, on découvre un premier chapitre qui revient sur la création de l’Amazing Fantasy #15, Jonathan Remoiville tenant absolument, et ce à juste titre, à donner le crédit qu’il mérite à Steve Ditko, dessinateur de talent qui a permis à Spider-Man de prendre son envol. Il n’oublie pas de parler de Stan Lee, l’homme le plus célèbre de l’univers Marvel qui nous a quittés il y a pratiquement un an. Après avoir abordé la création de ce nouveau super-héros, avec toutes les problématiques liées à l’époque de sa création, il poursuit avec un deuxième chapitre se focalisant sur le run de Lee et Ditko, celui qui a permis d’imposer le personnage auprès de nombreux lecteurs, jusqu’à lui offrir son propre magazine. Il aborde tous les développements du personnage, que ce soit au niveau de Peter Parker ou du monte-en-l’air. Le chapitre se conclut sur la séparation du duo.

Le troisième chapitre revient sur The Amazing Spider-Man dans son ensemble ou, comme le dit l’auteur, sur le Spider-Man Classique. Il est fortement lié aux deux chapitres suivants, donc le quatrième et le cinquième, puisque Jonathan Remoiville parle du développement de Peter Parker et de celui de son alter-ego par l’intermédiaire des arcs qui ont été développés par d’autres auteurs. Il y décrit dans les grandes lignes les moments forts de l’histoire de notre homme-araignée, que ce soit les années Fac de Peter, ses relations sociales et amoureuses ou encore les affrontements avec certains super-vilains. Nous n’allons pas rentrer dans le détail (pour éviter tout spoiler déjà à ceux qui ne connaîtraient pas bien l’univers) mais disons que cela permet de bien dissocier Peter Parker de Spider-Man et, si vous n’avez pas suivi tous les comics, de combler quelques trous culturels. Bien entendu, à l’heure des adaptations massives, l’auteur se devait de réserver son sixième chapitre aux adaptations, de la série animée de 1967 aux derniers films avec Tom Holland, en passant par toutes les autres séries et films produits, dont son intégration au MCU, sans parler des jeux vidéo, que ce soient ceux de Beenox ou le dernier d’Insomniac Games pour parler des plus récents.

Le septième et dernier chapitre va plus loin en abordant la mythologie du tisseur. Derrière ce terme se cache en fait un questionnement de l’auteur par rapport à l’impact culturel du personnage, par rapport à sa philosophie liée à cette fameuse phrase : « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Il va même a étonnamment explorer la piste du héros Kantien et celle du développement à la façon des héros de nekketsu (un type particulier de mangas dont nous vous avions parlé lors de notre avis sur Le Mythe Saint Seiya)… Jusqu’à la question finale offrant une véritable réflexion quant à savoir si finalement Peter Parker n’est pas plus important que Spider-Man.

Le développement des chapitres est cohérent et Jonathan Remoiville écrit plutôt bien. Du coup, le livre se lit assez facilement. Personnellement, connaissant bien l’univers de la licence, c’est forcément le dernier chapitre qui m’a intéressé, celui qui permet d’aller au-delà de la simple énumération des faits des arcs de la licence avec un décryptage assez rapide. Pour éviter de trop surcharger le livre, plusieurs annotations sont intégrées en bas de page. Un bon point, surtout que l’auteur a parfois tendance à s’éparpiller un poil par rapport au sujet initial, et ce même s’il se raccroche habilement aux branches pour revenir sur le sujet principal. Il y a tout de même quelques petits passages qui auraient pu être enlevés du contenu principal et simplement mis en annotation. De même, il aborde parfois plusieurs fois le même sujet dans des paragraphes différents, comme lorsqu’il aborde l’histoire de Peter et Gwen ou celle entre Spider-Man et le Docteur Octopus dans un certain contexte. A chaque fois, le nouveau propos apporte des précisions ou un point de vue complémentaire mais il se sent obligé de revenir sur certaines bases qui ont pourtant été posées dans les chapitres précédents. J’y vois sûrement une volonté de vouloir être complet pour d’éventuels lecteurs qui sauteraient des pages mais en tant que lecteur qui a tout lu du début à la fin, j’ai eu l’impression d’avoir quelques redites.

Bien entendu, ces remarques servent à chipoter un peu et n’enlèvent rien à l’incroyable travail de recherche et de synthèse effectué par Jonathan Remoiville. On sent le côté passionné de l’auteur pour le personnage et nul doute que son livre donnera très certainement envie aux plus jeunes et/ou aux néophytes de s’intéresser aux comics et de ne pas se cantonner aux dernières productions télévisuelles. Il faut bien comprendre qu’il s’agit là d’un point de départ qui permettra à certains de découvrir Peter Parker et par extension Spider-Man. Les fins connaisseurs n’apprendront pas grand-chose de plus mais ils pourront toujours, par curiosité, lire le dernier chapitre qui amène quelques pistes de réflexion intéressantes.

Même si tout n’est pas parfait, je ne peux que saluer le travail de Jonathan Remoiville sur cet ouvrage. Il s’est fixé un objectif, celui de présenter Peter Parker et de montrer l’importance que le jeune adolescent (qui évolue par la suite) a dans l’histoire de Spider-Man. Sans la psyché de Peter Parker, Spider-Man aurait-il été aussi intéressant et surtout aurait-il pu traverser aussi bien les âges ? Il remet également à sa juste place le travail de Steve Ditko qui a contribué, avec Stan Lee, à faire du personnage un véritable super-héros. Je dois avouer qu’il a rempli son objectif et qu’il a été suffisamment complet pour aborder tous les aspects du personnage, même les arcs les moins glorieux. Il a réussi en moins de 200 pages à donner l’envie d’aller plus loin et de (re)lire certaines histoires. A titre personnel, en plus de cet ouvrage, je vous conseille, si vous ne connaissez pas bien Spider-Man, de vous procurer Je Suis Spider-Man et Je Suis Stan Lee notamment ou alors à visionner la série Ultimate Spider-Man sur Netflix (pour les origines, les plus curieux peuvent se procurer l’intégrale 1962-1963 de Spider-Man en échange de 35€). Vous pouvez même initier les plus jeunes (je le fais avec mon fils) à l’univers avec les livres Spider-Man de Hachette Jeunesse qui se lisent en cinq minutes et sont conseillés dès 2 ans.

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