Nous ne le savions pas mais nous avons appris que le développeur Jonas Tyroller est également un Youtuber qui fait des vidéos en rapport avec le développement des jeux vidéo. Si nous parlons de lui, c’est parce qu’il a sorti un jeu de plateforme édité par No Gravity Games qui répond au doux nom de Will You Snail?. Attention toutefois, derrière cela se cache un titre vicieux qui met en scène une I.A. diabolique qui ne cherche qu’à faire souffrir les humains et à humilier le joueur. Coup de génie, surtout à l’heure du rituel du débat sur la difficulté des jeux ? C’est ce que nous allons voir. Avant cela, notez que nous avons reçu un code de l’éditeur il y a quelques jours mais, pour des raisons de santé de votre serviteur, le titre n’a été attaqué qu’hier. Après 2H30 de jeu, nous en sommes à la moitié du quatrième des cinq chapitres disponibles. Voici donc notre avis Day One, le jeu sortant ce jour, en attendant notre critique qui arrivera d’ici la fin de la semaine.
Vous allez en baver !
Concrètement, ce n’est pas Squid Game mais le joueur est confronté à Squid, une I.A. qui se prend pour un poulpe. Sa particularité, c’est qu’elle est maléfique, très maléfique. Le scénario ne va pas franchement plus loin à ce niveau mais les répliques de notre poulpe sont bien senties, visant à humilier toujours plus le joueur. En revanche, en parallèle, il est possible d’activer des points d’intérêt au fil de la progression pour profiter d’une histoire parallèle mettant en scène une licorne et un autre personnage. Assez bavards, les dialogues ne manquent pas parfois d’humour et de remarques, liées à l’intelligence artificielle et la théorie de la simulation, mais on ne peut pas dire qu’ils viennent réellement approfondir l’ensemble pour autant.
Malgré l’effort fait à ce niveau, l’intérêt ne réside pas là mais bel et bien dans le gameplay, le cœur du jeu. Les commandes sont extrêmement simples, pour ne pas dire basiques. On se déplace avec le stick gauche et on saute avec la touche A, qui permet également un double saut ou de modifier un peu la hauteur du saut en fonction du déplacement et de la pression. Il y a bien une autre touche qui peut enclencher une autodestruction mais une fois qu’on l’a trouvée, étrangement, on évite d’appuyer dessus. Le but du jeu est tout aussi simple : il faut déplacer notre personnage, en l’occurrence un escargot numérique d’un point A à un point B dans une multitude de tableaux. Chaque tableau est assez court (certains peuvent être parcourus en une poignée de secondes) et il faut en compter une vingtaine par chapitre, en sachant qu’il y a cinq chapitres au total. Bien sûr, il y a également des éléments à récolter, les récompenses, et quelques passages à dénicher pour trouver les tableaux bonus. Le hic, c’est que le point B n’est pas forcément à l’autre bout du tableau, il peut parfois être juste au-dessus du point A (avec un cheminement amenant à parcourir l’ensemble du tableau ou presque), en haut, en bas, avec quelques pièges, comme ce passage contre le troisième boss qui renvoie au menu de sélection des niveaux.
Si le gameplay est ultra simple et accessible, le jeu est loin d’être évident pour autant. Déjà parce que le poulpe maléfique qui s’adresse directement à nous en prenant tout le centre de l’écran prend un malin plaisir à humilier le joueur, ce qui donne rapidement le ton. Le joueur est moqué, rabaissé, incité à abandonner, à tel point que les quatre niveaux de difficulté sont tous « Easy ». Il faut toutefois comprendre que le mode Facile est un mode difficile, quand le mode le plus abordable est le mode « Infiniment Facile ». Cette façon de nommer les difficultés vise déjà à humilier le joueur. Le développeur a poussé le vice plus loin en codant un Succès qui se débloque dès qu’on relance le jeu pour la deuxième fois, comme s’il avait été naturel que nous abandonnions. Il va plus loin encore en mettant en avant des objectifs que l’on ne peut atteindre pour générer encore plus de frustration, un tableau étant clairement dédié à cet effet. Mieux, il y a même quelques tableaux qui offrent un raccourci direct pour éviter les énigmes associées, insultant ainsi l’intelligence du joueur… Ou révélant son côté malin qui le fera alors passer à côte d’une récompense à collecter.
En jeu, Will You Snail? est un jeu de plateforme tout à fait classique de prime abord, voire même simpliste avec sa direction minimaliste à base de formes géométriques et de couleurs flashys pouvant rappeler brièvement un certain Geometry Wars. Ne vous attendez pas à un jeu qui fera tousser votre Xbox One ou Xbox Series, le titre de Jonas Tyroller pourrait très bien être un jeu flash ou mobile. Ne le sous-estimez pas pour autant puisque chaque plateforme, chaque piège est parfaitement étudié. Pics, blocs, poissons, méduses, etc. les dangers arrivent vite et chaque phase de plateforme se transforme en un exercice de rapidité et d’adresse. Tout se joue au millimètre près, que ce soit les sauts entre deux pics, entre les plateformes dont les hauteurs sont millimétrées, pour utiliser un courant marin qui porte notre escargot, etc. Mieux, le gameplay arrive à se renouveler assez vite avec des énigmes demandant de tirer des traits (avec notre bave ?) entre des récepteurs pour faire circuler une énergie jusqu’à relayer tous les points qui peuvent l’être pour ouvrir un mécanisme, ou encore des phases de shoot them up.
Oui, oui, notre escargot à certains moments peut récupérer une petite arme permettant d’envoyer des tirs horizontaux (vers la gauche ou la droite selon notre direction), vers le haut ou, plus rarement, vers le bas. Si ce mécanisme permet de détruire des ennemis (ou des parties d’ennemis), il permet également de remplir des carrés spécifiques qui, une fois pleins, se détachent en se transformant en blocs mortels à esquiver… Mais en se détachant, ils libèrent un passage. Vous en voulez plus ? Il y a également des passages avec un jeu de rythme minimaliste qui demande de s’orienter vers la droite ou la gauche dès qu’une flèche nous arrive dessus ou encore des courses contre un mini poulpe qui demandent d’arriver le premier. Bref, vous l’aurez compris, avec tous les mécanismes cités et l’exigence demandée par le jeu, les morts vont vite s’enchaîner, à tel point que vous verrez apparaître un petit compteur près du corps de votre personnage s’incrémenter à chaque mort.
C’est là que le jeu devient « intelligent » puisqu’il adapte la difficulté (donc sur une échelle de 1 à 4) en fonction de notre progression. Plus on va vite en passant aisément les tableaux, plus vite on arrive à la difficulté 4 (en gros, il faut une précision chirurgicale et soit avoir de la chance en prime, soit connaître le tableau, en sachant que les pièges s’adaptent…). En effet, le Poulpe apprend de notre jeu et adapte les pièges en conséquence. Ainsi, pour un même tableau, on aura un pic qui sortira du sol à un endroit au premier essai et à un autre au deuxième. Ou alors, on peut avoir un raccourci que l’on emprunte quand un laser disparaît à un moment et se retrouver grillé par ledit laser à la tentative suivante parce que le délai d’activation du laser a été raccourci. Bref, il faut être sur le qui-vive. Bien entendu, après un certain nombre d’essais infructueux, le poulpe moqueur a tout de même l’obligeance de baisser d’un cran la difficulté. Pour être honnête, la difficulté 2/4 demande un peu de doigté mais reste très abordable. La difficulté 3/4 demande plus d’attention mais reste jouable avec plusieurs morts, tandis que la difficulté 4 vous fera vous arracher les cheveux s’il vous en reste sur le caillou. Bien entendu, certaines récompenses ne sont accessibles que dans une difficulté et pas une autre puisque celle-ci joue sur le niveau des pièges mais également sur le level design du niveau.
Autant dire que pour ceux qui cherchent le 100% et les Succès qui vont avec, deux des Succès paraîtront bien difficiles à obtenir, à savoir finir tous les niveaux dans la difficulté maximale et terminer le jeu sans aucune mort. Cela étant, le développeur n’a pas été complètement vache et a intégré quelques options bienvenues, comme la possibilité de désactiver l’ajustement automatique de la difficulté, la possibilité de jouer en mode Exploration, la possibilité de varier la vitesse du jeu et de fixer ou non la hauteur du saut ou encore celle de régler les fonctionnalités liées à la manette, comme la zone morte du joystick ou encore les vibrations qui sont perturbantes lors d’un tableau notamment. Enfin, il a également pensé aux speedrunners en ajoutant la possibilité d’activer un minuteur de jeu, un minuteur pour chaque chapitre et un minuteur pour chaque niveau. Il y a même un mode Entraînement et la possibilité d’afficher le taux d’images/seconde.
En bref, l’avis de Vincent / onizukadante
Disons-le clairement, Will You Snail? est une belle découverte mais il est clair que beaucoup passeront à côté pour certaines raisons : le titre est affiché à 14,99€ (12,74€ pour le lancement), il propose un rendu minimaliste géométrique à base de lumières clignotantes et il vise un public très particulier qui apprécie la difficulté, voire qui recherche toujours plus de défis, quitte à être humilié à tout moment, jusqu’à se dépasser, dépasser l’I.A. et finir en montrant ses compétences de speedrunner. Il est vrai que le scénario passe vite au second plan, que la visibilité est (volontairement ?) entravée dans certains tableaux et que le gameplay lui-même est archi minimaliste… Pourtant il se renouvelle régulièrement, il offre un défi corsé qui s’adapte aux joueurs, jusqu’à une difficulté 4/4 qui demande une précision chirurgicale dans l’évitement de chaque piège, dans chaque saut, dans chaque déplacement. Plusieurs tableaux se jouent au millimètre près, ils sont courts et on peut facilement naviguer entre ceux que l’on a déjà parcourus, pour les retenter dans une difficulté plus élevée ou simplement pour aller chercher la récompense associée. Le titre finit vite par être addictif et à l’heure où sont écrites ces lignes, l’envie d’y retourner pour finir le chapitre 4 et enchaîner sur le dernier est grande…