En amateur de RPG, et plus particulièrement de JRPG, la PlayStation première du nom tient une place importante dans mon cœur, tout comme la Super NES d’ailleurs. Squaresoft était un représentant incontournable de l’époque, d’autant plus pour le fan de Final Fantasy que je suis. Comme je n’étais pas foncièrement porté vers l’importation, je suis passé plus jeune à côté de quelques titres pour lesquels j’ai attendu des portages, remasters ou remakes. C’est notamment le cas de Chrono Cross puisque le jeu a vu le jour en 1999 au Japon et en 2000 en Amérique du Nord, manquant hélas le rendez-vous avec l’Europe… Du moins jusqu’à ce mois d’avril 2022 qui est marqué par l’arrivée de Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition. Square Enix nous ayant fourni un code pour la critique, nous tenions à vous en parler. En revanche, comme je n’ai pas encore fini le titre, je préfère vous fournir un avis qui se concentre sur le remaster Xbox One (joué sur Xbox Series X via la rétrocompatibilité) avant de vous fournir dans quelques jours une critique plus complète qui reviendra sur les qualités et défauts du jeu.
Manipulation du temps, et s’ils avaient pris leur temps ?
Avant de parler de Chrono Cross lui-même, il est bon de noter, comme le titre de cette édition l’indique, la présence de Radical Dreamers, une aventure textuelle qui était sortie en 1996 sur Stellaview au Japon, un accessoire qui connectait la Super Famicom en ligne afin de permettre notamment le téléchargement de jeux. Pensée avant tout pour fournir des éléments supplémentaires aux fans de Chrono Trigger, elle a fini par servir de base à Chrono Cross. Le bonus est accessible immédiatement via le menu du jeu et il est localisé en français, ce qui en fait un ajout plutôt sympathique. D’ailleurs, et c’est bien là la grosse force de Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition, la localisation française des textes s’applique également à Chrono Cross. Cela permet donc d’en profiter sans devoir réviser son anglais, d’autant que les traductions sont plutôt soignées, n’enlevant rien à la poésie et à la mélancolie qui se dégagent des textes.
Square Enix a laissé le choix, à déterminer avant de lancer la partie, entre la possibilité de profiter de la version de l’époque ou la version moderne révisée pour l’occasion. Avec la version de l’époque, n’y allons pas par quatre chemins, le confort visuel n’est pas au rendez-vous, surtout lorsqu’on joue sur un téléviseur OLED de 55 pouces. Tout est très pixellisé, assez baveux. Bref, même si c’est loin d’être injouable et que ça garde le charme de l’époque, il est clair que c’est une configuration qui est plus acceptable sur un plus petit écran notamment. Reste alors la version moderne qui reprend à peu près ce qui a pu être fait sur Final Fantasy VIII Remastered pour ne citer que lui. En somme, les développeurs ont revu les modèles 3D des personnages et des ennemis, ce qui permet de profiter de modèles plus nets, plus jolis, plus lisses et plus propres.
Mieux, les illustrations qui accompagnent les dialogues ont été redessinées par Nobuteru Yûki lui-même pour un résultat délicieusement séduisant. Les textes sont également parfaitement nets, ce qui offre un confort de lecture non négligeable, d’autant qu’il y en a pas mal. La remasterisation des musiques de/par Yasunori Mitsuda est également impeccable. Les thèmes sont magnifiques, envoûtants et entêtants. En revanche, les cinématiques en 3D pré-calculée ont été laissées comme telles. Tout est pixellisé, l’affichage en basse définition marque clairement le poids des années et le rendu dépareille avec le minimum de soin apporté au reste, encore plus sur un grand écran.
Quant aux décors en 2D de l’époque, ils ont profité d’un lissage numérique, d’une rehausse de la définition et d’une palette de couleurs un peu plus vive qu’à l’époque. Le résultat est plus détaillé et donne l’impression d’évoluer sur des sortes d’aquarelles mais on ne peut s’empêcher de remarquer quelques textures plus baveuses, des environnements qui ont été moins soignés et plus généralement un lissage qui reste assez grossier. Néanmoins, le rendu est supérieur à ce qui avait été fait sur FFVIII Remastered pour reprendre notre point de comparaison cité plus haut. Modernisation oblige, les développeurs ont également intégré quelques fonctions de confort, comme la possibilité de ralentir ou avancer la vitesse du jeu, un plus qui était réservé à l’époque aux joueurs enchaînant sur un New Game+. Avec cette nouvelle édition, la fonction est disponible dès la première partie.
Ils ont également ajouté une option pour les combats automatiques et une autre pour éviter de déclencher les combats avec les créatures sur la carte que l’on croise. Bref, comme sur de précédents remasters, cela permet de gagner du temps dans la découverte du jeu… Une hérésie pour les puristes (mais rien n’est obligatoire et on peut très bien s’en passer), des options intéressantes pour ceux qui n’ont pas forcément des dizaines d’heures à consacrer au titre (mais qui devront faire attention aux sauvegardes puisqu'on ne peut pas sauvegarder quand on souhaite), d’autant que ce dernier dispose de plusieurs fins et demande de faire preuve de curiosité pour pousser l’exploration. Ce n’est d’ailleurs que cette dernière, au tout début du jeu, qui donnera les clés aux néophytes pour comprendre le système des combats. Ce dernier est assez particulier puisqu’il repose sur des points d’action à attribuer pour chaque attaque, en sachant qu’une attaque à un point d’action a plus de chance de toucher mais fait moins de dégâts qu’une attaque à trois points qui causera plus de dommages mais qui a plus de risques de rater sa cible, même si ce risque diminue en fonction de la réussite des précédentes attaques.
Cela peut paraître complexe sur le papier, encore plus quand on sait qu’il n’y a pas de PM pour les attaques magiques mais en allant voir le bon personnage au début ou après quelques combats, on s’habitue vite au système, on comprend l’importance de l’affinité élémentaire, etc. Il est regrettable toutefois que les développeurs n’aient pas intégré un manuel numérique (la fameuse notice qu’on trouvait dans nos boîtes à l’époque) pour aider les débutants à bien se lancer. Enfin, dernier point et non des moindres, il est regrettable de voir que le frame rate du jeu chancelle pas mal, que ce soit lors de l’exploration ou lors des combats, notamment lorsqu’il y a plusieurs ennemis à l’écran. On retrouve les défauts de l’époque mais sur des machines qui sont largement plus puissantes. Dommage car cela ne fait que renforcer un sentiment de remaster fainéant ou du moins de remaster relativement minimaliste. Heureusement, le tarif fixé n’est pas très élevé (19,99€).
En bref, l’avis de Vincent / onizukadante
Beaucoup espéraient un remake, moi le premier, finalement nous avons le droit à un remaster. Les bons points, c’est que Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition est affiché à 19,99€, qu’il comporte en bonus l’aventure textuelle Radical Dreamers - Le Trésor Interdit - (de son nom complet) et qu’il profite de musiques parfaitement remasterisées, de nouvelles illustrations très appréciables, de modèles 3D refaits, de textes nets et d’une localisation française qui est très agréable. En plus, les options de confort habituelles sont là dès le départ pour ceux qui le souhaitent (modification de la vitesse du jeu, ce qui était un avantage du New Game + à l’époque, combats automatiques ou encore possibilité d’éviter les combats contre les créatures sur la carte). Néanmoins, le tableau est terni par un frame rate chancelant, par des cinématiques qui accusent fortement le poids des années ou encore par un lissage numérique des éléments en 2D qui n’est clairement pas optimal, même s’il offre un rendu plus acceptable grâce à une rehausse de la définition et une retouche de la palette des couleurs. Il est clair qu’il est toujours difficile de critiquer un remaster, car il n’a pas vocation justement à tout refaire comme le remake mais on était en droit d’attendre un peu plus. De fait, ceux qui ont connu le jeu à l’époque grâce à l’import ou l’émulation seront peut-être plus critiques que ceux qui souhaitaient découvrir ce titre et qui en ont désormais l’opportunité à un prix correct, avec un meilleur confort visuel apporté par la version moderne, des options qui permettent de gagner du temps pour ceux qui en ont moins et surtout une localisation française !
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Avis - Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition