En 2021, Microids et le studio lyonnais OSome Studio ont réussi le tour de force de bien adapter l’univers des Schtroumpfs en jeu vidéo. Avec Mission Malfeuille, le duo a offert un jeu de plateforme vraiment sympathique pouvant aussi bien séduire les plus jeunes que les moins jeunes peu exigeants appréciant l’univers de Peyo. Un peu moins de deux ans plus tard, le duo remet le couvert avec Le Prisonnier de la Pierre Verte. Cette suite se justifie-t-elle ? Les nouveautés sont-elles nombreuses ? C’est ce que nous allons voir avec cette critique basée sur une version numérique fournie par l’éditeur.
Les Schtroumpfs : Mission Malfeuille n’était pas un canon de beauté mais il offrait une direction artistique agréable et un rendu appréciable. C’était coloré, pas toujours précis dans les modélisations et il y avait des textures datées mais le tout arrivait à séduire les jeunes et les moins jeunes, sans parler des cinématiques originales qui contaient l’histoire de belle façon. Avec Les Schtroumpfs : Le Prisonnier de la Pierre Verte, non seulement le studio de développement n’a rien amélioré mais en plus on ressent une certaine régression. Les quelques jeux de lumière sympathiques du précédent ont ici disparu, les cinématiques sont bien moins inspirées et la mise en scène est beaucoup plus minimaliste. Le Hub du jeu prend la forme d’un petit niveau dans la masure de Gargamel avec des portails à débloquer pour matérialiser les trois mondes à parcourir (et le quatrième du boss final) et les défis à débloquer. Ce n’est pas foncièrement beau, ni même accueillant.
En jeu, on remarque pas mal de retards d’affichage, les textures sont souvent sommaires et les modélisations 3D sont en dents de scie, avec en prime une réutilisation excessive des assets, parfois simplement grimés en version glace ou lave selon le niveau. La bande-son est elle aussi assez passe-partout et marque une petite régression par rapport à celle du précédent. On a comme l’impression que Le Prisonnier de la Pierre Verte pourrait être le brouillon de Mission Malfeuille. C’est dommage parce qu’il souffre surtout de la comparaison avec son aîné. En effet, en soi, le titre reste coloré, les Schtroumpfs sont toujours aussi adorables et les environnements sont plutôt corrects. Fort heureusement, les doublages français (avec des sous-titres dans la langue de Molière également) sont présents. Comme dans le précédent, il y a du très bon et du moins bon. Assurément, vous allez vite finir par détester le Schtroumpf Bêta.
Dans cette suite, nous découvrons trois nouveaux environnements (hors le dernier dédié au boss) que l’on peut associer à une thématique, à savoir la forêt, la glace, la lave (du volcan). Sur le papier, c’est plutôt diversifié. Dans les faits, on retrouve les mêmes zones, les mêmes plateformes, les mêmes murs, les mêmes pierres vertes à détruire, etc. Seul le skin change. Et on retrouve aussi les mêmes zones de glissade. Les niveaux sont assez longs puisqu’il faut compter environ deux heures par univers, chaque univers étant composé de trois niveaux. Imaginez donc que pour le contrôle de temps des plus jeunes, c’est mal barré, et ce même si on peut toujours miser sur des points de sauvegarde fréquents ou sur le Quick Resume pour mettre pause à tout moment et reprendre sa partie plus tard. La petite subtilité, c’est que la difficulté se corse un peu au fil de l’aventure, notamment au niveau des phases de plateforme. Les sauts n’étant pas d’une précision chirurgicale, quelques loupés peuvent subvenir, surtout quand la plateforme de réception est très petite. Pour le reste, le jeu est assez facile dans l’ensemble pour un habitué, et ce même si on monte la difficulté au maximum, tandis que certains passages sont trop compliqués pour un enfant (le fils de quasi 7 ans de votre serviteur a été frustré).
Hélas, ce n’est pas tout, cet opus est résolument plus orienté action avec beaucoup de phases de combat imposées puisqu’il faut se défaire de X ennemis avant de pouvoir continuer à progresser. Souci, le bestiaire est très limité, avec moins d’une dizaine d’ennemis différents qui ne se renouvellent jamais. Et on ne parle pas du boss que l’on affronte à plusieurs reprises avec le même pattern. Le monde final en est même très saoulant. De fait, le sentiment de répétitivité ne cesse de croître tout au long de l’aventure, sans offrir quelques bouffées d’air frais comme pouvez le faire Mission Malfeuille. Et c’est bien dommage parce que le gameplay est loin d’être mauvais. Cette fois, le Schtroumpf Bricoleur a voulu aider le Schtroumpf Cuisinier en développant le Schtroumpfomix, une variante du Vaporisaschtroumpf créée à partir de la pierre verte. Ainsi est née la machine qui permet d’aspirer certaines substances et de lancer des tirs. Oubliez la fonction pour planer, elle n’y est plus, tandis que le dash est intégré de base, tout comme le double saut. On peut même viser ou appeler un deuxième joueur pour profiter d’un deuxième viseur (et non d’un deuxième Schtroumpf).
Dans les faits, les combats sont plutôt bien faits et lorsqu’on fait exploser l’une des substances, on inflige plus de dommages aux ennemis à proximité. Sinon, on peut les aspirer, soit pour recouvrer de la vie, soit pour appliquer un effet magnétique, soit pour un effet collant, soit pour un effet répulsif. Simple mais efficace. Si les substances sont essentielles pour résoudre quelques énigmes simplistes dans le cadre de la progression, on peut aussi tout à fait s’en passer lors des combats, elles permettent juste de les terminer plus vite. Bien entendu, en détruisant tous les cristaux verts que l’on croise, on récolte une ressource qui permet d’améliorer son Schtroumpfomix sur six niveaux (le niveau 7 atteint étant le max), et ce pour la version de base ou pour chacune des trois matières spéciales. Pour l’aventure, on prend le contrôle de quatre Schtroumpfs, à savoir Tempête, Schtroumpf Bêta, Schtroumpf à Lunettes et Schtroumpf Bricoleur. Tous se jouent de la même manière, à l’exception de la capacité signature, améliorable sur trois points en récoltant des gemmes du néant, qui est par nature propre à chacun.
C’est probablement le seul point positif qui se démarque du précédent volet. En définitive, l’aventure se parcourt en sept heures, en ayant récolté 96% des pierres vertes et participé à quelques défis à débloquer en trouvant les portails roses plus ou moins cachés dans les niveaux. Les défis relèvent vite la difficulté, pas forcément au niveau des combats qui n’évoluent pas mais au niveau des temps à battre pour nettoyer la zone. Il faut vraiment exploiter les substances pour aller au plus vite, ce qui n’est pas toujours facile tant les Schtroumpfs ne sont pas des plus vifs côté déplacements. En parlant de portails, notez qu’il y en a également des verts dans les niveaux pour se téléporter d’un endroit à un autre mais la mécanique reste anecdotique tant on a l’impression de simplement avoir un couloir supplémentaire pour justifier une ellipse. Quand c’est au sein d’une arène pour prendre à revers les ennemis, on finit par ne pas s’en servir puisque ces derniers nous foncent majoritairement dessus, sauf s’ils sont sur une plateforme au loin.
On passe rapidement sur l’Histoire puisque celle-ci est assez anecdotique, nous vous laissons donc le soin de la découvrir. Il est vrai que l’avis est assez acéré mais il faut reconnaître qu’après un très sympathique Mission Malfeuille, nous sommes frustrés de voir que Le Prisonnier de la Pierre Verte fait à peu près tout moins bien que le précédent. Faute de temps ? De budget ? Nous n’avons pas la réponse mais il est clair que cette suite souffre avant tout de la comparaison avec le précédent puisque dans les faits Le Prisonnier de la Pierre Verte est loin d’être un mauvais jeu. C’est fonctionnel, c’est coloré, quelques passages ne sont pas adaptés au public cible mais le reste tient la route. Les moins exigeants et les plus jeunes passeront aisément outre la répétitivité, les couacs techniques, les textures sommaires, le manque d’effort sur la mise en scène, la réutilisation incessante de peu d’assets, etc. et profiteront simplement d’incarner quatre Schtroumpfs à tour de rôle, avec un gameplay agréable et une exécution globale très correcte.
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