En février 2023, Warner Bros. Interactive Entertainment a sorti Hogwarts Legacy : L'Héritage de Poudlard. Malgré une recette classique dans le fond, le titre a été un véritable coup de cœur pour bien des fans de la licence (notre critique en témoigne). Certes, l'histoire ne tourne pas autour de Harry Potter mais Avalanche Software, le studio de développement, a su saisir l'essence magique de la saga et surtout proposer un titre visuellement très agréable. Il est clair que pouvoir visiter Poudlard de fond en comble a été un véritable plaisir. Néanmoins, il y avait une frustration marquée : l'absence du Quidditch. Alors que certains espéraient l'avoir en DLC un jour, l'éditeur a préféré commander un projet à part à Unbroken Studios (chapeauté par Portkey Games). Ainsi est né Harry Potter : Champions de Quidditch. Après bien des rencontres et des heures passées à éviter les cognards et attraper le vif d'or, il est l'heure pour nous de vous donner notre verdict sur ce jeu vendu 29,99€.
Ce n'est pas la première fois que les fans de Harry Potter peuvent profiter d'une adaptation vidéoludique du sport des sorciers. Pour rappel, EA Games avait sorti un jeu solo très honnête en 2003 baptisé Harry Potter Quidditch World Cup. Onze ans plus tard, c'est Warner Bros. qui prend le relais. Cette fois, même si une partie solo est disponible, c'est clairement le multijoueur qui est à l'honneur. Toutefois, pour bien débuter l'expérience, il est important de passer par la partie solo. Celle-ci sert de tutorial et permet ainsi de découvrir les quelques subtilités du gameplay. Plus concrètement, elle permet de se lancer dans quatre coupes, à commencer par la locale sur le terrain des Weasley. C'est là que vous allez apprendre les rudiments. En premier lieu, vous allez surtout voir que les développeurs ont pris des libertés avec les règles officielles. Premièrement, l'équipe n'est pas composée de sept joueurs mais de six. Nous perdons un batteur. Deuxièmement, lorsqu'un attrapeur fait son boulot et attrape le Vif d'Or, au lieu de créditer son équipe de 150 points et ainsi de la mener instantanément à la victoire, il ne marque désormais que 30 points. En sachant que dans un match, le Vif d'Or entre deux fois en jeu, l'attrapeur peut aider à marquer jusqu'à 60 points. Nous imaginons que la première concession est une facilité pour pouvoir assurer des rencontres à 3 contre 3 en ligne et que la seconde vise à équilibrer un peu les rencontres pour les faire durer plus longtemps, enlevant au passage toute la tension liée à cette règle.
Ceci étant dit,en solo (mais faut obligatoirement être connecté aux serveurs...), nous pouvons incarner tous les joueurs de notre équipe. Il suffit d'utiliser la croix directionnelle pour passer d'un poursuiveur à un autre (il y en a trois sur le terrain) ou pour changer de rôle, incarnant ainsi le batteur, le gardien ou l'attrapeur, du moins quand le Vif d'Or est sur le terrain pour ce dernier. Clairement, tous les rôles ne se valent pas. On ne va pas vous mentir, celui du gardien n'est clairement pas passionnant. On garde les trois anneaux de son camp et on doit « glisser » de l'un à l'autre pour être sur la trajectoire du Souafle et ainsi éviter le but. On peut également donner un coup de balais pour le renvoyer ou pour étourdir un poursuiveur qui s'approcherait un peu trop. Ensuite, il suffit de le relancer, soit en le dégageant, soit en faisant une passe. Le rôle de l'attrapeur, bien qu'important, est vite lassant. En effet, une fois que le Vif d'Or entre en jeu, on doit le repérer. Commence alors une sorte de courses à obstacles demandant de le suivre en passant au travers d'anneaux magiques dorés. On accélère en utilisant l'énergie à disposition, on appuie sur la gâchette haute gauche pour esquiver les éventuels cognards, on peut donner un coup à l'autre attrapeur... Mais on tente surtout de coller le plus possible au Vif d'Or, d'assurer la glissade au moment de tourner aux abords du terrain, et on continue à le suivre jusqu'à ce qu'il soit possible de l'attraper en appuyant sur la gâchette basse droite. Voilà , on l'attrape, on marque 30 points et on arrête le rôle jusqu'à sa prochaine apparition.
Le batteur est quant à lui un peu plus sympathique puisqu'il vient embêter les adversaires. Il peut notamment invoquer un cognard auquel il va donner un coup de batte pour l'envoyer sur les ennemis. De quoi leur faire baisser leur santé, les étourdir, voir les faire tomber du balai. Enfin, le rôle principal, c'est celui du poursuiveur. Là , il faut attraper le Souafle, foncer vers les anneaux adverses et l'envoyer au travers de l'un d'eux après un lancer. Quelques subtilités sont de la partie comme la possibilité de voler vers l'arrière (applicable aux autres rôles), celle de tacler (pour déstabiliser un adversaire, lui piquer le Souafle, le récupérer s'il est libre ou assurer une interception) ou celle de demander une passe. Bien entendu, on peut également accélérer en utilisant sa réserve d'énergie, esquiver les cognards ou les tacles adverses, voire charger sa frappe. Bien entendu, un coup de RT permet d'assurer une passe vers un autre poursuiveur, celle-ci étant semi-automatisée si on vise bien.
Ce qui paraît un peu complexe au début, est très vite maîtrisé, même au niveau du vol. Malheureusement, en l'absence de véritables stratégies à mettre en place, on touche rapidement les limites du gameplay, simple et efficace au demeurant. On s'amuse bien les premières parties et on prend même plaisir à avancer dans les coupes, battant les autres maisons de Poudlard, infligeant une défaite aux écoles de Beauxbâtons et Durmstrang avant de conquérir le monde avec l'équipe nationale de son cœur (parmi seize disponibles). Cela permet également de se confronter, si on le souhaite, à une I.A. toujours plus poussée. Enfin, on pourrait dire plus ou moins active. Dans les niveaux inférieurs, l'I.A. adverse est plutôt laxiste alors que l'alliée est assez efficace. Dans les niveaux supérieurs, l'I.A. Adverse devient plus agressive même si l'alliée s'en sort bien. Ce qui est certain, c'est que le rôle du gardien sera vite oublié et qu'on y réfléchit à deux fois avant d'endosser celui de l'attrapeur puisque, pendant le parcours d'anneaux, on passe à côté du match. Après les coupes, on peut toujours repartir à l'entraînement ou jouer en match rapide en local mais ce ne sont clairement pas des modes qu'on privilégie. Le cœur de jeu, c'est le multijoueur.
On se tourne donc vers le mode en ligne qui permet de profiter d'un simple matchmaking pour être intégré à des parties à trois contre trois, avec la possibilité d'inviter des amis de sa liste tout de même. Le crossplay est activé, ce qui permet de trouver régulièrement des joueurs, et ce, quel que soit le moment de la journée. En revanche, contrairement au mode solo, on n'incarne plus n'importe quel joueur de l'équipe. En effet, chaque joueur humain a le droit à un double rôle. En somme, tout le monde va incarner un poursuiveur et chacun incarne respectivement en prime le gardien, le batteur et l'attrapeur. À soi de déterminer quand on passe de l'un à l'autre, l'I.A. nous secondant. Cette configuration explique pourquoi le deuxième batteur des règles officielles est passé à la trappe. Techniquement, il faut bien avouer que le mode en ligne tient la route. Toutes nos parties se sont parfaitement déroulées. Avec des amis et un peu de communication, on s'amuse forcément plus. Sans cela, malheureusement, les joueurs sont bien plus individualistes, ce qui retire à l'esprit d'équipe et au fun.
Dans tous les cas, il faut être la première équipe à marquer 100 points ou à avoir le plus de points à la fin du temps imparti. Un but avec le Souafle vaut 10 points et, pour rappel, le Vif d'Or attrapé vaut 30 points (au lieu de 150 normalement). Comme il n'y a rien d'autre que le matchmaking, pour éviter qu'on ne se lasse trop rapidement (on fait vite le tour du jeu), les développeurs ont intégré tout un système de défis et de récompenses. Ainsi, on avance dans une « carrière » en gagnant de l'expérience, ce qui permet de débloquer divers éléments, à l'image des pass saisonniers qu l'on trouve dans bien des jeux multijoueurs. En prime, on obtient plusieurs récompenses différentes qui servent à acheter des éléments sur le marché (dont de nouveaux joueurs) ou encore à améliorer les capacités de ses balais, en plus de points de compétence à attribuer. Ces derniers permettent d'améliorer par exemple la vitesse de déplacement en ayant le Souafle. Que ce soit pour la conduite de ce dernier ou en faveur de l'équipe, il y a quelques compétences à débloquer pour chacun. Plusieurs éléments cosmétiques sont également à débloquer puisqu'un éditeur de personnages est de la partie pour modeler ses joueurs à sa guise, du choix de il/elle/iel à la tenue vestimentaire (aux couleurs d'une maison, de l'école, d'une nation ou autre), en passant par le faciès, les cheveux, la couleur des yeux, etc. C'est suffisant pour les fans même si à la fin on n'a pas toujours des rendus cohérents au sein de l'équipe.
Pour continuer à garder les joueurs actifs, afin de débloquer justement toutes les récompenses, soit directement, soit en ayant les moyens de les prendre sur le marché, les développeurs ont intégré une multitude de défis. Jouer plusieurs matchs, faire des passes décisives, marquer un certain nombre de buts, etc. On retrouve très clairement tout une progression et un système de récompense hérité des jeux-service. C'est malheureux de constater cela sur un titre qui est vendu à une trentaine d'euros et dont le contenu de base est finalement assez chiche. Même au niveau des terrains disponibles, s'il y en a bien onze affichés, il n'y en a en réalité que six différents, les autres étant des variantes de Poudlard et du terrain des Weasley. Dommage parce que les environnements sont plutôt agréables et bien modélisés. Les développeurs ont fait le minimum sur bien des points et cela se ressent aussi au niveau de l'audio. Les commentateurs font le strict minimum syndical avec peu d'implication et les musiques sont des remix à la qualité oscillante.
Heureusement, les visuels s'en sortent mieux. Certes, le studio a opté pour la facilité d'un rendu assez sommaire enrobé d'une touche cartoonesque pour bien faire passer la pilule. Après Hogwarts Legacy, la transition fait mal. Néanmoins, ça reste plutôt sympa à l’œil, du moins pour les personnes qui ne recherchent pas la qualité visuelle du jeu d'aventure cité. Au moins, les personnages phares de l'univers sont plutôt reconnaissables et c'est toujours plaisant de pouvoir les incarner.
On a adoré : Plusieurs rôles avec leurs spécificités Jouer au Quidditch Matchmaking plutôt solide Les bienfaits du crossplay Jouer avec ses amis I.A. agressive au plus haut niveau Pas mal d'éléments à débloquer pour les fans Editeur de personnages plutôt correct Les terrains sont vraiment sympathiques |
On n'a pas aimé : Un contenu plutôt chiche Des règles officielles bafouées Près de 30€ pour un jeu qui a tous les codes d'un free-to-play Gameplay qui montre vite ses limites Pas vraiment de stratégies à mettre en place Action parfois un peu chaotique Jouer le gardien, c'est ennuyant On en fait vite le tour Solo caché derrière la connexion obligatoire |
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