Enemy Front
est le dernier né des studios
CI Games et
CITY Interactive. Un journaliste américain est plongé en pleine Seconde Guerre mondiale, au beau milieu de Varsovie, ravagée par les forces allemandes. Il va donc falloir prendre les armes et aider la résistance polonaise à… résister. Reste à voir si la qualité est au rendez-vous…
Une mascarade, une !
Au premier abord,
Enemy Front
apporte un petit quelque chose d'intéressant, outre le fait que le héros vient tout droit des Etats-Unis d'Amérique. En effet, on aurait pu être en droit d'incarner un résistant polonais, vu que l'histoire se déroule à 95% au sein du pays. Seulement, il est déontologiquement impossible de passer à côté du grand sauveur américain, et c'est bien dommage, un peu de changement ne faisant jamais de mal. Une fois passé outre ce petit détail identitaire, on peut obtenir une vision plus globale du titre. On se rend alors bien vite compte qu'on n’a pas le droit aux petits fours sur le buffet. Le jeu est un condensé de ce qu'il faut éviter aujourd'hui. Pour commencer, la mise en place du scénario est bancale, la narration totalement décousue et les personnages aussi peu attirants les uns que les autres. On est parti dans un petit discours radiophonique en plein milieu des décombres de Varsovie, où notre journaliste brille par son manque total d'entrain et de conviction. On se rend alors compte, d'une part, que notre héros a le charisme d'une huître analphabète, mais qu'en plus les dialogues vont plomber sensiblement l'ambiance, ceux-ci souffrant d'un manque total de crédibilité. Des Polonais qui passent d'un accent de l'est à un accent français, voire british, ce n'est pas banal, mais c'est encore plus triste quand ils passent de l'un à l'autre en plein milieu d'une phrase. Phrase d'ailleurs qui est bien souvent d'une tristesse sans nom.
On pourrait résumer le titre par une simple phrase qui peut tomber sur le “champ de bataille” et qui ne souffre d’aucune ambiguïté : “ Crevez, bande de sales nazis”. Classique n'est-il pas ? Mais efficace… quoique. De plus, la construction du titre est totalement bâclée. Les missions se suivent sans se poursuivre. On passe de Varsovie à la France, pour retourner à Varsovie et se retrouver quelque part là haut dans le froid norvégien, et finalement retourner à Varsovie. Des voyages qui ne sont liés que par de maigres rapports, ce qui casse irrémédiablement le rythme et l'immersion du titre. Et la vitesse à laquelle on avance n'arrange en rien l'expérience, puisque même dans le mode de jeu le plus difficile, courir et tirer sur ce qui bouge s'avère amplement suffisant pour se frayer un chemin. Quelques petites chimères viennent proposer une sombre variation qui n'est en fait qu'un peu de poudre aux yeux. Choisir cette voie ou l'autre, en sachant qu'en revenant, il faudra prendre l'autre de toute façon… Ou avoir le choix entre descendre dérouiller les Allemands à la vraie, ou prendre la position de sniper pour couvrir l'ami… Non ? Le camarade… Non plus ? Bref, le gars avec qui on doit mener la mission à bien. En plus, on vous parlait plus haut d'un journaliste américain, qui manie l'appareil photo comme personne, et qui se retrouve à loger des balles avec un fusil de précision à une équipe de tireurs d'élite formée par le 3ème Reich.
L’exemple : tout ce qu’il ne faut pas faire
On perd en crédibilité au fur et à mesure qu'on avance dans cette aventure abracadabrantesque. Tireur d'élite, espion expert en infiltration, fantassin hors pair, on peut dire que sa formation de journaliste a fait de lui une véritable machine de guerre. La prise en main se veut simple, on peut courir, s'accroupir (et non pas s'allonger malheureusement), glisser après une course, pour aller se cacher derrière un gros caillou, c'est fun mais ça ne sert à rien, puisqu'au niveau de l'infiltration, on ne se balade jamais incognito bien longtemps de toute manière. Que l'on se cache ou que l'on fonce tête baissée, le résultat est sensiblement le même, on se fait repérer bien souvent avant d'avoir tenté quoi que ce soit. L'I.A. doit être équipée d'un radar de zone puisque chaque mouvement dans sa zone de vision, que ce soit à 10 mètres ou à 100 amène inéluctablement au même point, à savoir, alerter toute l'équipe de bras cassés. Et disons-le, les combats sont d'une médiocrité affolante. Il est possible de porter deux armes, plus l'arme de point. Ramasser le premier MP-40 venu suffira à faire un ménage extraordinaire, sans compter sur le fusil de sniper qui sert aussi bien au corps à corps qu'à nettoyer un camp entier à distance sans laisser le temps à quiconque de tenter quoi que ce soit. Les dégâts ne sont pas affolants, et les ennemis ne voudront que venir vous débusquer en courant droit sur vous, voire en diagonale, pour les moins décérébrés. Mais s'ils courent dans un sens, sachez que vous pourrez leur échapper que trop facilement en courant vers eux et en dépassant leur ligne d'intervention (aussi passive soit-elle).
Notez qu'on accumule déjà un bon nombre de tares à ce niveau du test, mais pensez bien qu'on n’en a pas fini. En effet,
Enemy Front
a plus d'un tour dans son sac. En plus d'un scénario à la rue, de personnages fantômes, d’un gameplay à la ramasse et d'absence quasi totale de difficulté, le titre s'orne d'autres caractéristiques encore moins reluisantes. Malgré l’utilisation du CryENGINE 3.0, on arrive à avoir un aliasing de compétition à chaque instant, un clipping extraordinaire, avec des pans entiers d'environnement qui viennent tel un gros coup de marteau sur la tronche s'inviter à la partie... Mais c'est aussi un framerate catastrophique qui fait du mal au mot fluidité. Quant au multijoueur, la question va être très vite réglée. Il est désert, affreusement désert. Déjà de base, il ne propose que trois modes de jeu et quatre cartes, alors on comprend très facilement que cinq jours après sa sortie déjà, les courageux n'étaient plus téméraires au point de pousser l'expérience plus loin. Seulement, malgré cette montagne de défauts, on se heurte à un mur. On arrive quand même à trouver des bonnes idées un peu partout, comme par exemple les temps de chargement dynamiques, qui permettent de patienter en se “ divertissant”, même s’ils sont bien trop longs. On trouve derrière chaque bonne idée, un défaut qui balance. C'est dommage de voir qu'un studio qui n'a probablement pas voulu bâcler le travail, s'en sort quand même plutôt mal. Comme souvent, un développement plus long aurait sûrement aidé à pondre un titre un poil plus attractif.
Point completMême si on part confiant à l'idée de se farcir
Enemy Front au départ, le voile tombe très vite sur la mascarade. Le jeu arrive tout simplement à accumuler une quantité de défauts impressionnante. A vrai dire, on retrouve tous les points négatifs que l’on avait déjà il y a plus d’une dizaine d’années. Il y aurait pu avoir ce petit quelque chose qui aurait pu faire la différence, mais on tombe sur un titre sans grand intérêt qui peine à se faire une place sur l'étagère déjà bien remplie des jeux sur la Seconde Guerre mondiale, sans même parler du marché déjà bien fourni des FPS.
On a adoré :
+ Une idée de départ aguichante
+ Un petit tour à Varsovie
+ Il faut vraiment chercher…
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On n'a pas aimé :
- Un journaliste plus fort qu'une armée
- Un gameplay à la ramasse
- Des dialogues ternes
- Aliasing + clipping + framerate
- IA fatiguée
- L'histoire sous développée
- Un manque de plus ou moins tout |