Inaugurée à la fin de l’année 2002 sur la précédente console de Microsoft, Splinter Cell est aujourd’hui une série qui se porte bien. Très bien même. Ubisoft enchaine depuis les épisodes comme son grand rival Electronic Arts enchaine les jeux de sport, présent à chaque noël dès que possible. Reste que Sam le pêcheur s’attaque pour la première fois à une nouvelle génération de console, ce qui forcément ne fait qu’accroitre l’attente. A tort ou à raison ?
Réussir ou mourir
Il y a des périodes comme ça où l’on croit que tout s’enchaine inlassablement pour le pire. A la NSA, ils ont bien cru perdre l’un de leurs meilleurs agents d’élite. La mort tragique de sa fille, après l’avoir envoyé au bord du gouffre, va pousser Sam Fisher à accepter une mission ô combien délicate : changer de bord. Lui qui a servi Echelon 3 de longues années durant se retrouve, après un séjour au mitard, plongé en plein cœur de la John Brown's Army, une organisation terroriste comme il en existe des centaines aujourd’hui. Découvrir ce que le groupe prépare, et par la même occasion endiguer la menace, seront souvent les demandes de la NSA, tandis que la JBA n’hésitera pas à confier à Sam la responsabilité d’objectifs primaires quant à leur but ultime : purifier les Etats-Unis par le sang.
Là est le cœur de la mise en scène de Splinter Cell : Double Agent. Constamment tiraillé entre son devoir d’agent au service de la grande Amérique et celui d’une infiltration réussie qui, à terme, permettrait de nettoyer complètement un groupe sous-terrain aussi puissant que dangereux, le joueur doit faire des choix cornéliens. Pour pimenter encore plus une sauce déjà bien appréciable, les développeurs ont mis en place un système de confiance. Deux jauges, représentant le crédit accordé par la JBA et par la NSA, sont présentes tout au long de l’aventure. Le meilleur moyen de gagner la confiance d’un tiers est quoi qu’il arrive de remplir les objectifs demandés. Néanmoins, lorsque les objectifs sont aux antipodes ou très risqués (pour sa couverture ou son image auprès de la NSA), c’est plusieurs informations, et même des vies qu’il faut sacrifier. Une situation que l’on retrouve aussi bien dans les missions que dans les interludes se déroulant au QG de la JBA. Il faut par exemple choisir entre laisser une explosion se produire ou l’empêcher en allant saboter du matériel des quartiers interdits du QG. Evidemment, les jauges sont les mêmes tout au long de l’aventure et la mise à zéro de l’une des deux entraine immédiatement un Game Over.
Pour autant, il est aussi bien possible de la jouer agent secret que, dans une certaine mesure, traitre. Double Agent offre d’ailleurs trois fins alternatives, augmentant indéniablement l’intérêt. Le scénario solo se termine en une douzaine d’heures mais propose de ce fait une vraie replay value. Sans oublier qu’un tableau riche en statistiques est tenu tout au long du jeu. Nombre d’alarmes déclenchées, de gardes assommés, de civils tués, et de nombreux autres points viennent attribuer au joueur un score de discrétion que tout bon gamer cherchera constamment à améliorer.
Hollow Man
Agent Double ou pas, Sam reste un agent entrainé pour l’infiltration. Seul contre tous, ou presque, le joueur doit donc la jouer le plus finement du monde. La recette de Splinter Cell est la même depuis le premier opus, être au maximum discret. Rester dans l’ombre, se faufiler dans le dos des gardes, cacher les corps des ennemis assommés ou tués, le quotidien de notre héro est toujours aussi varié. Les systèmes de crochetage de serrures ou de piratage d’un ordinateur restent dans la continuité de ce que l’on connaissait. Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Là où finalement les développeurs ont réussi à mettre les petits plats dans les grands tout en se renouvelant concerne le level design, définitivement au service de la non-linéarité. Pour la première fois dans un Splinter Cell le joueur est plongé à plusieurs reprises dans des niveaux ouverts, avec une liste d’objectifs à accomplir comme bon lui semble.
En revanche, pour ce qui est des mouvements Sam reste toujours autant contraignant. Impossible de courir en étant armé, tout comme il n’est pas faisable de ramper quand on le veut. Comme ci cela ne suffisait pas, la caméra à tendance à être trop proche de l’amis Sam et cache quelque peu l’action. Forcément pour un jeu dit next-gen ça fait tache. Alors certes, c’est le propre de la série que de passer par un menu pour les actions se rapportant à l’environnement (se cacher sous un lit, dans un placard, crocheter une serrure) mais un peu plus de souplesse aurait vraiment été la bienvenue. Tout ce qui concerne armement et matériel de haute technologie (gracieusement offert par une NSA confiante envers son cow-boy) s’utilise dans la grande tradition du jeu d’action, la prise en main étant une fois de plus au poil.
L’animation, et plus largement la partie technique du titre ne sont pas en reste en offrant des protagonistes bien vivants et modélisés avec précision. Même si l’on ne se prend pas la claque reçue avec le premier épisode ou avec Chaos Theory sur Xbox, Double Agent est au-dessus. Des environnements plus vastes et plus ouverts, souvent mis en valeur par les conditions météo logiques adéquates (neige en mer d’Okhotsk, pluie à Shanghai lors de la descente en rappel d’un gratte-ciel), viennent renforcer l’homogénéité immersive de l’ensemble et finiront de convaincre les plus difficiles.
Cheval de trois
Si les deux derniers Splinter Cell ne proposaient qu’à quatre joueurs de s’affronter sur le Xbox Live, la grande nouveauté de ce Double Agent est l’arrivée du trois contre trois. Le mode versus, bénéficiaire de cet ajout, oppose une fois encore mercenaires et espions. L’enjeu dans la dizaine de cartes disponibles est pour les espions d’aller hacker des terminaux, tout en passant outre l’opposition de leurs adversaires. Pour parvenir à leurs fins, les espions ont à disposition une montre-terminal qui brouille aussi bien les systèmes électroniques des Upsilons que les lampes. Pour le reste, c’est en grande partie à leur rapidité et à leur souplesse qu’ils doivent de rester en vie. Car les Upsilons ne sont pas les plus mal lotis dans la bataille qui se livre en versus, avec lampe, fusil lance-grenades, détecteur de mouvement et visière anti-électronique.
Si la partie précédente a connu une amélioration certaine, il est malheureux de noter que le coopératif s’est vu rabaissé à un niveau qui n’était pas le siens dans Chaos Theory. Alors que l’on avait auparavant le droit à une succession de niveaux scénarisés, la coopération est ici beaucoup plus simpliste puisqu’il s’agit de jouer les maps du versus contre l’IA. Une intelligence artificielle d’ailleurs en nette progression, à l’image du mode solo où les gardes sont beaucoup plus difficiles à berner et bien meilleurs tireurs. Cela en est même un peu frustrant puisqu’il suffit parfois d’assommer un garde un peu trop en vue pour déclencher l’alarme de gardiens semblant avoir des yeux dans le dos. Mais après tout un peu de fil à retordre ne fait pas de mal pour un titre aussi prenant et réussi.
Point completBien installé, le concept de Splinter Cell est néanmoins très agréablement rafraichi par ce nouvel épisode. A défaut d’être révolutionnaire Double Agent est une très bonne première incursion de la série sur nouvelle génération. Reste que l’on regrette de ne pas prendre la même claque qu’avec le premier Splinter Cell, que le mode coopératif paraisse avoir été intégré à la va-vite, et qu’il y ait encore et toujours un certains manque dans les mouvements dits « libres ». Quoi qu’il en soit, Splinter Cell : Double Agent est une valeur sûre de la Xbox 360 que tous les amateurs d’infiltration peuvent se procurer les yeux bandés.
On a adoré :
+ Le système de confiance
+ Plus de liberté
+ Mise en scène toujours au top
+ Les missions en extérieur |
On n'a pas aimé :
- La coopération en solde
- Certains mouvements bénéficieraient à être libres
- La caméra parfois capricieuse |