Vous incarnez donc Vince, une banale poupée vaudou au look ravageur se complaisant dans l'inactivité et la torpeur d'une chambre boutique d'occultisme. Sa retraite dorée perdure jusqu'au jour où sa créatrice, Madame Chermaine, est kidnappée par l’infâme Kosmos. Mais par manque de chance ou excéder des débilisme, les deux sbires chargés du rapt laissent échapper une quantité importante de poussière de zombies, en tentant d'endiguer les plaintes de la vendeuse extralucide. La petite poupée prend alors vie et se transforme en justicière pour sauver sa créatrice d’un méchant un peu bébête, ainsi que d'une réalité ayant mutée en véritable décors issus des films de Tim Burton.
Mais gri-gri voodoo oblige, les pouvoirs ne taperont pas directement vos ennemis, mais avant tout vous. Pauvre poupée livrée à sa destinée, chaque attaque vaudou aura des effets que sur votre frêle personne qui se répercuteront par la suite aux adversaires. Ainsi, faite vous écraser par un camion issu de nulle part et les monstres aux alentours se verront ratatinés par la puissance du vaudou. De même, plongez dans une baignoire remplie de requins et cette fois-ci vos rivaux seront coupés en deux. L'humour glauque est donc omniprésent et l’on aura de cesse de s'esclaffer devant les malheurs s'abattant sur Vince. Mais cette capacité à retransmettre les chocs ne se cantonne pas à cet état des lieux. En effet, tout le gameplay de Voodoo Vince profite de cette propriété. De fait, vous ne serez pas en permanence obligé de faire appel à vos capacités spéciales, certes présentent en grand nombre, mais relativement limitées. Si un broyeur a été semé dans un niveau, n'hésitez pas à vous y jeter dedans pour économiser votre poussière de zombie, il en va de même pour les boss. Si au passage ceux-ci sont peu charismatiques, la logique est respectée et il faudra découvrir dans chaque arène le mécanisme pouvant vous mettre à mal à fin de terrasser le monstre.
Néanmoins, si le gameplay demeure très innovant, on peut regretter la relative répétitivité de Voodoo Vince. En effet, bien que les niveaux se voient de temps à autre relevés dans leur intérêt par un véhicule à piloter, on se retrouve souvent à faire la même chose une fois le mécanisme du niveau assimilé. On est aussi en droit de déplorer la faible évolutivité des mouvements de Vince. Disposant de toutes ses capacités presque depuis le début du jeu, il n’y a guère qu'une nouvelle action est une capacité inédite à découvrir et à apprécier au fil de l'aventure. Pourtant, Voodoo Vince tient en haleine de par le charisme magistral de son héros, ainsi que son design décalé qui transmet à l'ensemble une ambiance unique.
Les protagonistes rencontrés disposent eux aussi d'un soin tout particulier. Si on ne loue plus le génial charactère design de Vince, on peut noter la modélisation sans faille de certains ennemis tels que les pompes à essence jumelles ou le savant fou issu du crétacé. Toutefois, outre quelques traits bien sentis, on peut être chagriné du manque d'originalité des monstres de bases (diablotins, taupes mutantes, insecte tueurs…). De ce fait, les ennemis n’impressionnent que très peu et l'on aura tôt fait de les expédier pour se concentrer sur l'exploration des niveaux.
Sur son aspect graphique, Voodoo Vince laisse une impression des plus partagée. Si le moteur graphique tient la route en proposant des graphismes très fins dénués de tout aliasing, on peut reprocher une trop grande simplicité de ceux-ci. En effet, qu'on ne s'arrache pas la rétine en parcourant les niveaux, le tout étant d’une platitude déconcertante compte tenu de l'effort d'originalité précédemment cité. Côtés effets spéciaux, le constat est le même. Certes deux ou trois effets sont bien retranscrits (chaleur, flammes), mais cela demeure anecdotique sur l'ensemble de la progression. En bref, on a l'impression que Voodoo Vince a manqué d'ambition voire même de temps. Chose d’ailleurs remarquable sur quelques menus détails mal finis, transgressant l'exactitude du titre. La chose se voit notamment sur la mauvaise gestion de l'ombre de Vince. Si les effets de lumières sont eux parfaitement gérés techniquement, l'ombre ne suit elle que difficilement le mouvement et il ne sera pas rare de la voir évoluer sur les murs, bien loin de votre action en cours. De même, si aucuns bugs de collisions ne sont à déplorer avec le corps même de la petite poupée, la chose s'avère bien différente lorsque notre héros s’empare d'un objet. Celui-ci disparaît alors complètement ou partiellement dans le décor, quand nous avons l'audace de nous en approcher de trop près. Le constat est similaire pour la gestion de la caméra. Si dans la plupart des cas celle-ci suit sans rechigner, les espaces réduits et les couloirs seront pour elle une vraie épreuve. Non qu'elle constitue un des défauts majeurs du jeu, elles ne se placent pas toujours bien selon les actions. Cependant, celle-ci ne s'accroche en aucun cas aux décors et il faudra vraiment aller dans des endroits farfelus pour que vous ne voyiez plus votre personnage. Mais dans tous les cas, la caméra peut-être recadrée manuellement, de façon à ce que tous les joueurs puissent y retrouver leur compte. Techniquement, Voodoo Vince n'est donc pas parfait mais dispose d'atouts non négligeables susceptibles d'êtres ajoutés à la bande son qui est sur le titre de Beep tout simplement irréprochable.
Véritable festival de rythmes entraînant proche de l'ambiance fête de village, les musiques de Voodoo Vince respirent la gaîté et vous feront esquisser nombre de rictus admiratifs. C'est simple, comme nous l'avons si bien titré, la bande musicale vous plongera dans une ambiance de cirque très bon enfant. Côtés dialogues, le constat est tout autant élogieux. Les doublages en anglais font mouche et Vince dispose d'un cynisme renforçant encore un peu plus son caractère de poupées vaudoues rebelles. Les sous-titres français sont admirablement réussis, bien que l'on aurait préféré une localisation totale. Mais ne boudons pas notre plaisir, la bande sonore est comme l'ensemble du titre soignée et entraînante.
Point complet
On a adoré : + Un univers accrocheur + Un principe novateur + Les nombreux pouvoirs Voodoo + Le charisme du héros + Les musiques + Le franc parlé de Vince |
On n'a pas aimé : - Le manque d’effets spéciaux - Les doublages exclusivement en anglais - Un peu trop facile |
Consulter les commentaires | Article publié le 02-11-03 par Goulitch |