A Game of Thrones : démystification dans la saga A Song of Ice and Fire Part 1
Publié le 13.05.2012 à 23:40 par Ordos
Attention l'article de ce blog est un spoiler sur le premier tome (équivalent à la première saison de la série HBO).
A Game of Thrones est un roman écrit par George R.R. Martin en 1996 constituant le premier volume de la saga A Song of Ice and Fire dont le cinquième tome, A Dance with Dragons, est sorti dernièrement. Saga ayant connu un succès populaire l'année dernière, grâce à l'adaptation de la chaîne câblée américaine HBO, il est intéressant de se pencher sur plusieurs originalités de cette saga. En effet si le Trône de fer, son nom français, marque les esprits c'est par son originalité dans un genre qui a tendance à recycler inlassablement Le Seigneur des Anneaux de Tolkien via des poncifs éculés : la fantasy.
La saga de Martin aime prendre à revers tout ce à quoi le lecteur peut s'attendre et nous allons voir quelques exemples via le roman et son adaptation télévisuelle. Dans ce billet, je vous parlerai d'un premier point, important dans toute oeuvre.
Le Héros :
Dès le premier tome un élément marque le lecteur, le protagoniste n'est pas clairement défini. En effet l'auteur multiplie les points de vue, si bien qu'aucun des personnages n'est vraiment mis en avant et le lecteur est amené à voir comment les différents personnages gèrent les conflits qui leurs sont infligés. Dans son adaptation sur petit écran, il était difficile d'appliquer ce système de point de vue et de ce fait le spectateur voit en le personnage d'Eddard Stark, un protagoniste idéal. Ayant une famille stable, des valeurs idéals et un sens de l'honneur sans faille, le personnage incarné par l'excellent Sean Bean tient bon le cap... jusqu'à ce qu'il perde la tête... au sens propre du terme... En effet, à l'épisode 9 (soit un épisode avant le season final) la place du protagoniste est chamboulée car ce dernier vient de rendre son dernier souffle. Les cartes sont redistribuées (la saison 2 a, pour le moment, plus le symptôme du livre à savoir multiplier les points de vue, parfois de manière maladroite).
Un autre personnage est à analyser sur son caractère de héros : Robert Baratheon, le souverain de Westeros au moment où la saga commence. Petit rappel des faits se passant avant le roman.
Westeros a pour suzerain, un roi de la lignée des Targaryen : le Roi Aerys surnommé le fol (the mad King en VO). Paranoïaque et cruel, son règne commence à être remis en question sur quelques uns de ses sujets. Après quelques évènements, Robert Baratheon (jeune, bien bâti, courageux et valeureux) aidé de son meilleur ami Ned Stark, décide de renverser le pouvoir, libérant en même temps la soeur de Ned promise à Robert.
En soit, un résumé d'une oeuvre qu'on a connu 100 fois. Un héros valeureux voulant sauver sa belle d'un souverain sanguinaire dont le pouvoir est remis en question.
Robert réussit sa guerre et gagne la couronne.
Dans bien des oeuvres, ce serait la fin idéale : un nouveau Roi pleins de idéaux, un royaume promit à la paix etc...
Et bien non, dans A Game Of Throne on voit ce qu'il est advenu de Robert bien des années après et le constat n'est pas brillant. Le jeune héros est devenu obèse, alcoolique et incapable de gouverner correctement. Il accumule les dettes, ne sait pas prendre de décisions sensée (toujours dicté par son Conseil restreint) et trouve que le pouvoir est un fardeau. En effet, Robert est un héros mais avant tout un guerrier et un guerrier ne sait pas gouverner et l'auteur l'a bien compris et le démontre tout du long de son roman.
Pour ceux ne connaissant que la série télé, ces détails vous sont donnés petit à petit mais un dialogue entre Cersei, la femme de Robert, et Ned à l'épisode 7 (je crois) démontre totalement cela. De plus Robert à un moment regrette le temps de la guerre, de sa jeunesse perdue où il combattait contre une cause noble selon lui.
Dans A Game of Thrones, le protagoniste n'est pas défini clairement, on navigue entre différents personnages dont les enjeux sont définis et compréhensible. Souvent l'auteur va opposer des personnages sur leurs buts et motivations (Tyrion - Catelyn ou bien Jorah - Eddard) ce qui a pour résultats que le lecteur ne peut pas prendre partie pour l'un ou pour l'autre par moment. De plus, via le personnage de Robert, George Martin démystifie l'image du héros classique et montre qu'un guerrier n'est pas un politique assuré.
Dans la prochaine partie on parlera de la place de l'amour idyllique qu'on retrouve beaucoup dans ce genre, via une "romance" du premier tome...
