Derrière le nom du studio COWCAT se cache un développeur, Fabrice Breton, auquel nous avons eu affaire à plusieurs reprises, celui-ci ayant notamment porté le Xenon Valkyrie+ de Diabolical Mind sur PS Vita, avant de le porter/éditer sur PlayStation 4 et Xbox One, ou encore développé l’excellent point & click Demetrios – The BIG Cynical Adventure dont la critique est disponible à cette adresse. Cette année, c’est une autre production de son cru que nous avons pu découvrir grâce à une version numérique qu’il nous a fournie : BROK the InvestiGator. Cette fois, nous retrouvons un point & click peu ordinaire puisqu’il a une composante beat them up, utilisée aussi bien pour des phases de combat que pour la résolution de certaines énigmes. Un mélange réussi ? C’est ce que nous allons voir !
Il est clair que pour certaines et certains qui aiment les cases bien prédéfinies, il peut être étonnant de voir des développeurs essayer d’associer des genres que tout semble pourtant opposer. Quand le point & click rencontre le beat them up, cela donne BROK (on va garder cette appellation courte pour le reste de la critique), un titre qui peut dérouter mais que Fabrice Breton range dans la nouvelle case du Punch & Click. Avant d’arriver au résultat qui a tourné sur notre Xbox Series X, il faut savoir qu’il y a eu plus de six ans de développement, une campagne Kickstarter et même une démo du prologue sur Steam et GOG. Ceci étant dit, il est l’heure de s’intéresser un peu plus à ce qui vous attend dans le jeu. Comme son nom le sous-entend grâce à un habile jeu de mots, nous incarnons Brok, un crocodile (ou alligator si vous préférez pour le jeu de mots avec Investigator) détective privé. Il évolue dans un monde corrompu dans lequel la pollution peut avoir raison de la population (pauvre) et dans lequel les machines ont allègrement remplacé les Hommes, notamment chez les forces de l’ordre.
Notre croco va rapidement être amené à enquêter sur des Turbo Pills endommagés, des sortes de tubes géants qui permettaient aux habitants des Slums (la banlieue) de récupérer une pilule pour éviter de succomber, tandis que les plus aisés vivent à l’abri sous un dôme protecteur (dans les Drums). Pour donner plus de consistance à l’histoire, notre ancien boxeur gère une relation délicate avec Graff, son beau-fils, et souffre du décès de sa femme (la mère de Graff). Avec ses visuels de dessin animé rappelant les production des années 90, sa direction artistique léchée et ses animations de qualité, BROK a de quoi séduire. Les musiques sont également en adéquation et les doublages anglais sont de bonne facture, des sous-titres français étant présents pour les non-anglophones. Pour une production française, ce choix peut surprendre mais, face aux contraintes de budget d’un petit indé, c’était la meilleure option pour s’assurer une meilleure représentation à l’internationale.
En tout cas, l’enrobage est soigné et c’est très agréable. Les personnages anthropomorphes sont bien faits. Les bots policiers ont moins de charme mais cela ne détonne pas avec la direction artistique. Le seul bémol, c’est que le bestiaire est finalement assez limité. D’ailleurs, tant que nous y sommes, parlons de la partie la plus faible du jeu, à savoir son pan beat them up. Même si c’est parfaitement jouable, avec le coup léger, le coup fort, la garde, qui permet d’esquiver en sautillant quand elle est maintenue avec une direction, la nourriture pour avoir des effets (restauration de la santé, augmentation de la force ou de la défense, voire affection lorsqu’on mange de la nourriture avariée), le coup ascendant, le coup descendant, etc., on reste clairement loin de la qualité des ténors du genre. Avec un bestiaire limité, comme nous le soulignions plus haut, il est clair que c’est la phase de jeu sur laquelle on finit par prendre le moins de plaisir à terme. Le choc ne sera que plus violent si vous sortez d’une session de Streets of Rage 4 par exemple. Cela étant, ne nous faites pas dire ce que nous n’avons pas dit.
Ces phases de jeu ne sont pas mauvaises, loin de là, elles sont même correctement calibrées à une ou deux hitboxes près. Brok bouge plutôt bien, colle des gnons et n’hésite pas à frapper violemment avec son poing ou à balayer les ennemis autour de lui avec sa queue lorsque le coup spécial est activé, quand il n’est pas en transe à enchaîner rapidement certains ennemis. Bien entendu, chaque combat lui permet de glaner un peu d’XP, ce qui à terme octroie un niveau de plus et donc la possibilité d’améliorer au choix sa santé, sa force ou son coup spécial. Aucun n’est à négliger, certains combats étant un peu plus délicats à cause du nombre d’ennemis à l’écran et d’autres parce qu’un ennemi pare quasi toutes les attaques et qu’il faut attendre le bon moment (la fin de son attaque spéciale en général) pour l’enchaîner. A noter qu’il y a trois niveaux de difficulté pour les combats, ce qui permet à chacun d’adapter le défi à son envie, que l’on privilégie l’histoire, que l’on ne soit pas contre une ou deux morts ou que l’on soit obligé de maîtriser la défense pour survivre (ce qui n’en fait pas un survival…).
Outre ce pan beat them up, le jeu est composé d’un pan point & click plus important. Pour le coup, en mode détective, on peut fouiller les environnements en déplaçant notre personnage et utiliser en prime un curseur pour cliquer sur les éléments à examiner. Cela permet de récupérer quelques provisions, des indices, d’utiliser quelques objets (comme une télécommande par exemple qu’il suffit d’associer à Brok via le menu) ou encore des publicités. Ces dernières, en plus d’octroyer un bonus de fin quand on les a toutes collectées, permettent quand on le souhaite de les utiliser afin d’obtenir des indices. Ainsi, si vous êtes bloqué à un moment donné, vous pourrez les utiliser pour savoir comment progresser. A vrai dire, ce n’est pas un mal tant une mini poignée d’énigmes sont tirées par les cheveux. Le reste du temps, c’est plutôt clair et il suffit d’être attentif pour pouvoir progresser. Il n’y a pas forcément de difficulté dès lors que l’on fait bien attention à tout et que l’on fouille chaque recoin, jusqu’à se dire que quelque chose déjà-vu peut cacher autre chose après une autre action…
Et quand il y a besoin, en appuyant sur Y, on peut à tout moment passer en mode beat them up et faire parler les poings pour résoudre des énigmes, soit en détruisant un élément, soit en tapant quelqu’un, soit en explosant un pan de mur, soit simplement en utilisant ce mode pour une petite partie de plateforme. Quelques mini-jeux intégrés aux énigmes sont même de la partie pour apporter un peu de variété. Cet aspect point & click est clairement maîtrisé. Ce qui est agréable, c’est que COWCAT a également intégré un système de choix tout au long de l’aventure. Aider une personne ou non, privilégier son travail ou Graff, choisir une amitié ou une avancée plus aisée, etc., voilà quelques exemples qui auront des répercussions à plus ou moins long terme. Nous pouvons vous le garantir, les conséquences se font sentir, jusque dans les fins du jeu puisqu’il y en a 11 différentes.
D’ailleurs, le développeur a pensé à offrir une sorte de fresque pour voir quels sont les choix qui mènent à une fin différente, soit la canonique, soit les dix alternatives. Mieux, le chapitrage des niveaux permet de rejouer certains pans sans pour autant refaire onze fois le jeu. Ajoutez en prime trois emplacements de sauvegarde manuelle, et vous aurez une bonne combinaison selon votre objectif. Côté durée de vie, nous avons fini notre premier run en 9h37. Une deuxième fin a été obtenue en quelques minutes supplémentaires (car liée au choix de fin), ce qui a permis de visionner une « bonne fin » et la canonique. Comptez donc une dizaine d’heures selon votre objectif, surtout qu’il y a pas mal d’allers-retours à effectuer, plus si vous souhaitez obtenir toutes les pubs (à continuer à chercher) et les autres fins. Et nous ne pouvons que vous y encourager tant le travail réalisé sur le scénario est bon. C’est clairement le gros point coup de cœur avec la direction artistique.
Les dialogues sont bien écrits, certaines phrases sont plutôt fines, ça mélange l’humour et les situations qui misent beaucoup plus sur l’émotion, le tout est parfaitement dosé et les choix ne sont pas toujours évidents à prendre. Nous avons été agréablement surpris par ce scénario qui se déroule sans qu’on ne voit le temps passer, par toutes ces phrases qui critiquent notre société actuelle, par ces animaux anthropomorphes plus humains que certains de nos congénères, par le traitement de sujets assez délicats, dont la relation père/(beau-)fils, le remplacement de l’humain par les machines, la pollution, le mépris de certaines classes aisées pour les plus pauvres, etc. C’est remarquable ! Nous avons également apprécié les interrogatoires, des phases de jeu durant lesquelles on se confronte à un ou plusieurs suspects. Avec les indices récupérés plus tôt, on obtient des encarts avec des phrases préétablies qu’il faut combiner (par deux) ou balancer au suspect en question pour le pousser à avouer. Les interrogatoires se font en plusieurs temps, chaque aveu amenant une nouvelle phrase. Petit plus, si vous n’avez pas tous les éléments, parce que vous n’avez pas pris le temps de fouiller ou que vous êtes passé à côté, sachez que vous pouvez interrompre la session, retourner fouiller et ensuite reprendre l’interrogatoire ! Malin, comme ça vous n’êtes pas bloqué.
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